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Chapitre VII. L'entretien authentique de sœur Lucie avec le Père Fuentès


Dans les nouveaux ouvrages sur Fatima, dans la droite ligne de l'imposture du faux 3 ème Secret, on tente désormais par tous les moyens de discréditer le “message” de sœur Lucie donné au Père Fuentès le 26 décembre 1957. Le compte rendu de cet entretien était trop clair pour qu'il ne subisse pas lui aussi une certaine « mise au placard ». C'est ainsi que l'on peut lire désormais :

« La première hypothèse est émise par un père mexicain, Agustin Fuentes. Après avoir parlé à sœur Lucia, il donne, dans son pays, le 22 mai 1958, une conférence à propos du contenu apocalyptique du secret : il affirme que la justice de Dieu va châtier le monde, que beaucoup de nations vont disparaître de la face de la Terre et que les temps de la fin sont proches. Ces déclarations, traduites dans diverses langues, passent de main en main et font naître chez les fidèles des idées alarmistes, à un point tel, que l'année suivante, la hiérarchie de l'Église prend position. Ainsi, le 2 juillet 1959, l'évêque auxiliaire de Coïmbra, Mgr Manuel de Jesus Pereira, rend publique une note dans laquelle sœur Lucia dément toutes les déclarations qui lui ont été attribuées.  »

Lors d'un entretien avec Carlos Evaristo, le 11 octobre 1992, entretien ahurissant comme nous le verrons au prochain chapitre –VIII–, la prétendue sœur Lucie déclare à ce sujet : « Il y a beaucoup de mauvaises interprétations au sujet de Fatima » Question de Carlos Evaristo : « Je crois que le reportage du Père Fuentes en est un exemple. Ai-je raison ? » Réponse : « Oui, bien qu'il y ait toujours eu beaucoup de guerres dans l'histoire du monde dues aux péchés des hommes ; et il y en aura probablement encore d'autres, parce que c'est un cycle. Mais je n'ai parlé d'aucune de ces choses qu'il a propagées comme appartenant au troisième secret… » Carlos Evaristo : – Ce qui est triste, c'est que beaucoup de gens croient que le contenu du secret… Sœur Lucia : « Même après que j'ai apporté un démenti catégorique par l'évêque de Coïmbra et que ma déclaration a été publiée dans la presse. »

Après de telles affirmations publiées dans des livres « grand public » largement diffusés, comment peut-on encore prendre en considération cette conférence pourtant importante du Père Fuentes et en faire état dans des ouvrages sérieux ? Se baser sur ce texte douteux pour argumenter, est-ce bien raisonnable ? Sommes-nous crédibles ? Rome, d'ailleurs, mena une guerre implacable contre ce texte, surtout à partir de l'élection de Jean XXIII, sans doute parce qu'il laissait trop percevoir le véritable contenu du 3 ème Secret ?

Qu'en est-il donc exactement ? Laissons le Père Alonso, expert officiel de Fatima, répondre à cette question et rétablir la vérité bien utilement :

« Le texte du Père Fuentes est plus compliqué et tout d'abord il a fait le tour du monde en mille et mille variantes causant terreur partout. A-t-il, lui, toute la faute ? Quel est le texte original ? Peut-on l'attribuer à Lucie ?

« Ce Père Fuentes, prêtre mexicain, vice-postulateur des causes de béatification des voyants a eu une conversation avec Lucie le 26 décembre 1957 . Retourné au Mexique le 22 mai suivant, il fait une conférence à la maison-mère des Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur et de Notre-Dame de Guadaloupe dans laquelle il leur fait part de cette entrevue. Nous possédons deux textes authentiques de cette conférence, l'un en espagnol, l'autre en anglais. Le premier texte est plus long que le second puisque ce dernier est une traduction abrégée, bien qu'essentiellement identique au premier.

« Nous donnons quelques paragraphes, ceux qui se réfèrent aux communications de Lucie. On commence en parlant d'un message reçu “des lèvres mêmes de la voyante principale” (…). Voici donc ce texte du Père Fuentès [les titres sont de nous] :

« Je veux vous raconter seulement la dernière conversation que j'ai eue avec elle le 26 décembre de l'an passé :

« Nul n'en fait cas »

« Je l'ai rencontrée dans son monastère, très triste, pâle, émaciée. Elle me dit : “Père, la Très sainte Vierge est bien triste, car personne ne fait cas de son Message, ni les bons, ni les mauvais. Les bons continuent leur chemin mais sans faire cas du Message. Les mauvais, ne voyant pas tomber sur eux le châtiment de Dieu continuent leur vie de péché sans se soucier du Message. Croyez-moi, Père, Dieu va châtier le monde et ce sera d'une manière terrible. Le châtiment céleste est imminent.

Le Secret non dévoilé

« Que manque-t-il, Père, pour 1960 et qu'arrivera-t-il alors ? Ce sera bien triste pour tous, nullement réjouissant si auparavant le monde ne prie pas et ne fait pas pénitence. Je ne peux donner d'autres détails puisque c'est encore un secret. Seuls le Saint-Père et Monseigneur l'évêque de Fatima pourraient le savoir de par la volonté de la Très sainte Vierge mais ils n'ont pas voulu pour ne pas être influencés.

« C'est la troisième partie du Message de Notre-Dame qui restera secret jusqu'à cette date de 1960.

La Russie, châtiment de Dieu

« Dites-leur, Père, que la Très sainte-Vierge, plusieurs fois, aussi bien à mes cousins François et Jacinthe qu'à moi-même nous a dit : que beaucoup de nations disparaîtront de la surface de la terre, que la Russie sera l'instrument du châtiment de Dieu pour tout le monde (les nations) si nous n'obtenons pas la conversion de cette pauvre nation. (…)

« La bataille décisive » entre Marie et Satan

La défection des âmes consacrées et des prêtres

« Sœur Lucie me disait aussi : “Père, le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge, et comme il sait ce qui offense le plus Dieu et qui en peu de temps lui fera gagner le plus grand nombre d'âmes, il fait tout pour gagner les âmes consacrées à Dieu, car de cette manière il laisse le champ des âmes désemparé et ainsi s'en emparera plus facilement.

Ce qui sanctifia Jacinthe et François

« Dites-leur aussi que mes cousins François et Jacinthe se sont sacrifiés parce qu'ils ont toujours vu la Très sainte Vierge très triste en toutes ses apparitions. Elle n'a jamais souri avec nous et cette tristesse, cette angoisse que nous remarquions chez Elle, à cause des offenses à Dieu et des châtiments qui menacent les pécheurs nous arrivait à l'âme et nous ne savions qu'imaginer en notre petite imagination enfantine comme moyens pour prier et faire des sacrifices (…).

« L'autre chose qui sanctifia les enfants vint de la vision de l'enfer (…).

La Mission de Sœur Lucie

« Voilà pourquoi, Père, ma mission n'est pas d'indiquer au monde les châtiments matériels qui arriveront certainement si le monde ne prie pas et ne fait pas pénitence. Non. Ma mission est d'indiquer à tous l'imminent danger où nous sommes de perdre notre âme à jamais si nous restons obstinés dans le péché.

L'urgence de la conversion

« Père –me disait encore Lucie– n'attendons pas que vienne de Rome, un appel à la pénitence de la part du Saint-Père pour tout le monde ; n'attendons pas non plus qu'il vienne de nos évêques dans leur diocèse, ni non plus des Congrégations religieuses. Non. Notre-Seigneur a déjà utilisé bien souvent ces moyens et le monde n'en a pas fait cas. Maintenant il faut que chacun de nous commence lui-même sa propre réforme ; il doit sauver non seulement son âme, mais aussi toutes les âmes que Dieu a placées sur son chemin. (…)

Les derniers temps du monde

« Père, la Très sainte Vierge ne m'a pas dit que nous sommes dans les derniers temps du monde, mais Elle me l'a fait voir pour trois motifs : le premier parce qu'Elle m'a dit que le démon est en train de livrer une bataille décisive avec la Vierge et une bataille décisive est une bataille finale où l'on saura de quel côté est la victoire, de quel côté la défaite. Aussi, dès à présent, ou nous sommes à Dieu ou nous sommes au démon ; il n'y a pas de moyen terme.

« Le second parce qu'Elle a dit, aussi bien à mes cousins qu'à moi-même, que Dieu donnait les deux derniers remèdes au monde : le Saint Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, et ceux-ci étant les deux derniers remèdes cela signifie que ce sont les derniers, qu'il n'y en aura pas d'autres.

« Et troisièmement parce que toujours dans les plans de la Divine Providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise auparavant tous les autres recours. Or, quand Il a vu que le monde n'a fait cas d'aucun, alors comme nous dirons dans notre façon imparfaite de penser, Il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, Sa Très Sainte Mère. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n'aurons plus le pardon du Ciel, parce que nous aurons commis un péché que l'Évangile appelle le péché contre l'Esprit-Saint, qui consiste à repousser ouvertement, en toute connaissance et volonté, le salut qu'on nous offre. Souvenons-nous que Jésus-Christ est un bon Fils et qu'Il ne permet pas que nous offensions et méprisions sa Très-Sainte Mère. Nous avons comme témoignage patent l'histoire de plusieurs siècles de l'Église qui par des exemples terribles nous montre comment Notre-Seigneur Jésus-Christ a toujours pris la défense de l'honneur de Sa Mère.

Prière et sacrifice. Le saint Rosaire.

« Deux moyens pour sauver le monde, me disait sœur Lucie : la prière et le sacrifice (…).

« Ensuite le saint Rosaire. Regardez Père, la Très sainte Vierge, en ces derniers temps que nous vivons, a donné une efficacité nouvelle à la récitation du Rosaire. De telle façon qu'il n'y a aucun problème, si difficile soit-il, temporel ou surtout spirituel, se référant à la vie personnelle de chacun de nous ou à la vie familiale, familles du monde ou Communautés religieuses ou bien à la vie des peuples et des nations. Il n'y a aucun problème, dis-je, si difficile soit-il, que nous ne puissions résoudre par la prière du Saint-Rosaire. Avec le Saint Rosaire nous nous sauverons, nous nous sanctifierons, nous consolerons Notre-Seigneur et obtiendrons le salut de beaucoup d'âmes.

La dévotion au Cœur Immaculé de Marie

« Enfin, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, notre Très Sainte Mère, en la considérant comme le siège de la clémence, de la bonté et du pardon, et comme la porte sûre pour entrer au Ciel (…).

Le Père Alonso poursuit son explication :

« Ce sont-là des textes authentiques, que, par un terme impropre, le Père Fuentes a appelé “Message de Lucie“. Ils furent publiés dans leur texte original espagnol et en traduction anglaise avec toutes les garanties d'authenticité et toutes les garanties hiérarchiques, parmi lesquelles figurait celle de Monseigneur l'évêque de Fatima. Malheureusement, les événements postérieurs pervertirent absolument des textes très dignes d'être médités par le peuple chrétien. En passant dans d'autres revues de vulgarisation pieuse, ils furent horriblement transformés et même déformés. Ils sont devenus un texte faux qui n'était plus non seulement de Lucie, mais même du Père Fuentes. Dans les textes divulgués, on y annonçait de la manière la plus grotesque tous les cataclysmes de fin du monde…

« Lorsque ces textes, parcourant le monde ébranlé, arrivent au Portugal, la Curie épiscopale de Coïmbre intervient par une note officielle de forte condamnation :

“Pour tranquilliser tous ceux qui en lisant la documentation de A Voz se sont alarmés, sont restés effrayés par les cataclysmes qui d'après cet article s'abattront sur le monde en 1960 et surtout pour mettre fin à une si tendancieuse campagne de prophétie dont les auteurs, peut-être sans se rendre compte font tomber le ridicule sur eux-mêmes et sur les déclarations de sœur Lucie, la Curie diocésaine de Coïmbre rend publiques les paroles de Lucie comme réponse à des questions qui lui furent posées. Voici ce que répond Lucie :

“Le Père Fuentes s'est entretenu avec moi en tant que postulateur de la cause de béatification des serviteurs de Dieu, Jacinta et Francisco Marto. Nous avons parlé uniquement de choses en relation avec ce sujet. Pour le reste auquel il se réfère, ce n'est ni exact, ni vrai. Ce que je déplore, car je ne comprends pas quel bien on peut faire aux âmes avec des choses qui ne se basent pas sur Dieu qui est la vérité. Je ne sais rien, et par conséquent je ne pouvais rien dire sur de tels châtiments, comme faussement on veut m'attribuer.” »

« Qui avait raison dans cette lamentable affaire : le Père Fuentes, la Curie diocésaine de Coïmbre ou sœur Lucie ? Nous voudrions nous expliquer en donnant notre modeste opinion :

« 1°/ Ce que dit le Père Fuentes dans le texte authentique de sa conférence à la Communauté religieuse mexicaine en décembre 1957 répond certainement dans ce qui est essentiel à ce qu'il a entendu de Lucie pendant sa visite. Car, quoique mêlés de considérations oratoires de la part du prédicateur, quoique arrangés littérairement, ces textes ne disent rien que sœur Lucie n'ait dit dans ses nombreux écrits livrés au public. Peut-être l'erreur consiste-t-elle à avoir présenté ces textes littéralement comme sortant de la bouche de Lucie, expressément et formellement comme un “message d'elle” adressé au monde. La sœur Lucie n'avait certainement pas cette intention.

« 2°/ Le texte authentique, le seul attribuable au Père Fuentes, en justice, à mon opinion, ne contient rien qui ne donne occasion à la note condamnatoire de Coïmbre. Bien au contraire, il renferme une doctrine bien apte à édifier pieusement le peuple chrétien.

« 3°/ La Curie diocésaine de Coïmbre –et à travers elle sœur Lucie– n'a pas distingué entre le texte originel, le seul attribuable au Père Fuentes et cette énorme documentation dont il est ici question. On a ainsi commis une erreur de jugement en confondant tout dans une seule et globale condamnation. »

« Le Père Fuentes était donc accusé publiquement d'avoir inventé lui-même des propos qu'il aurait attribués à sœur Lucie, autrement dit, d'avoir menti effrontément. Au Mexique, les archevêques de Vera Cruz et de Guadalajara, Mgr Manuel Pio Lopez et le cardinal José Garibi y Rivera, prirent sa défense. Cependant, rien n'y fit. Le Père Fuentes fut destitué de ses fonctions et, le 19 mars 1961, le Père Luis Kondor, émigré hongrois, de la Société du Verbe Divin, fut nommé pour le remplacer. (…)

« Nous pouvons donc à sa suite [du Père Alonso], sans crainte de nous tromper, contester l'authenticité de la déclaration de la voyante publiée par la curie épiscopale. Ténébreuse affaire où ce n'est ni Lucie ni le Père Fuentes qui a menti ! Et si la curie épiscopale de Coïmbre a produit cette note mensongère, ce fut probablement pour obéir à un ordre venu de Rome même. Oui, tout s'explique si une autorité romaine a exigé de l'évêque de Coïmbre ce démenti. »

Voilà donc la mise au point très claire du Père Alonso, complétée par le Frère François de Marie des Anges, qu'il est important de faire connaître pour rétablir la vérité des faits face aux nouveaux ouvrages sur Fatima qui vont s'évertuer désormais à discréditer totalement cet important entretien du Père Fuentes, en supprimant par ailleurs du marché toute source authentique de référence critique (le livret du Père Alonso « La vérité sur le Secret de Fatima », qui est le seul à avoir fait une impartiale mise au point à ce sujet, est d'ores et déjà épuisé chez l'éditeur –Téqui– et n'est donc plus disponible !).

Cette mise au point est d'autant plus importante que si les propos de sœur Lucie rapportés –même approximativement– par le Père Fuentes sont authentiques, alors la présentation du cardinal Sodano et la glose du cardinal Ratzinger, dans leur négation du contenu apocalyptique du 3 ème Secret, sont une inversion totale du sens du vrai message.

Lucie explique en substance que Notre-Dame et Son Fils sont affligés par la chute des âmes consacrées qui entraîne celle du monde. Elle ne fait là d'ailleurs que redire ce qui figurait dans les cinglants avertissements du Secret de La Salette en 1846 , et aussi ce qu'elle avait déjà écrit à son confesseur le 1 er décembre 1940 : « Notre-Seigneur se plaint surtout de la vie tiède, indifférente et trop commode de la majeure partie du clergé, des religieux et des religieuses. Il est très petit et très limité le nombre des âmes avec lesquelles Il se rencontre dans le sacrifice et dans la vie intime de l'amour. »

Les cardinaux soutiennent, au contraire, dans leur commentaire, que c'est leur solidité dans la foi face à un monde persécuteur qui conduit les âmes consacrées au Martyre !

C'est radicalement incompatible. Et c'est justement la nécessité de voiler cette incompatibilité qui explique les innombrables bizarreries de la “divulgation” du 26 juin 2000.

Il convient en outre de ne pas oublier un point capital : Qui est responsable des catastrophes annoncées par la sainte Vierge dans le texte du 2 ème Secret ? Pourquoi donc ces guerres, ces martyrs, ces souffrances, ces persécutions ? A t-on bien lu le message à ce sujet ? En tout premier lieu, la cause des malheurs vient certes des « offenses faites à Dieu », autrement dit des péchés, qui vont déclencher la seconde guerre mondiale : «  La guerre va finir. Mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le pontificat de Pie XI en commencera une autre pire encore. Lorsque vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va punir le monde de ses crimes par le moyen de la guerre.. . »

Mais, ajoute aussitôt la sainte Vierge, dans sa grande Miséricorde : «  Pour empêcher cette guerre [méritée par nos péchés], je viendrai demander [au pape Pie XI donc] la consécration de la Russie à mon Cœur immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis [dévotion à répandre par les évêques dans chaque diocèse]. Si on accepte mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix ; sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant [dans un avenir qui nous concerne encore !] des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, diverses nations seront détruites. (…) Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes seront sauvées et on aura la paix… »

Sœur Lucie le rappellera clairement dans une lettre du 19 mars 1939 : « De la pratique de cette dévotion unie à la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, dépendent pour le monde LA PAIX ou LA GUERRE. » Et elle ajoutera le 21 janvier 1940, à propos de la guerre en cours : « Si cet acte de la Consécration de la Russie, par lequel nous sera accordée la paix, n'intervient pas, la guerre cessera seulement lorsque le sang répandu par les martyrs sera suffisant pour apaiser la divine justice. »

La responsabilité de nos malheurs incombe donc à ceux qui n'ont pas voulu accomplir les demandes de la Très Sainte Vierge, à savoir les papes et la hiérarchie en tout premier lieu : ce sont les premiers responsables !

Dès 1929-1930, tout dépendait du Pape. Si la Russie avait été consacrée au Cœur Immaculé de Marie, elle se serait convertie et ni la deuxième Guerre mondiale, ni la foudroyante expansion du communisme ne se seraient produites. Mais comme cela n'a pas été fait, au lieu des promesses, ce sont les châtiments qui commencèrent à se réaliser : effondrement de la monarchie en Espagne en 1931, prélude à la terrible guerre civile de 1936 , organisation en 1931 par Staline d'une immense famine en Ukraine pour détruire la paysannerie qui refusait la collectivisation, etc… « Les bons seront martyrisés » Oui, mais à qui la faute ? Les remèdes étaient donnés par la sainte Vierge mais la « Haute hiérarchie de l'Église » n'en a pas voulu, précisément parce que ces remèdes contrariaient leur politique du moment… La fameuse “Ostpolitik” chère à Pie XI…

« L'accomplissement d'un acte solennel de réparation et de consécration de la Russie par le Pape et tous les évêques du monde ne supposait-il pas d'abord une condamnation formelle, doctrinale, du marxisme-léninisme et une politique ferme, souverainement indépendante à l'égard de la Russie bolchevique ? Or, depuis 1917, le Saint-Siège, à la suite des démocraties occidentales, s'était engagé avec audace, dans une tout autre voie, celle du compromis et de la conciliation, et jusqu'à un point que l'on ne soupçonne guère. (…) Cette politique “d'ouverture à l'Est” menée résolument (…) et qui faisait corps avec l'ensemble de la politique vaticane, fut sûrement l'obstacle majeur à l'accomplissement du grand dessein de Miséricorde révélé à Tuy pour la conversion de la Russie et la paix du monde. »

Ainsi l'expression du 2 ème Secret, « sous le règne de Pie XI », n'est pas seulement une indication chronologique du commencement de la guerre. La Vierge de Fatima nous a surtout révélé ainsi quel était le Pontife qui en porterait, pour sa part, la lourde responsabilité. Le Pape Pie XI a reçu ces deux requêtes de la Consécration de la Russie et de la communion réparatrice, avec la promesse conjointe de conversion de la Russie, dès 1930, puis de nouveau en 1937. La responsabilité du pape qui ne daigna pas y porter intérêt et décida de n'en tenir aucun compte, pas même à l'heure du péril imminent, est certaine.

On en arrive ainsi à la révélation de Rianjo en août 1931 rapportée par Lucie à son évêque : « Fais savoir à mes ministres, étant donné qu'ils suivent l'exemple du Roi de France en retardant l'exécution de ma demande, qu'ils le suivront dans le malheur… » Effectivement, à cause de leur indocilité à la voix du Ciel, les papes –comme il y a deux siècles les derniers Rois de France – attirent le malheur sur eux-mêmes, ainsi que sur l'Église et la chrétienté assaillies de partout par les forces du Mal. Et ces maux se poursuivent plus que jamais de nos jours ! Mais la responsabilité leur en incombe.

Ce point essentiel dans la compréhension du message de Fatima n'est bien-sûr même pas évoqué dans les commentaires et analyses du Vatican, qui se donne la part belle … Or, un tout petit peu d'histoire permet de remettre les pendules à l'heure…


Déclaration de sœur Lucie reproduite dans la note de la Curie épiscopale de Coïmbra du 2 juillet 1959 : « Le Père Fuentes s'est entretenu avec moi en tant que postulateur de la cause de béatification des serviteurs de Dieu, Jacinta et Francisco Marto. Nous avons traité uniquement des choses qui concernent ce sujet. Pour le reste auquel il se réfère, ce n'est ni exact ni vrai. Ce que je déplore, car je ne comprends pas quel bien on peut faire aux âmes avec des choses qui ne se basent pas sur Dieu qui est la vérité. Je ne sais rien, et par conséquent je ne pouvais rien dire sur de tels châtiments, comme faussement il m'a été attribué. »

« Le Secret de Jean-Paul II » par Aura Miguel, 2000, p. 169.

« Fatima, Sœur Lucia témoigne. Le Message authentique » [!] par Carlos Evaristo, Chalet 1999, p. 62-63.

Le Père Fuentes se préparait à devenir le postulateur des causes de béatification de François et de Jacinthe. Le procès diocésain n'étant pas encore achevé, le futur postulateur travaillait aux études préparatoires à l'organisation des procès apostoliques. Ce prêtre était donc sérieux et équilibré et on le voit mal se prêter à inventer des paroles que sœur Lucie n'aurait pas réellement prononcées, au moins quant au sens général.

Il avait déjà rencontré sœur Lucie le 10 août 1955.

Ici, la version anglaise publiée par la revue américaine du P. Ryan, « Fatima Findings », en juin 1959, est plus précise : « Ce qui afflige le Cœur Immaculé de Marie et celui de Jésus, c'est la chute des âmes religieuses et sacerdotales. Le démon sait que les religieux et les prêtres, en manquant à leur belle vocation, entraînent de nombreuses âmes en enfer […]. Le démon veut s'emparer des âmes consacrées ; il essaie de les corrompre pour endormir les autres dans l'impénitence finale. Il emploie toutes les ruses, allant même jusqu'à suggérer de retarder l'entrée dans la vie religieuse. Il en résulte la stérilité de la vie intérieure et la froideur chez les laïques au sujet du renoncement aux plaisirs et de la totale immolation à Dieu. » Cette version fut reprise par le « Messagero del Cuore di Maria », n°8-9, août-septembre 1961, Rome.

Ici, la version anglaise ajoute : « Le démon fait tout ce qu'il peut pour nous distraire et nous enlever le goût de la prière ; nous nous sauverons ou nous nous damnerons ensemble. »

Que le Vatican, pour avoir oser outrager N.D. de Fatima en son 3 ème Secret, se prépare donc à affronter prochainement la Justice de Dieu ! (note de l'auteur).

Mgr Sanchez, archevêque de Vera Cruz, donna l'imprimatur.

« La vérité sur le Secret de Fatima » par le R.P. Alonso, p. 90-96. Téqui, 1979.

« La vérité sur le Secret de Fatima » par le R.P. Alonso, p. 96. Téqui, 1979.

Le Père Kondor qui a succédé au Père Fuentes et qui, depuis 1961, a eu parfois l'occasion de s'entretenir avec sœur Lucie, reconnaît maintenant lui aussi que les propos de la voyante rapportés par le Père Fuentes étaient authentiques. Le 7 août 1990, il déclarait en effet à notre ami, M. David Boyce : « Le Père Fuentes avait été blâmé pour ses indiscrétions. » N'est-il pas significatif que le Père Kondor ait dit : « pour ses indiscrétions » et non pas « pour ses affabulations » ? Cf. “Une enquête à Fatima“, C.R.C. n°268, octobre 1990, p. 9.

« Fatima, joie intime, événement mondial » par le Frère François de Marie des Anges, p. 286-287.

Écho que l'on retrouvera, à quelques années d'intervalle dans le message de Garabandal du 18 juin 1965 : « Beaucoup de cardinaux, d'évêques et de prêtres sont sur le chemin de la perdition, et entraînent beaucoup d'âmes avec eux. »

Et ces avertissements sont graves et nombreux : « Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté. Oui, les prêtres demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes. Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils ! Les péchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le Ciel et appellent la vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes, car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple (…). Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences ; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr. (…) Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l'enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ; ils les aveugleront d'une telle manière qu'à moins d'une grâce particulière ces personnes prendront l'esprit de ces mauvais anges ; plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d'âmes. (…) Malheur aux princes de l'Église qui ne seront occupés qu'à entasser richesses sur richesses, qu'à sauvegarder leur autorité et à dominer avec orgueil ! (…) On verra l'abomination dans les lieux saints ; dans les couvents, les fleurs de l'Église seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des cœurs. (…) Tremblez, terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ et qui au-dedans vous adorez vous-mêmes, tremblez ; car Dieu va vous livrer à son ennemi, parce que les lieux saints sont dans la corruption ; beaucoup de couvents ne sont plus les maisons de Dieu, mais les pâturages d'Asmodée et des siens. (…) Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist. »  

« Toute la vérité sur Fatima, le Secret et l'Église » par le Frère Michel de la sainte Trinité, p. 477.

« La vision de Fatima concerne surtout la lutte des systèmes athées contre l'Église et les chrétiens. Elle décrit l'immense souffrance des témoins de la foi du dernier siècle du deuxième millénaire. C'est un interminable chemin de croix, guidé par les papes du vingtième siècle. » (cardinal Sodano, le 13 mai 2000. Cf. « Le secret de Jean-Paul II » par Aura Miguel, p. 196. Mame-Plon, 2000). Comment concilier d'ailleurs cette déclaration avec celle de Jean XXIII qui, après lecture du 3 ème Secret, déclara : « Cela ne concerne pas les années de mon Pontificat. » (cf. « La vérité sur le Secret de Fatima », p. 106).

Extrait d'une lettre adressée au Père José Aparicio da Silva s.j., rédigée à Tuy le 19 mars 1939, in Père Antonio Maria Martins s.j., Cartas da Irma Lucia , p. 87.

Lucie écrira à Mgr Da Silva le 6 février 1939 que les horreurs de la guerre seraient épargnées au Portugal à cause de la consécration que ses évêques avaient faite au Cœur Immaculé de Marie. Le 13 mai 1938, en effet, cinq cent mille pèlerins avaient entouré les vingt évêques du Portugal présents à la Cova da Iria pour consacrer leur pays au Cœur Immaculé de Marie, tandis que dans toutes les églises du pays des millions de fidèles s'y unissaient par la prière. Et sœur Lucie rappela ce fait à Pie XII dans une lettre du 18 août 1940, insistant de nouveau pour que la Consécration demandée soit enfin réalisée : « La preuve que Dieu nous donne, c'est la protection spéciale du Cœur Immaculé de Marie sur le Portugal, eu égard à la consécration qui lui a été faite. (…) Tout cela nous serait arrivé [la guerre] si nos prélats n'avaient pas répondu aux demandes de notre Bon Dieu et tellement imploré du fond du cœur sa Miséricorde et la Protection du Cœur Immaculé de notre bonne Mère du Ciel… » Sœur Lucie insistera de nouveau, dans une nouvelle lettre du 2 décembre 1940. Hélas, rien n'y fit. La responsabilité des papes est donc immense dans les malheurs qui tombent sur le monde et l'Église depuis 1930 jusqu'à nos jours.

Frère Michel de la sainte Trinité, « Toute la vérité sur Fatima, le Secret et l'Église » (tome 2) p. 351.

Alonso, « Fatima Ante la Esfinge », p. 97. Cf. également « Toute la vérité sur Fatima, le Secret et l'Église » (tome 2) par le Frère Michel, p. 344-350.

Précision importante. La demande de Consécration de la France au Sacré-Cœur fut transmise par sainte Marguerite Marie en 1689 au Roi Louis XIV qui ne réalisa aucune des demandes du Message. Et ce fut le Roi Louis XVI qui devint la victime expiatoire en 1793. Cf. « Le Message de 1689 du Sacré-Cœur à la France » par Pierre Salgas. 3 ème éd. 1982. Si l'on suit la même progression au niveau des Papes, il est à craindre qu'après Pie XII, le dernier Pape à avoir reçu directement la demande du Ciel pour la Consécration de la Russie, le 2 décembre 1940, et qui ne fit rien, ce soit non son successeur immédiat, mais le suivant (Paul VI donc) qui devra être la victime expiatrice pour racheter et expier les négligences de la Papauté, à l'instar de Louis XVI.

C'est tout l'objet du livre « Le Secret de Jean-Paul II » par Aura Miguel (Mame-Plon, 2000). Ce livre, sous une apparence d'objectivité, n'est qu'un mauvais panégyrique de Jean-Paul II, construit sur un énorme mensonge. Il est donc très dangereux pour les catholiques non avertis. Ce qui compte pour l'auteur, ce n'est pas vraiment le Message de Notre-Dame mais la glorification de Jean-Paul II. Il cherche à accréditer une histoire d'amour entre Jean-Paul II et la sainte Vierge, qui aurait permis, grâce à Sa Protection, une évolution heureuse du monde après la [fausse] consécration de 1984. Mais la « débâcle communiste » n'est en réalité qu'un trompe l'œil ! Elle a été programmée par les mondialistes pour donner un visage humain au Léninisme (cf. les déclarations sans équivoque de Gorbatchev) et permettre de construire la Maison Commune, chère également à Jean-Paul II ! Le communisme soviétique n'était qu'un point de départ, pour se transformer en socialisme universel, et ce socialisme qui doit envahir toute la planète n'est autre que le mondialisme antéchristique, nouveau communisme , c'est-à-dire : disparition de l'indépendance des Nations au profit d'un Gouvernement Mondial qui prépare le lit à l'Antéchrist. Nous en sommes arrivés là parce que pas un seul Pape n'a voulu faire la vraie consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie ! Et la mise en scène de Jean-Paul II aboutit à une encore plus grande confusion : une « conversion » en trompe l'œil de la Russie ! Quel malheur pour les âmes, pour l'Église et pour le monde !


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