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Deuxième preuve (première phrase du 3 ème Secret sans suite) )


En 1941, dans son quatrième Mémoire , Sœur Lucie ajoute un élément de grande importance. Elle fait commencer la 3 ème partie du Secret par cette phrase : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc.  »

Ainsi, depuis ce quatrième Mémoire, « connaissons-nous désormais la première phrase de l'ultime Secret. Cet ajout est à coup sûr significatif. Car il est certain que sœur Lucie ne l'a pas inséré là à la légère, mais dans l'intention expresse de laisser transparaître, de manière voilée, le contenu essentiel du troisième Secret. Si bien qu'en 1943, lorsque Mgr da Silva, l'évêque de Leiria, lui eut demandé d'en rédiger le texte et qu'elle rencontrait d'insurmontables difficultés pour obéir à cet ordre, elle déclara un jour que ce n'était pas absolument nécessaire de le faire, “puisque d'une certaine façon, elle l'avait dit.” Sans doute faisait-elle allusion aux dix mots discrètement ajoutés en décembre 1941 au texte du grand Secret, mais si discrètement que presque personne n'y prendra garde. Ils sont pourtant très éclairants dès lors qu'on s'y arrête. »

Le spécialiste officiel de Fatima, de 1966 à 1981, le Père Joaquin Maria Alonso , écrivit à ce sujet : « Ayant ainsi proposé ces critères d'exclusion de tout ce qui ne peut constituer le contenu du reste du secret resté inédit, revenons à présent avec une certaine certitude à d'autres critères plus positifs pour savoir ce qu'il contient. Le premier critère positif et absolument certain consiste –il faut le répéter– dans la phrase qu'emploie Lucie quand elle écrit dans le Quatrième Mémoire en décembre 1941 : “Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi, etc. “ . Ce même texte [le deuxième Secret], Lucie l'avait écrit d'autres fois antérieurement, mais ici seulement il est introduit. Lucie l'a-t-elle fait avec l'intention expresse de laisser apparaître le contenu de la troisième partie et de cette manière de ne se voir jamais obligée de l'écrire ? C'est ce que laisse supposer une certaine phrase de Lucie, se plaignant de ce qu'il n'était pas nécessaire de l'écrire “puisque d'une certaine façon, elle l'avait dit“ . »

Or, cette première phrase essentielle qui ouvre la 3 ème partie du Secret, qui est au futur (donc une prophétie) et qui n'est pas achevée , ne se retrouve plus dans le texte publié par le Vatican, qui n'est d'ailleurs qu'une vision symbolique et où il n'est plus du tout question d'une crise de la Foi ! Même dans l'original manuscrit reproduit dans le document présentant le prétendu 3 ème Secret, cette phrase a soigneusement été dissimulée par le Vatican en note de fin de texte, prétextant qu'elle ne figure que dans le IV ème Mémoire de Sœur Lucie et non dans le III ème . Placée en note, elle ne sera bien-sûr ni commentée ni expliquée par le Vatican. Cette manœuvre vise évidemment à reléguer aux oubliettes cette phrase plus que gênante pour ceux qui se sentent visés…

« Il est clair que si le Vatican avait voulu faire toute la lumière sur la troisième partie du secret, sans rien dissimuler, escamoter ou édulcorer, il aurait publié le manuscrit du IVème Mémoire et non celui du IIIème Mémoire. De plus, le procédé employé par Rome est absolument contraire à la méthode scientifique normale à suivre, en matière historique, dans pareil cas : en effet, lorsqu'on est en présence de plusieurs manuscrits sur un même fait, on doit utiliser, de préférence, celui qui fut le plus récemment rédigé, surtout lorsqu'il contient des rectifications ou ajouts très importants pour le sujet étudié, tout en vérifiant bien sûr, la conformité du sens général de ce manuscrit par rapport au(x) précédent(s). Or, ici, le Vatican a fait tout le contraire dans le but évident de dissimuler ce qui le gêne ! Tout le monde n'a cependant pas été dupe de ce subterfuge : ainsi, le grand journal portugais “Diario de Noticia” a relevé l'anomalie dans un article du mardi 27 juin 2000, en page 22 : “…Ratzinger… n'a cependant pas trouvé d'explication ou de justification pour l'une des affirmations de Lucie, selon laquelle “le Portugal conserverait pour toujours le dogme de la Foi…”  »

Précisons quand même qu'il ne s'agit pas là d'une affirmation de Lucie, comme l'écrit rapidement ce journaliste, mais bien la première phrase du 3 ème Secret donnée par la sainte Vierge elle-même. Or, si la sainte Vierge a commencé cette phrase, laissée inachevée par sœur Lucie dans son manuscrit de 1941, il est de la plus élémentaire logique de s'attendre à ce que la sainte Vierge continue à parler dans la troisième partie, sur ce thème de la Foi, ne serait-ce au moins que pour terminer cette première phrase ! Si au Portugal se conservera la Foi, c'est qu'ailleurs, en toute logique, elle se perdra ?… Or, dans le texte du Vatican, il n'en est rien. Ce thème n'est même pas abordé ! Il est impossible d'harmoniser la vision du prétendu « 3 ème Secret » avec la phrase qui le précède immédiatement et qui en constitue comme l'introduction. Sans sa suite véritable , ce « bout de phrase » vient là sans logique (il n'appartient en effet ni au 2 ème Secret déjà révélé en entier dans le III ème Mémoire de Lucie ni bien-sûr à la prétendue vision du 3 ème Secret), à tel point que le Vatican –conscient de la chose– l'a basculé sans vergogne en note de bas de page, sans explication ni commentaire ! C'est pourtant sur cette phrase inachevée que vient se greffer le vrai 3 ème Secret. Et il est impossible de greffer une vision sur une phrase qui reste à terminer ! Ceci est du domaine de la simple logique et du bon sens. Même un jardinier qui n'a pas fait de hautes études saura comprendre qu'on ne peut pas greffer une pousse d'ortie ou une branche de cerisier sur un rosier !


Cf. « Lucie raconte Fatima, Mémoires de Sœur Lucie ». Voir aussi le fac-similé, où figure cette phrase inachevée, au chapitre I.

Cf. Père Alonso : « La vérité sur le Secret de Fatima », Madrid, 1976, p. 63-64.

Frère Michel de la sainte Trinité « Toute la vérité sur Fatima, le 3 ème Secret » p. 458.

L'expert officiel de Fatima s'est vu interdire, en 1975, la publication de son œuvre critique sur Fatima par Mgr do Amaral, qui a fait endosser sa décision par une commission d'universitaires portugais. L'évêque de Leira a pris cette décision certainement sur les instances du Vatican, qui redoutait sûrement la publication de cette œuvre, car l'un de ses nombreux volumes traitait du troisième Secret et en dévoilait le contenu. Ses 24 volumes de 800 pages sous le titre : « Fatima, textes et études critiques », restent ainsi interdits et cachés dans les archives du Vatican. Depuis le 13 mai 2000, on peut d'ailleurs constater une véritable conspiration du silence sur les études du Père Alonso. Sans doute parce qu'il avait dit l'entière vérité sur le 3 ème Secret, alors que maintenant, on nous en présente une version officielle diamétralement opposée…

« La vérité sur le Secret de Fatima », Téqui, 1979, p. 63.

Sœur Lucie nous indique bien dans son manuscrit du IV ème Mémoire (cf. chap. I) que la phrase n'est pas achevée : elle utilise la locution latine Et cetera (en abrégé “ etc ”) qui signifie, selon le dictionnaire : « Et le reste ». Et cette locution est insérée non après le point final mais avant , signifiant clairement que c'est la phrase elle-même qui n'est pas achevée.

Abbé Fabrice Delestre, «  Bulletin saint Jean Eudes » juin/juillet 2000.


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