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Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

mardi 19 septembre 2006

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

A Ratisbonne, les propos de Ratzinger attisent le « Choc des civilisations » des Néo-conservateurs de G.W. Bush

Les liens occultes entre Ratzinger et Niel Bush, le frère de Georges Bush

Nous recevons cette analyse que nous publions. Faisant le point sur les toutes dernières actualités, celle-ci correspond à ce que nous dénonçons depuis plusieurs mois. Ainsi, qu’il nous soit permis, encore une fois de citer Mgr Gaume : « Le chrétien réfléchi compare les faits avec ce qui est prédit ». Nous ne pouvons donc, puisque l’abbé Ratzinger vient par ses propos d’attiser le « Choc des civilisations », que méditer sur ce passage du Nouveau Testament, qui du reste a été choisi par l’Eglise comme Evangile de la messe de ce jour, en la fête de la Saint Janvier et de ses compagnons martyrs :

    « Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, ses disciples s’approchèrent de lui en particulier, disant : Dites-nous quand ces choses arriveront ? Et quel sera le signe de votre avènement et de la consommation du siècle ? Et Jésus répondant, leur dit : Prenez garde que quelqu’un ne vous séduise ; car beaucoup viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ, et beaucoup seront séduits par eux. Vous entendrez parler de combats et de bruits de combats. N’en soyez point troublés, car il faut que ces choses arrivent ; mais ce n’est pas encore la fin. Car un peuple se soulèvera contre un peuple, un royaume contre un royaume ; et il y aura des pestes et des famines, et des tremblements de terre en divers lieux. Mais toutes ces choses sont les commencements des douleurs. Alors on vous livrera aux tribulations et à la mort, et vous serez en haine à toutes les nations à cause de mon nom. Alors beaucoup se scandaliseront ; ils se trahiront et se haïront les uns les autres. Beaucoup de faux prophètes aussi s’élèveront, et beaucoup seront séduits par eux. Et parce que l’iniquité aura abondé, la charité d’un grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. » Matthieu 24 / 3-13.

Comment également en ce jour anniversaire des apparitions de la Très Sainte Vierge à La Salette, ne pas implorer Notre-Dame pour l’Eglise de son divin Fils, pour l’Eglise éclipsée et lui demander les grâces nécessaires pour continuer et persévérer dans le bon combat.

Abbé Michel Marchiset

 


L’abbé Ratzinger a tenu des propos dont les conséquences viennent attiser le « Choc des civilisations », leitmotiv des Néo-conservateurs américains

De l’huile sur le feu alors que la tension des Etats-Unis avec l’Iran augmente

Une anecdote byzantine aux effets dÉvastateurs

Les propos de l’abbé Ratzinger à Ratisbonne ont eu un impact médiatique mondial en déchaînant les passions dans le monde musulman et en exposant les Chrétiens au Proche-Orient à des représailles.

Il faut distinguer entre une première chose : le fait que l’abbé Ratzinger ait pris la décision de faire une citation d’un auteur médiéval sur les musulmans, alors même que la tension est à son comble au Proche-Orient, un mois après la destruction du Liban Sud et au moment où les forces européennes sous mandat de l’ONU prennent pied dans la région. Et une seconde chose qui est le battage médiatique organisé par les organes d’information sur cette citation faite par Ratzinger.

La lecture intégrale de ce discours de Ratisbonne montre que l’anecdote de l’Empereur byzantin Manuel II Paléologue en 1391 est noyée dans un long discours obscur, typique du jargon moderniste des Urs von Balthazar ou autres « théologiens » de cette mouvance, celle de la « Nouvelle théologie ». Au passage soulignons que ce texte qui se veut « universitaire » et de « haute tenue » est, sur le plan de la clarté et de la rigueur logique, franchement médiocre. Quel contraste avec la précision des textes thomistes et du Magistère catholique des Papes Léon XIII, Saint Pie X ou Pie XII. A ce genre de signe, on comprend bien que Ratzinger ne possède aucunement les grâces d’état d’un souverain Pontife, n’étant rien d’autre que le simple abbé moderniste que nous connaissons, « sacré » en 1977 avec un rite invalide (voir la démonstration de l’invalidité du nouveau rite épicopal de Pontificalis Romani en 1968[1]).

Pour revenir sur l’anecdote citée par Ratzinger, comment ne pas imaginer en regardant la façon dont celle-ci est citée et utilisée, qu’elle ait été introduite par l’abbé d’une façon fort calculée? Son insertion dans un discours prononcé devant un parterre d’universitaires était une manière très habile de proclamer ensuite, une fois le scandale médiatique enclenché, et en paraissant de bonne foi, que l’on s’est mépris sur sa pensée, et qu’il s’agissait pour lui d’un discours développant une réflexion philosophique sans intention polémique. La ruse était imparable, et l’effet certain. Il s’agit là d’une supposition, mais force est de reconnaître qu’elle est vraisemblable.

La gÉopolitique des NÉo-conservateurs amÉricains

Les Néo-conservateurs américains ont promu depuis des années un « remodelage » du Proche-Orient, alors même que des intellectuels des Think tanks mondialiste (Rand Corporation), tel que Samuel Huntington ont théorisé un « choc des civilisations » qui décrit l’affrontement Islam/Occident. Depuis le 11 septembre 2001, les Néo-conservateurs américains (Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Richard Perle, Dick Cheney, etc) de l’équipe de Georges Bush ont préconisé un engagement militaire américain croissant au Moyen-Orient, et ont resserré l’étau contre l’Iran qui semble avoir été leur cible initiale et constante. Après la guerre du Liban qui s’est soldé en août 2006 par l’implication directe, sous de fortes pressions, de la France et de l’Italie, au Moyen-Orient, les Néo-conservateurs ne cessent de durcir le ton aux Etats-Unis, à l’approche des élections de mid-term qui auront lieu aux Etats-Unis en novembre.

Les liens entre l’abbÉ Ratzinger et le clan Bush

Dans un tel contexte, les propos de l’abbé Ratzinger viennent objectivement contribuer à faire monter la pression. Ils incitent aussi les fidèles conciliaires et les traditionalistes à rentrer dans un front commun de « défense de la Chrétienté ». Un tel front est un leurre, et il convient de bien connaître les liens qui peuvent unir l’abbé Ratzinger et le clan Bush. Voici ce qu’écrivait un journaliste le 28 juin 2005 :

« Enfin, en 1999, soit un an avant la première élection de son frère à la présidence américaine, Neil Bush et Jamal Daniel, dont on ne peut pas dire qu’ils aient été jusqu’à présent des figures marquantes du mouvement oecuménique international, créent avec le Cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, une petite fondation oecuménique suisse, la Fondation pour le dialogue et la recherche dans les domaines interreligieux et interculturel.

 Neil Bush

A leurs côtés, sur la liste des membres fondateurs figurent d’éminentes personnalités religieuses telles que le Rabbin René Samuel Sirat, ancien grand rabbin de France, le Prince El Hassan bin Talal de Jordanie, musulman impliqué dans le dialogue interreligieux, le Prince Sadruddin Aga Khan, chef de la branche des Ismaéliens, décédé en 2003, Olivier Fatio, directeur de l’Institut de l’Histoire de la Réforme et le président de la fondation orthodoxe Damaskinos, Gari Vachicouras. A l’heure actuelle, si Neil Bush s’est retiré du conseil de direction de cette fondation, Jamal Daniel y tient un rôle encore très actif. Faut-il voir dans ce rapprochement avec l’une des autorités catholiques les plus conservatrices, ce que l’on pourrait qualifier d’ «alliance objective» ou de «gentlemen agreement» entre conservateurs de tous bords. L’attitude plus que mesurée de l’Eglise catholique envers John Kerry, en 2004, semblerait le prouver. » Renaud FRANCOIS (Texte complet à la suite de cet article important)

Il est très curieux de découvrir ces activités presque occultes de l’abbé Ratzinger. Rappelons, fait sans précédent, la présence des anciens Présidents américains et autres Néo-conservateurs à Rome en avril 2005 pour les obsèques de Wojtyla et ensuite, comme la presse le révéla, les nombreux contacts que Georges Bush et ses conseillers eurent avec les électeurs avant le conclave qui devait élire l’abbé Ratzinger. Ratzinger semble avoir été poussé par les Néo-conservateurs pour leur être un « Pape » conciliant, ouvert à leurs vues.

Obsèques de Wojtyla – Jean-Paul II

Les sirÈnes du « front de la ChrÉtientÉ » envers la FSSPX

Alors que la pression ne cesse de monter, depuis des mois, pour un ralliement de la FSSPX, il est important que ses quatre évêques et ses Supérieurs de District comprennent bien l’action de l’abbé Ratzinger alors que le contexte géopolitique actuel devient de plus en plus tendu sous l’angle du « choc des civilisations ». Et cela d’autant plus que les médias qui influencent les traditionalistes (quotidien Présent, revue Monde et Vie, Radio Courtoisie pour certaines émissions, etc) se font de façon éhontée et irresponsable les relais de la propagande des Néo-conservateurs américains.

Les ex-mutins (dont l’abbé de Tanoüarn, actionnaire principal de Minute) désormais intégrés au sein de l’Eglise conciliaire dans la structure de l’Institut du Bon Pasteur, vont bientôt être happés dans ce mouvement qui va aspirer les forces traditionalistes qui n’auront pas fait l’effort d’étudier et de se documenter sur la Révolution contre l’Eglise. Rappelons à ce sujet l’entrisme que pratiqua il y a seulement deux à trois ans, un Alexandre del Valle très lié au païen Guillaume Faye, au sein de la Tradition catholique, afin d’attiser le conflit Islam/Occident, et avant qu’il ne finisse pour apparaître pour ce qu’il était, c’est-à-dire un agent d’influence destiné à orienter les fidèles. Ce mouvement sera d’autant plus séducteur et trompeur pour certains fidèles qu’il célébrera le « conservateur »[2] Benoît XVI, héraut d’une Chrétienté qui ressuscite ! Nous lisons déjà aujourd’hui dans Le Bulletin d’André Noël, n° 2016 (18 au 24 septembre) ceci : « Face à l’islam oppressant, Benoît XVI sera-t-il le pape de la reconquête ? ». De même sous la plume de Bernard Antony, l’AGRIF se fend aujourd’hui d’un communiqué qui évoque « la remarquable conférence de Benoît XVI à Ratisbonne sur le dialogue des cultures et les violences au nom de la religion. » et qui interpelle le Docteur Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil Français du Culte Musulman. De tels aveuglements de la part de traditionalistes démontrent que le piège du « Choc des civilisations » fonctionne.

La récente université d’été de Civitas, association cléricalement sous l’influence de la FSSPX, a été entièrement consacrée à l’islam. Qui donc a inspiré ce programme ? Encore un abbé Lorans du G.R.E.C. ou un abbé Celier-Sernine-Beaumont-Lupin, hommes du ralliement à la Rome de Ratzinger ? Quoiqu’il en soit, il traduit de manière évidente certaines influences à l’œuvre dans la Tradition.

Il serait dramatique et gravissime que, sous la pression ambiante, la FSSPX s’associe à cette tension Islam/Occident, au nom d’un pseudo « combat pour la Chrétienté », ce qui lui arrivera fatalement si elle rallie l’abbé Ratzinger. Elle se détournerait alors de sa véritable finalité qui n’est autre que la sauvegarde du Sacerdoce catholique sacramentellement valide. Mais justement, en l’entraînant dans la signature d’un accord avec Rome, l’abbé Ratzinger cherche à parvenir à une destruction sacramentelle du Sacerdoce valide que possède encore l’œuvre fondée par Mgr Lefebvre, et dont l’archevêque a perpétué l’épiscopat valide par les sacres de juin 1988.

Premier document

Les liens occultes entre Ratzinger et Niel Bush, frÈre du PrÉsident amÉricain

http://www.caucaz.com/home/breve_contenu.php?id=224

Neil Bush à Tbilissi : «Georgia on my mind !»
Article paru dans l'édition du 28/06/2005


Par 
Renaud FRANCOIS à Paris

Neil Bush, frère de l’actuel président des Etats-Unis, semble s’intéresser de très près au marché géorgien. Rappel des réseaux et accointances de ce globe-trotter.

À peine un mois après la visite de Georges W.Bush en Géorgie, Neil Bush, frère cadet du président des Etats-Unis, tout juste en provenance d’Ukraine, s’est rendu à son tour à Tbilissi.


À l’issue d’une entrevue avec le président géorgien, Mikhael Saakashvili, Neil Bush a déclaré qu’il ne fallait voir dans sa venue aucune signification politique. Il s’intéresserait avant tout «à l’introduction des nouvelles technologies dans le domaine de l’éducation» et souhaiterait pouvoir y participer en Géorgie. Neil Bush est en effet, depuis 2002, le fondateur de la compagnie « Ignite ! », spécialisée dans la production de logiciels d’enseignement. Cette visite, présentée comme privée, peut sembler plus que surprenante. À la lumière du passé de Neil Bush, elle l’est beaucoup moins.


Les débuts de Neil Bush dans le monde des affaires sont relativement catastrophiques : faillite de sa compagnie pétrolière, la JNB Exploration, en 1985 ; et mise en cause dans l’effondrement de la compagnie Silverado Savings and Loan, en 1989, ce qui lui vaudra une amende de 50.000 dollars et l’interdiction d’exercer la profession de banquier.


Cependant, Neil Bush semble rapidement comprendre l’avantage d’être le fils puis le frère de président des Etats-Unis. C’est ainsi qu’il rejoint
la société TransMedia Communications, dirigée par Bill Daniel, ardent défenseur de la dérégulation du secteur de l’industrie des télécommunications et depuis toujours important bailleur de fonds pour les campagnes électorales de son père. Pour ses services, il fut rémunéré 60.000 dollars par an, en dépit du fait qu’il ne comprenait, pour ainsi dire, strictement rien aux télécommunications, comme le reconnaîtra plus tard Dick Barnes, président de TransMedia.

A la même époque, il se lie d’amitié avec Nigal Fares, fils de l’ancien vice-Premier ministre du
Liban et ami de longue date de la famille Bush. Nigal le recrute pour négocier des contrats de vente d’abris pour des réservoirs de stockage de pétrole. Ce partenariat avec Nigel est, pour Neil, une aventure particulièrement lucrative qui le conduira à développer de nombreuses et fructueuses relations avec les riches dirigeants des Etats du Golfe arabo-persique (Qatar, Koweït, Arabie Saoudite et Dubaï).

Mais Neil ne se contente pas des revenus du pétrole.
L’homme d’affaires saisit toutes les opportunités que représente un marché asiatique en pleine expansion. En 1994 il crée, avec Tom Bridgewater, un magnat de la presse de l’Utah, la compagnie InterLink. Au sein de cette compagnie, il sert d’intermédiaire dans les affaires entre compagnies asiatiques et nord américaines.


C’est à l’occasion de son divorce que l’on apprendra qu’il a touché annuellement entre 180.000 et 1 million de dollars d’Inter
Link. Il aurait par ailleurs touché un million de dollars pour arranger à New York une rencontre avec le président taïwanais Chen Shui-bian.


Neil Bush a admis avoir rencontré Chen Shui-bian, mais il nie formellement avoir reçu la moindre rémunération. A cette époque, les rencontres entre officiels américains et taiwanais étaient interdites, les Etats-Unis ayant normalisé leurs relations avec la Chine depuis 1979.


C’est, encore une fois, à l’occasion de son divorce que l’on apprend qu’il a été engagé par une de ses relations, Jamal Daniel, un multimillionnaire américain d’origine syrienne, comme consultant dans sa compagnie,
la Crest Investment Corporation pour un salaire annuel de 60.000 dollars. C’est ce même Jamal Daniel qui a récemment pris part, avec de nombreux anciens de l’administration Bush père, à la création de la société New Bridge Strategies, spécialisée dans l’aide aux compagnies désireuses d’obtenir des contrats de reconstruction en Irak.


Sur son site Internet, cette société se présentait ainsi au moment de sa création : «
Les opportunités actuelles en Iraq sont tellement phénoménales qu’il n’existe aucune autre firme que la nôtre possédant les savoir-faire et l’expérience nécessaires pour être, à la fois, aussi efficace à Washington que sur le terrain en Iraq ». Cette présentation a été, depuis, pudiquement et prudemment modifiée.


Neil Bush reconnaît également avoir été recruté par
la Compagnie Grace Semiconductor Management. Bien qu’il ait admis ne rien comprendre aux semi-conducteurs, Neil Bush a été gratifié de 10.000 dollars par réunion du conseil de direction et de 2 millions de dollars en actions. Grace Semiconductor Management est contrôlée par le magnat de la presse taiwanaise Winston Wong and Jiang Mianheng, le fils de Jiang Zemin, ancien président chinois.

Enfin, en 1999, soit un an avant la première élection de son frère à la présidence américaine, Neil Bush et Jamal Daniel, dont on ne peut pas dire qu’ils aient été jusqu’à présent des figures marquantes du mouvement oecuménique international, créent avec le Cardinal Ratzinger, futur Benoît XVI, une petite fondation oecuménique suisse, la Fondation pour le dialogue et la recherche dans les domaines interreligieux et interculturel. A leurs côtés, sur la liste des membres fondateurs figurent d’éminentes personnalités religieuses telles que le Rabbin René Samuel Sirat, ancien grand rabbin de France, le Prince El Hassan bin Talal de Jordanie, musulman impliqué dans le dialogue interreligieux, le Prince Sadruddin Aga Khan, chef de la branche des Ismaéliens, décédé en 2003, Olivier Fatio, directeur de l’Institut de l’Histoire de la Réforme et le président de la fondation orthodoxe Damaskinos, Gari Vachicouras. A l’heure actuelle, si Neil Bush s’est retiré du conseil de direction de cette fondation, Jamal Daniel y tient un rôle encore très actif. Faut-il voir dans ce rapprochement avec l’une des autorités catholiques les plus conservatrices, ce que l’on pourrait qualifier d’ «alliance objective» ou de «gentlemen agreement» entre conservateurs de tous bords. L’attitude plus que mesurée de l’Eglise catholique envers John Kerry, en 2004, semblerait le prouver.

Alors que penser de cette visite ? Doit-on en conclure que Neil Bush s’empresse de venir toucher les dividendes de l’action de son frère pour son soutien à la révolution des roses ? Son escale en Ukraine, autre bénéficiaire du soutien américain au cours de sa révolution orange, précédant tout juste sa venue en Géorgie, pourrait le laisser supposer.
L’histoire nous le dira certainement et pour l’instant elle ne nous dit pas si la prochaine étape de Neil Bush est Bichkek. »

Deuxieme document – Discours integral de Ratzinger À Ratisbonne

"La responsabilité commune du bon usage de la raison"

LE MONDE | 16.09.06 | 10h40 • Mis à jour le 16.09.06 | 10h56

Voici l'intégralité du discours de Benoît XVI à l'Université de Ratisbonne, prononcé à l'occasion d'une rencontre avec les représentants de la science, mardi 12 septembre 2006, et traduit par Sophie Gherardi à partir de la version italienne publiée sur le site officiel du Vatican.

C'est pour moi un moment émouvant que de me trouver encore une fois à l'université, et encore une fois pouvoir y donner une conférence. Mes pensées me ramènent à ces années au cours desquelles après une belle période passée à l'institut supérieur de Freising j'ai commencé mon activité d'enseignant à l'université de Bonn. C'était – en 1959 – à l'époque de l'université à l'ancienne avec ses titulaires pour les différentes chaires, où il n'y avait ni assistants, ni dactylos mais en revanche, il le contact avec les étudiants et surtout entre les professeurs était très direct. On se rencontrait avant et après les cours, dans la salle des professeurs. Les contacts avec les historiens, les philosophes, les philologues et naturellement aussi entre les deux facultés de théologie, étaient très étroits. Une fois par trimestre, il y avait ce qu'on appelait un dies academicus, où les professeurs de toutes les facultés, se présentaient devant les étudiants de l'université rendant ainsi possible une expérience d'universitas (…) - c'est à dire l'expérience du fait que, malgré toutes nos spécialisations qui parfois nous rendent incapables de communiquer entre nous, nous formons un tout et travaillons dans la plénitude de la raison unique dans ses différentes dimensions, et nous nous trouvons ainsi ensemble face à la responsabilité commune du bon usage de la raison – ce fait devenait une expérience vivante. L'université sans doute était fière aussi de ses deux facultés de théologie. Il était clair qu'elles aussi en s'interrogeant sur la rationalité de la foi, accomplissent un travail, qui fait nécessairement parti du " tout " de l'universitas scientarium, même si tous ne pouvaient pas partager la foi, que les théologiens s'attachent à relier à la raison commune, cette cohésion intérieure dans le cosmos de la raison ne fut pas même perturbée la fois ou nous parvint la nouvelle qu l'un de nos collègues avait déclaré qu'il y avait une bizarrerie dans notre université : deux facultés qui s'occupaient d'une chose qui n'existait pas – Dieu. Que même devant un scepticisme aussi radical, il reste nécessaire et raisonnable, de s'interroger sur Dieu au moyen de la raison et qu'il faille le faire dans le contexte de la tradition de la foi chrétienne, était dans l'ensemble de l'université une conviction indiscutée.

Tout ceci m'est revenu en mémoire quand j'ai lu récemment la partie éditée par le professeur Théodore Khoury (Münster) du dialogue que l empereur byzantin érudit Manuel II Paléologue mena en 1391 durant son séjour d'hiver à Ankara avec un Persan lettré sur le Christianisme et l'Islam et la vérité des tous deux.. C'est probablement l'empereur lui-même qui retranscrivit ce dialogue durant le siège de Constantinople, entre 1394 et 1402 ; cela explique aussi pourquoi ses propres raisonnements sont restitués beaucoup plus en détail que ceux de son interlocuteur persan. Le dialogue porte sur l'ensemble des structures de la foi contenues dans la Bible et le Coran et insiste particulièrement sur l'image de Dieu et de l'homme, mais nécessairement aussi toujours de nouveau sur la relation entre – comme on disait alors – " les trois lois " ou les " trois ordres de vie " : l'Ancien Testament, le Nouveau Testament, le Coran. Je n'ai pas l'intention de développer ce thème au cours de cette leçon ; je voudrai m'arrêter sur un seul point plutôt marginal dans la construction du dialogue dans son entier – qui dans le contexte du thème " foi et raison " m'a le plus fasciné et qui servira de départ à mes réflexions sur ce thème.

Dans la " septième controverse " (…) éditée par le professeur Khoury l'empereur aborde le thème du Djihad, de la guerre sainte. L'empereur savait certainement que dans la sourate II, 256 on peut lire : " Aucune contrainte dans les choses de la foi ". C'est un texte de la période initiale, disent les experts, durant laquelle Mahomet était lui-même sans pouvoir et menacé. Mais naturellement, l'empereur connaissait aussi les dispositions développées plus tard et fixées dans le Coran concernant la guerre sainte. Sans s'arrêter sur les détails comme la différence de traitement entre les peuples du Livre [juifs et chrétiens] et les incroyants, il s'adresse à son interlocuteur d'une manière étonnement abrupte pour nous en lui posant la question centrale du rapport entre religion et violence. Il lui dit : " Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait. " L'empereur expose ensuite minutieusement les raisons pour lesquelles il est absurde de diffuser la foi par la violence. Une telle violence est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme. " Dieu n'aime pas le sang- dit-il-, ne pas agir selon la raison (…) est contraire à la nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme et non du corps. Celui qui veut conduire quelqu'un vers la foi, doit être capable de bien parler et de raisonner correctement et non d'user de la violence et de la menace… Pour convaincre une âme raisonnable on n'a besoin ni bras, ni d'armes, ni non plus d'un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu'un de mort…. ".

La phrase décisive dans cette argumentation contre la conversion forcée est la suivante : agir de manière déraisonnable est contraire à la nature de Dieu. L'éditeur Théodore Khoury, commente : pour l'empereur, un Byzantin éduqué dans la philosophie grecque, cette phrase est évidente. En revanche pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune catégorie, pas même celle de la raison. Dans ce contexte, Khoury cite l'œuvre du célèbre islamologue français Roger Arnaldez qui relève que Ibn Hazm va jusqu'à déclarer que Dieu ne serait pas même engagé par sa propre parole et que rien ne l'obligerait à nous révéler la vérité. Si telle était sa volonté l'homme devrait pratiquer l'idolâtrie. C'est ici que s'ouvre, dans la compréhension de Dieu et donc dans la réalisation concrète de la religion, un dilemme qui nous interpelle très directement. La conviction qu'agir contre la raison est contraire à la nature de Dieu est-elle seulement une pensée grecque ou est-elle valable en soi et toujours. Je pense que sur ce point se manifeste la profonde concordance entre ce qui est grec dans le meilleur sens du terme et ce qui est foi en Dieu fondée sur la Bible. Modifiant le premier verset du Livre de la Genèse, le premier verset des Ecritures Saintes, Jean commence le prologue de son Evangile par ces mots : Au commencement était le verbe, était le verbe (logos). C'est précisément les mots qu'emploient l'empereur, Dieu agit (synlogô), avec le logos. Logos signifie à la fois raison et verbe – une raison qui est créatrice et peut se communiquer mais justement, comme raison. Jean nous donne ainsi le dernier mot sur le concept biblique de Dieu. Le mot dans lequel toutes les voies souvent pénibles et tortueuses de la foi biblique rejoignent leur but, trouvent leur synthèse. Au commencement était le logos, et le logos est Dieu. La rencontre entre le message biblique et la pensée grecque n'était pas un simple hasard. La vision de Saint Paul devant qui s'étaient fermées les voies de l'Asie et qui vit en songe un Macédonien et entendit sa supplique : " Passe en Macédoine, viens à notre secours !"- (Ac 16,6-10) - cette vision peut être interprétée comme un condensé de la nécessité intrinsèque qui unit la foi biblique et le questionnement grec.

En réalité, ce rapprochement était en cours depuis longtemps. Déjà le nom mystérieux de Dieu issu du buisson ardent, qui détache ce Dieu de l'ensemble des divinités aux noms multiples en affirmant seulement son " Je suis ", son être, est face au mythe, une contestation recelant une analogie intime avec la tentative de Socrate de vaincre et de dépasser le mythe lui-même. Le processus commencé auprès du buisson, atteint au sein de l'ancien testament, une nouvelle maturité durant l'exil où le Dieu d'Israël, désormais privé de la Terre et du culte, s'annonce comme le Dieu du ciel et de la terre, se présentant avec une simple formule qui prolonge la parole du buisson argent " je suis ". Avec cette nouvelle connaissance de Dieu, vont de pair des Lumières en quelque sorte qui s'expriment sur un mode drastique dans la dérision des divinités qui ne seraient que fabriquées des mains de l'homme (Sal 115). Ainsi malgré toute la dureté du désaccord avec les souverains hellénistiques qui voulaient obtenir par la force son ralliement au style de vie grecque et au culte des idoles, la foi biblique, durant l'époque hellénistique cheminait intérieurement vers la meilleure partie de la pensée grecque jusqu'à ce contact mutuel qui s'est réalisé essentiellement dans la littérature sapientiale, nous savons aujourd'hui que la traduction grecque de l'ancien testament faite à Alexandrie - la " Septante " -, et plus qu'une simple (au sens un peu dépréciatif) traduction du texte hébreu : elle est en réalité un témoignage textuel en soi et un pas important de l'histoire de la Révélation, dans lequel s'est accomplie cette rencontre d'une manière qui a eu une signification décisive pour la naissance du christianisme et sa divulgation. En profondeur, ce dont il s'agit, est la rencontre entre foi et raison, entre une pensée authentiquement éclairée et la religion. Partant véritablement de la nature intime de la foi chrétienne et, dans le même temps, de la nature de la pensée grecque désormais fondue dans la foi, Manuel II pouvait dire : Ne pas agir " avec le logos " est contraire à la nature de Dieu.

Pour être honnête, il convient de noter ici qu'à la fin du Moyen-Age se sont développées dans la théologie des tendances qui brisaient cette synthèse entre esprit grec et esprit chrétien. A rebours de ce qu'on pourrait appeler l'intellectualisme augustinien et thomiste, prend naissance avec Duns Scot une posture volontariste qui, à travers ses différents développements, conduisit à affirmer que nous ne connaîtrions de Dieu que la voluntas ordinata. Au-delà ce celle-ci existerait la liberté de Dieu, en vertu de laquelle Il aurait pu créer et faire même le contraire de tout ce qu'il a effectivement fait. Ici se profilent des positions qui, sans aucun doute, peuvent se rapprocher de celles d'Ibn Hazm et pourraient conduire jusqu'à l'image d'un Dieu-Arbitre, qui n'est lié ni à la vérité ni au bien. La transcendance et la différence de Dieu sont accentuées de manière tellement exagérée que même notre raison, notre sens du vrai et du bien, ne sont plus un véritable miroir de Dieu, dont les possibilités abyssales restent pour nous éternellement inaccessibles et dissimulées derrière ses décisions effectives .

Au contraire, la foi de l'Eglise s'en est toujours tenue à la conviction qu'entre Dieu et nous, entre son Esprit créateur éternel et notre raison créée existe une véritable analogie dans laquelle – comme le dit le Concile de Latran IV en 1215 – les dissemblances sont certes infiniment plus grandes que les ressemblances, mais pas au point cependant d'abolir l'analogie et son langage. Dieu ne devient pas plus divin du fait que nous le repoussons loin de nous dans un volontarisme pur et impénétrable, mais le Dieu vraiment divin est ce Dieu qui s'est montré comme logos et comme logos a agi et agit, plein d'amour en notre faveur. Certes l'amour, comme dit Paul, " surpasse " toute connaissance et est pour cela capable de percevoir davantage que la simple pensée (Ep 3,19), cependant il reste l'amour du Dieu -Logos et pour cela le culte chrétien est – comme le dit encore Paul – " logikè latreia ", un culte qui concorde avec le Verbe éternel et avec notre raison (Rm 12,1).

Ce rapprochement intérieur mutuel qui s'est opéré entre la foi biblique et le questionnement philosophique de la pensée grecque, est un fait d'une importance décisive non seulement du point de vue de l'histoire des religions, mais aussi de celui de l'histoire universelle – un fait qui nous crée encore aujourd'hui des obligations. Quand on constate cette rencontre, on ne peut guère s'étonner que le christianisme, en dépit de son origine et de son important développement en Orient, ait fini par trouver en Europe le lieu de son empreinte historique décisive. Nous pouvons dire à l'inverse : cette rencontre, à laquelle s'est ajouté par la suite l'héritage romain, a créé l'Europe et reste le fondement de ce qu'on peut avec raison appeler Europe.

A la thèse selon laquelle l'héritage grec, purifié par la critique, est partie intégrante de la foi chrétienne, s'oppose la demande de déshellénisation du christianisme – une revendication qui depuis le début de l'ère moderne domine de plus en plus la recherche théologique. En regardant de plus près, on observe trois vagues dans ce programme de déshellénisation : bien que liées entre elles, elles sont cependant clairement distinctes par leurs motivations et par leurs objectifs. La déshellénisation émerge d'abord en relation avec les postulats de la Réforme du XVIe siècle. Les réformateurs se trouvaient confrontés à la tradition des écoles théologiques, à une systématisation de la foi conditionnée totalement par la philosophie, confrontés par conséquent à une détermination de la foi de l'extérieur, par un mode de pensée qui ne venait pas d'elle. Ainsi, la foi n'apparaissait plus comme parole historique vivante, mais comme un élément inséré dans la structure d'un système philosophique. Le sola Scriptura [les écritures seulement], au contraire, recherche la forme pure et primordiale de la foi, telle qu'elle est présente à l'origine dans la Parole biblique. La métaphysique apparaît comme un présupposé dérivant d'une autre source, dont il convient de libérer la foi pour qu'elle puisse redevenir totalement elle-même. En affirmant qu'il avait dû écarter le savoir pour faire place à la foi, Kant a agi dans le cadre de ce programme avec une radicalité que les réformateurs n'auraient pu prévoir. Ce faisant, il a ancré la foi exclusivement dans la raison pratique, lui déniant l'accès à la totalité du réel.

La théologie libérale du XIXe et du Xxe siècle a apporté une deuxième vague au programme de déshellénisation : le représentant éminent en est Adolf von Harnack. Pendant mes études, ainsi que durant les premières années de mon activité universitaire, ce programme était extrêmement actif y compris dans la théologie catholique. Le point de départ en était la distinction de Pascal entre le Dieu des philosophes et le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Dans ma leçon inaugurale à Bonn en 1959, j'ai discuté cet argument et je ne veux pas reprendre ici tout mon raisonnement. Je voudrais cependant tenter de mettre en lumière brièvement la nouveauté que représente cette seconde vague par rapport à la première. Chez Harnack apparaît l'idée centrale du retour au simple homme Jésus et à son message simple, qui viendrait avant toute théologie et, justement, avant toute hellénisation : ce serait ce message simple qui constituerait le sommet véritable du développement religieux de l'humanité. Jésus aurait marqué l'adieu au culte, en faveur de la morale. En définitive, Il est représenté comme le père d'un message moral humanitaire. Le but de Harnack est au fond de remettre le christianisme en harmonie avec la raison moderne, en le libérant précisément des éléments apparemment philosophiques et théologiques, comme par exemple la foi dans la divinité du Christ et dans la Trinité de Dieu. En ce sens l'exégèse historique et critique du Nouveau Testament, dans sa vision, replace la théologie dans le cosmos de l'université : la théologie, pour Harnack, est quelque chose d'essentiellement historique et donc de strictement scientifique. Ce qu'elle découvre sur Jésus au moyen de la critique est, pour ainsi dire, l'expression de la raison pratique et par conséquent défendable dans l'université. En arrière fond, il y a l'autolimitation moderne de la raison, exprimée de façon classique dans les " critiques " de Kant, mais entre temps radicalisée par la pensée des sciences naturelles. Cette conception moderne de la raison se fonde, pour le dire brièvement, sur une synthèse entre platonisme (cartésianisme) et empirisme, que le succès technique a confirmé. D'un côté on présuppose la structure mathématique de la matière, sa rationalité intrinsèque si l'on peut dire, qui rend possible de la comprendre et de l'utiliser dans toute son efficacité opérationnelle : ce présupposé de fond est en quelque sort l'élément platonicien dans la conception moderne de la nature. De l'autre côté, il s'agit de l'utilisation fonctionnelle de la nature à nos fins, où seule la possibilité de contrôler le vrai ou le faux par l'expérience fournit la certitude décisive. Le poids entre les deux pôles peut, selon les circonstances, porter plutôt d'un côté ou plutôt de l'autre. Un penseur strictement positiviste comme J. Monod s'est déclaré platonicien convaincu.

Ceci comporte deux orientations fondamentales décisives pour notre question. Seul le type de certitude qui découle de la synergie entre mathématique et empirisme nous permet de parler de scientificité. Ce qui prétend être de la science doit se confronter à ce critère. C'est ainsi que même les sciences qui concernent les choses humaines, comme l'histoire, la psychologie, la sociologie et la philosophie, cherchaient à se rapprocher de canon de la scientificité. Important pour nos réflexions est encore le fait que la méthode comme telle exclut le problème Dieu, en le faisant apparaître comme un problème ascientifique ou préscientifique. Mais nous nous trouvons là devant une réduction du rayon de la science et de la raison qui doit être questionné.

J'y reviendrai. Pour le moment, il suffit de garder à l'esprit que si, à la lumière de cette perspective, on tentait de conserver à la théologie le caractère de discipline " scientifique ", il ne resterait du christianisme qu'un misérable fragment. Mais nous devons dire plus : si la science dans son ensemble est seulement cela, alors c'est l'homme lui-même qui par là subit une réduction. Car alors les interrogations proprement humaines – d'où ? vers où ? -, les interrogations de la religion et de l'ethos, ne peuvent trouver place dans l'espace de la raison commune décrite par la " science " entendue ainsi et doivent être déplacées dans le domaine de la subjectivité. Le sujet décide, sur la base de ses expériences, ce qui lui paraît religieusement soutenable, et la " conscience " subjective devient en définitive l'unique instance éthique. Mais de cette façon, l'ethos et la religion perdent leur force qui est de créer une communauté et tombent dans le domaine discrétionnaire de la personne. C'est là une condition dangereuse pour l'humanité : nous le constatons dans les pathologies menaçantes de la religion et de la raison – pathologies qui doivent nécessairement éclater quand la raison est à tel point réduite que les questions de la religion et de l'ethos ne la regardent plus. Ce qui reste des tentatives de construire une éthique en partant des règles de l'évolution ou de la psychologie et de la sociologie est tout simplement insuffisant.

Avant d'en venir aux conclusions vers lesquelles tend tout ce raisonnement, je dois encore faire brièvement allusion à la troisième vague de déshellénisation qui se diffuse actuellement. Eu égard à la multiplicité des cultures qui se rencontrent, on aime à dire aujourd'hui que la synthèse avec l'hellénisme accomplie dans l'Eglise primitive, aurait été une première inculturation qui ne devrait pas lier les autres cultures. Celles-ci devraient avoir le droit de revenir en arrière jusqu'au point qui précédait cette inculturation afin de découvrir le simple message du Nouveau Testament et de l'inculturer de nouveau dans leurs différents espaces. Cette thèse n'est pas simplement erronée ; elle est grossière et imprécise. Le Nouveau Testament, en effet, a été écrit en grec et porte en lui le contact avec l'esprit grec – un contact qui avait mûri dans le développement précédent de l'Ancien Testament. Certes, il y a des éléments dans le processus de formation de l'Eglise primitive qui ne doivent pas être intégrés dans toutes les cultures. Mais les décisions de fond qui, justement, regardent le rapport de la foi avec la recherche de la raison humaine, ces décisions de fond font partie de la foi elle-même et en sont les développements, conformes à sa nature.

J'en arrive ainsi à la conclusion. Faite en quelques grandes lignes, cette tentative de critique de la raison moderne de l'intérieur d'elle-même, n'inclut en aucune façon l'opinion qu'il faille désormais revenir en arrière, avant les Lumières, en rejetant les conviction de l'ère moderne.

Ce qui est valide dans le développement moderne de l'esprit est reconnu sans réserves : nous sommes tous pleins de gratitude pour les possibilités grandioses qu'il a ouvertes à l'homme et pour les progrès qu'il a permis dans le champ humain. L'ethos de la scientificité, du reste, est (…) volonté d'obéissance à la vérité, et donc expression d'une attitude qui fait partie des décisions essentielles de l'esprit chrétien. L'intention n'est donc pas un retrait, une critique négative ; il s'agit au contraire d'un élargissement de notre concept de raison et de son usage. Parce que, malgré toute la joie éprouvée face aux possibilités de l'homme, nous voyons aussi les menaces qui émergent de ces possibilités et nous devons nous demander comment nous pouvons les dominer. Nous ne réussissons que si raison et foi se retrouvent unies d'une manière nouvelle ; si nous dépassons la limitation autodécrétée de la raison à ce qui est vérifiable par l'expérience, et si nous en découvrons toute l'amplitude. En ce sens, la théologie, pas seulement comme discipline historique et humano-scientifique, mais comme théologie véritable, c'est à dire comme interrogation sur la raison de la foi, doit avoir sa place à l'université et dans le grand dialogue avec les sciences.

Ce n'est qu'ainsi que nous deviendrons capables d'un vrai dialogue entre les cultures et les religions – un dialogue dont nous avons un urgent besoin. Dans le monde occidental domine largement l'opinion que seule la raison positiviste et les formes de philosophie qui en dérivent, sont universelles. Mais les cultures profondément religieuses du monde voient justement dans cette exclusion du divin de l'universalité de la raison une attaque contre leurs convictions les plus intimes. Une raison qui est sourde face au divin et repousse la religion au niveau des sous-cultures est incapable de s'insérer dans le dialogue des cultures. Et pourtant, la raison moderne des sciences de la nature, avec sa dimension platonicienne intrinsèque, porte en elle, comme j'ai tenté de le démontrer, une interrogation qui la transcende, elle et ses possibilités méthodologiques. Elle doit simplement accepter la structure rationnelle de la matière et les correspondances entre notre esprit et les structures rationnelles à l'œuvre dans la nature comme une donnée de fait, sur laquelle est fondé son parcours méthodologique. Mais la question du pourquoi de cette donnée de fait existe et doit être confiée par les sciences de la nature à d'autres niveaux et modes de pensée – à la philosophie et à la théologie. Pour la philosophie et, d'une façon différente, pour la théologie, écouter les grandes expériences et convictions des traditions religieuses de l'humanité, en particulier celles de la foi chrétienne, constitue une source de connaissance ; s'y refuser signifierait une réduction inacceptable de notre manière d'écouter et de répondre. Ici me vient à l'esprit une réflexion de Socrate à Phédon. Dans les échanges précédents s'étaient exprimées un grand nombre d'opinions philosophiques erronées. Alors Socrate déclara : " Il serait bien compréhensible que l'un d'entre vous, irrité par tant d'erreurs, prenne en haine pour le reste de sa vie tout discours sur l'être et le dénigre. Mais ce faisant, il perdrait la vérité de l'être et subirait un grand dommage ".

L'Occident est depuis longtemps menacé par l'aversion contre les interrogations fondamentales de sa raison et il ne peut qu'en subir un grand dommage. Le courage de s'ouvrir à l'amplitude de la raison, et non le refus de sa grandeur, tel est le programme par lequel une théologie engagée dans la réflexion sur la foi biblique entrera dans les débats du temps présent. " Ne pas agir selon la raison, ne pas agir avec le logos est contraire à la nature de Dieu ", a déclaré Manuel II à son interlocuteur persan à partir de son image chrétienne de Dieu. C'est à ce grand logos, à cette immensité de la raison, que nous invitons nos interlocuteurs dans le dialogue des cultures. La retrouver nous mêmes à nouveau et toujours, c'est la grande tâche de l'université.

Traduit par Sophie Gherardi

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[1] Voir les démonstrations publiées sur le site www.rore-sanctifica.org

[2] Ou le « restaurationiste » pour reprendre la terminologie de l’abbé Barthe, ami personnel de Ratzinger.