Virgo-Maria.org

Qui et Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome conciliaire (en fait la «ré-conciliarisation» de la FSSPX) ?

Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ?

Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968?

A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ?

Serait-ce donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on veuille désormais faire dire la messe du VRAI rite par de FAUX prêtres ?

Serait-ce que l’on veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec un clergé aussi INVALIDE que le FAUX CLERGE ANGLICAN ?

Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

mardi 5 décembre 2006

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

L’opération Anglo-Tridentine

Le projet Anglo-Tridentin des abbés Barthe-Lorans-Cacqueray explicité et supporté par un Anglican

 

Messe invalide anglicane traditionnelle à Philadelphie (USA) en 2006

Le Révérend Chadwick, ancien du Christ-Roi et ordonné par un ancien de Palmar de Troya,
explicite et promeut le projet de « réforme de la réforme » et Radical Orthodoxy.

Mr John Hepworth, le « Fellay anglican », ‘Primat’ du TAC,[1] confirme la négociation anglicane de Ratzinger
 autour de la création d’une “Eglise catholique de rite anglican”

Un ancien de l’Institut du Christ-Roi de Monsieur Wach, le Révérend Chadwick, membre du TAC, s’installe en France pour promouvoir le projet Anglican de l’abbé Ratzinger. Formé à l’Institut du Christ-Roi de Monsieur Wach, il vulgarise le projet Anglo-Tridentin de « réforme de la réforme » que l’abbé Barthe s’évertue à promouvoir depuis près de neuf ans en France. Voici notre étude sur ce thème de l’opération Anglo-Tridentine : l’application du modèle de la « réforme de la réforme » anglicane à la FSSPX et à la Tradition catholique.

Continuons le bon combat

Abbé Michel Marchiset


Table des matières de l’étude « L’Opération Anglo-Tridentine »

1      Le jugement infaillible du Pape Léon XIII sur la secte Anglicane et ses Ordres invalides. 3

2      Le « Primat » du TAC, John Hepworth, le « Mgr Fellay » anglican, confirme sa négociation avec Ratzinger pour la création d’une « Eglise catholique de rite Anglican » dans l’Eglise conciliaire. 4

3      Les convergences du reverend Chadwick et des abbes Barthe, Lorans et de Cacqueray dans le projet Ratzinguerien  5

3.1       La conservation barthienne de Vatican II et l’abandon anglican des « crispations ». 6

3.2       Le « dépassement inclusif » barthien des débats doctrinaux soulevés par Vatican II et le rejet anglican de la « polémique intégriste ». 7

3.3       Le « traditionalisme éclairé » de Ratzinger selon Barthe décrypté par la « subtilité » anglicane. 8

3.4       Un « œcuménisme » barthien du « monde traditionnel » décalqué du modèle historique de la « réforme de la réforme » anglicane opérée par les Tractariens au XIX° siècle et leurs héritiers du TAC en 2006. 9

4      La « réforme de la reforme » initiée par Ratzinger et vantée par l’abbé Barthe et le reverend Chadwick. 16

4.1       L’abbé Barthe et Yves Chiron annoncent le début de la « réforme de la réforme ». 16

4.2       La première évocation publique de la « réforme de la réforme » par l’abbé Ratzinger en 1995. 17

4.2.1        Un personnage actif : Robert Moynihan, directeur de la revue anglophone Inside the Vatican. 17

4.3       Les réseaux d’influence du mouvement théologique anglican Radical Orthodoxy au service de la « réforme de la réforme » de l’abbé Ratzinger 18

4.3.1        L’entrisme de Catherine Pickstock dans les milieux conservateurs conciliaires et Ecclesia Dei 18

4.3.2        L’écho de Radical Orthodoxy en France dans la revue Catholica (abbé Barthe) 19

4.3.3        Les éditions Ad Solem de Grégory Solari, éditeur genévois des auteurs gnostiques (J.Borella) et des auteurs anglicans de la High Church (C.Pickstock) 20

4.3.4        L’écho de Radical Orthodoxy en France dans la revue Kephas (abbé Bruno Le Pivain) 20

4.3.5        Le Révérend Chadwick fait l’éloge de Radical Orthodoxy. 21

5      Conclusion. 22

6      Annexe 1 - Les fondements théologiques, Radical Orthodoxy, promus par la Cambridgienne Catherine Pickstock, l’abbé Barthe et le reverend Chadwick. 23

6.1       Quelques figures principales de Radical Orthodoxy. 23

6.1.1        John Milbank. 23

6.1.2        Catherine Pickstock. 23

6.1.3        William T. Cavanaugh. 24

6.2       Qu’est-ce que Radical Orthodoxy ?. 24

6.2.1        Historique. 25

6.2.2        Doctrine. 25

7      Annexe 2 - Grégory Solari, l’éditeur de Catherine Pickstock, aime beaucoup l’Angleterre et la « Chrétienté en miniature » que représente à ses yeux l’anglicanisme. 27

8      Annexe 3 - Qui est le Révérend Chadwick ?. 28

9      Annexe 4 – Texte du Révérend Chadwick décrivant ‘son esprit’ 29

*

**

1          Le jugement infaillible du Pape Léon XIII sur la secte Anglicane et ses Ordres invalides

Avant de rentrer dans cette étude capitale, car complétant les précédentes études sur les rapports entre la question anglicane et les négociations actuelles de la FSSPX avec l’abbé Ratzinger, nous rappelons des extraits d’un texte promulgué infailliblement par le Pape Léon XIII en 1896, il s’agit d’Apostolicae Curae.

Il semble, au vu de tous les faits que nous allons énumérer que les responsables actuels de l’œuvre de préservation du Sacerdoce fondée par Mgr Lefebvre, la FSSPX, que ces responsables l’aient oublié ou feignent de l’ignorer. Nous visons ici directement Mgr Fellay et l’abbé de Cacqueray.

« Les Anglais, en effet, peu de temps après s'être retirés du centre de l'unité chrétienne, introduisirent publiquement, sous le règne d'Edouard VI, dans la collation des Ordres sacrés, un rite absolument nouveau ; ils perdirent, par suite, le vrai sacrement de l'Ordre tel que le Christ l'a institué et, en même temps, la succession hiérarchique : telle était déjà l'opinion commune, confirmée plus d'une fois par les actes et la constante discipline de l'Eglise. (…)

C'est donc avec bienveillance que Nous avons consenti à un nouvel examen de la question, afin d'écarter à l'avenir, par l'autorité indiscutable de ce nouveau débat, tout prétexte au moindre doute. (…)

Tout ce qui précède, Nous l'avons longtemps et mûrement médité Nous-même d'abord, puis avec Nos Vénérables Frères juges de la Suprema. Nous avons même spécialement convoqué cette assemblée en Notre présence, le jeudi 16 juillet dernier, en la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. Ils furent unanimes à reconnaître que la cause proposée avait été déjà depuis longtemps pleinement instruite et jugée par le Siège Apostolique ; que l'enquête nouvelle ouverte à ce sujet n'avait fait que démontrer d'une façon plus lumineuse avec quelle justice et quelle sagesse la question avait été tranchée. Toutefois, Nous avons jugé bon de surseoir à Notre sentence, afin de mieux apprécier, l’opportunité et l'utilité qu'il pouvait y avoir à prononcer de nouveau la même décision par Notre autorité et afin d'appeler sur Nous, du ciel, par Nos supplications, une plus grande abondance de lumière.

Considérant alors que ce même point de discipline, quoique déjà canoniquement défini, est remis en discussion par quellques-uns - quel que soit le motif de la contreverse, - et qu’il en pourrait résulter une erreur funeste pour un grand nombre qui pensent trouver le sacrement de l'Ordre et ses fruits là où ils ne sont nullement, il Nous a paru bon, dans le Seigneur, de publier Notre sentence.

C'est pourquoi, Nous conformant à tous les décrets de Nos prédécesseurs relatifs à la même cause, les confirmant pleinement et les renouvelant par Notre autorité, de Notre propre mouvement et de science certaine, Nous prononçons et déclarons que les ordinations conférées selon le rite anglican ont été et sont absolument vaines et entièrement nulles. » Pape Léon XIII, Apostolicae Curae, 1896

La prétendue Eglise anglicane est donc tout simplement une secte composée de simples laïcs. Le prétendu archevêque de Cantorbéry, le Dr Williams, que l’abbé Ratzinger vient de recevoir en grande pompe est un simple laïc. Le nier serait s’opposer à un enseignement de l’Eglise pour lequel le Pape Léon XIII a engagé son infaillibilité pontificale.

En 1976, Mgr Lefebvre a vivement réagi à la visite du prétendu archevêque de Cantorbéry à Montini-Paul VI, et il rappela, en invoquant Léon XIII, que ce prétendu archevêque est un simple laïc et qu’il était « inconcevable » que le Pape ait pu lui demander de bénir la foule des cardinaux et des évêques.

« Mais nous en sommes là. Si on nous dit aujourd'hui que l'on peut faire des intercommunions avec les protestants, qu'il n'y a plus de différence entre nous et les protestants, eh bien! ce n'est pas vrai. Il y a une différence immense. C'est pourquoi nous sommes vraiment stupéfaits quand nous pensons que l'on a fait bénir par l'archevêque de Cantorbery — qui n'est pas prêtre, puisque les ordinations anglicanes ne sont pas valides, le Pape Léon XIII l'a déclaré officiellement et définitivement, et qui est hérétique comme le sont tous les anglicans (je le regrette on n'aime plus ce nom-là, mais c'est quand même la réalité, ce n'est pas pour donner une insulte que de l'employer et je ne demande que sa conversion) — quand on pense donc qu'il est hérétique et qu'on lui demande de bénir avec le Saint Père la foule des cardinaux et des évêques présents dans l'église de saint-Paul. C'est là une chose absolument inconcevable! inconcevable ! »[18] Mgr Lefebvre, Sermon de la messe de Lille, 29 août 1976

Nous aimerions savoir si Mgr Fellay et l’abbé de Cacqueray sont prêts à reconnaître par écrit l’invalidité des Ordres Anglicans. La situation dans laquelle ils ont placé la FSSPX en engageant un « processus » de « réconciliation », qui est démontré ci-dessous être d’inspiration anglicane, appelle cette clarification nécessaire de la part du successeur de Mgr Lefebvre et de son subordonné pour le District de France, l’abbé de Cacqueray.

2          Le « Primat » du TAC, John Hepworth, le « Mgr Fellay » anglican, confirme sa négociation avec Ratzinger pour la création d’une « Eglise catholique de rite Anglican » dans l’Eglise conciliaire

Nous renvoyons à nos deux précédentes analyses sur la négociation parallèle de Ratzinger : FSSPX/Anglicans :

·             FSSPX+Anglicans : La porte Flaminienne de Mgr Fellay (21 novembre 2006)[2]

·             Mgr Fellay dupé ou consentant : Ratzinger négocie un Indult et une prélature personnelle pour intégrer les Anglicans ‘traditionnels’ avec leur rites (27 novembre 2006)[3]

Ce que révélait le Professeur William Tighe, cité par Ruth Geldhill du Times, se trouve désormais confirmé par John Hepworth lui-même, le « Primat » des Anglicans traditionnels du TAC. Le révérend Chadwick, membre du TAC, explique qu’il mène une négociation avec Rome et que les actuels responsables du Vatican l’encouragent à conserver son identité anglicane :

« Serons-nous absorbés par Rome? Les catholiques romains (...) nous ont encouragés à garder notre héritage anglican. Un auteur a écrit, avec émotion, que la TAC cherche "à obtenir la communion (avec le Saint-Siège) tout en gardant ces traditions vénérées de spiritualité, de liturgie, de discipline et de théologie qui constituent l'héritage multi-séculaire des communautés anglicanes à travers le monde". J.Hepworth cité par Chadwick

Le Times évoquait une structure canonique ainsi qu’un Indult Anglican, déposés sur le bureau de Ratzinger le 16 novembre 2006. Hepworth le confirme :

« Il y a deux documents en étape finale de of préparation. Le premier est un "plan pastoral" qui a pour rôle de "vérifier la TAC comme un interlocuteur digne avec l'Eglise catholique romaine" et d'établir les "niveaux souhaités de récognition par Rome à la fois avant et après l'acte de pleine communion". Si le document gagnera l'approbation de toute la Communion, il sera formellement présenté au Saint-Siège, et un processus plus formel sera établi. (...) Le deuxième document est une proposition formelle de la TAC au Saint-Siège afin de devenir une "Eglise de Rite Anglican" sui juris en communion avec le Saint-Siège" J.Hepworth cité par Chadwick

Ces propos de Hepworth viennent confirmer ce qu’écrivait, le 27 avril 2005, un blog des Anglicans libéraux :

« Le pape Benoît XVI a récemment appelé à l'unité des Chrétiens, mais un tel message est dévié par ses relations avec des groupes travaillant à quitter la Communion anglicane. Il a récemment tenus des réunions avec des représentants du TAC (Traditional Anglican Communion), un groupe qui représente 400000 Anglicans de droite qui ont de mauvaises relations avec Canterbury. Il a aussi reçu le support du Conseil Anglican Américain, le groupe qui espère sortir les Eglises Américaines et Canadiennes de la Communion.

Des tentatives pour des réunions antérieures avec le TAC furent bloquées par le pape Jean-Paul II car il pensait qu'une telle chose pourrait compromettre les relations avec Canterbury et la Communion Anglicane. Mais le nouveau pape a soutenu ce mouvement, apparemment dans l'espoir que le TAC pourrait être tenu comme une Eglise catholique de rite Anglican en communion avec Rome. Si ce nouveau pape est vraiment intéressé par l'unité, alors il ferait bien de commencer par ne pas soutenir des groupes travaillant à casser les autres Eglises »[4]

Le projet que Dom Beauduin rédigea en 1925, dans son mémoire L’Eglise anglicane unie non absorbée[5], et que le cardinal Mercier a lu à la quatrième conférence de Malines en 1925, commence à prendre corps en 2006, sous la direction de l’abbé Ratzinger.

Mais avant d’enclencher la mise en place officielle de cette structure Anglicane au sein de l’Eglise conciliaire, l’abbé Ratzinger hâte le pas afin de parvenir à capturer la FSSPX et en prendre le contrôle afin qu’elle ne puisse pas s’opposer à la suite de l’Opération Rampolla. Mgr Fellay et l’abbé de Cacqueray sont les artisans de ce plan qu’ils favorisent en multipliant les initiatives (opération DVD, imposture du « bouquet » spirituel, conférences à double langage de Villepreux, conférence de la Mutualité de l’abbé de Cacqueray le 29 septembre, etc) pour parvenir à affaiblir la FSSPX fondée par Mgr Lefebvre et prédisposer les esprits à une signature avec Rome.

3          Les convergences du reverend Chadwick et des abbes Barthe, Lorans et de Cacqueray dans le projet Ratzinguerien

Le Révérend Chadwick réalise un travail pédagogique d’explicitation et de vulgarisation du projet Ratzinguérien de création d’une structure multi-polaire d’entités traditionnelles (Patriarcats) dans un démarche commune de « traditionalisme éclairé ». C’est ce projet que CSI-Diffusion avait désigné par le terme AngliCampos[6], ou que depuis nous avons identifié comme une association de Patriarcats. Il s’agit de rassembler toutes les forces religieuses (FSSPX, parties traditionnelles ou conservatrices de l’Eglise conciliaire, mouvance du TAC des Anglicans, Patriarcats orthodoxes, etc) dans une sorte de super-Eglise conciliaire dont la High Church Anglicane offre déjà un modèle. Evidemment, pour mener un tel projet, il faut évacuer la question du Sacerdoce et de sa validité sacramentelle. C’est ce à quoi s’évertue l’abbé de Cacqueray et l’abbé Lorans qui ne posent jamais cette question et magnifient le combat pour la Messe.

Fausse élévation dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

Le Révérend Chadwick exprime, dans des termes différents ce que l’abbé Barthe et l’abbé de Cacqueray ont déjà dépeints à grands traits, c'est-à-dire ce projet Ratzinguérien de « retour à la Tradition ». Pour notre étude, nous avons eu recours au discours de l’abbé Barthe au troisième congrès des Mutins le 20 novembre 2006 à la Mutualité à Paris, à ses récentes interventions sur le Forum Catholique et à certains de ses articles dans la revue Catholica. Nous faisons également référence à l’ouvrage de l’abbé Barthe Quel chemin pour l’Eglise[7], paru en septembre 2004 en France aux éditions Hora Decima. Cet ouvrage a d’ailleurs été traduit en anglais sous le titre Beyond Vatican II et publié par Roman Catholic Books[8].

Pour ce qui est de l’abbé de Cacqueray nous citons principalement le texte de sa conférence du 29 septembre 2006 à la même salle de la Mutualité à Paris. Certains s’étonneront de cette juxtaposition entre les propos du chroniqueur religieux de Catholica et ceux de l’actuel supérieur de District de France de la FSSPX. Pour comprendre comment cette convergence a pu devenir possible, il faut prendre la mesure du rôle de l’abbé Barthe et de l’importance du G.R.E.C. et de l’activité pertinace de l’abbé Lorans qui fréquente beaucoup l’abbé Barthe. L’abbé Barthe a été l’aumônier de l’Institut Cardinal Pie, une organisation pour le moins étrange fondée par Bernard Dumont et qui connut son rayonnement maximum dans les années 1980. Nous renvoyons pour mieux la connaître au mémoire « Autorite et charisme histoire et fonctionnement d'un petit groupe traditionaliste entre 1973 et 1986 » Mémoire présenté par Anne Perrin pour le Diplôme de Sciences religieuses, 1999.

Comme le révèle la page internet[9] d’introduction de son ouvrage Beyond Vatican II, l’abbé Barthe bénéficie d’un celebret émis directement par le Vatican et qui lui assure un usage exclusif du rite de Saint Pie V. Cela donne la mesure de son importance pour les dirigeants du Vatican, puisqu’il bénéficie d’une situation privilégiée, accordée par-dessus la tête des « évêques » de France, et lui conférant un statut unique en France. Comment se fait-il que l’abbé Barthe soit traduit en anglais ? Le fait est assez rare dans la Tradition.

Nous allons nous rendre compte de cette cohérence entre les défenseurs du rite Tridentin et les Anglicans à travers quelques axes principaux. Nous parlons de l’Opération Anglo-Tridentine.

3.1        La conservation barthienne de Vatican II et l’abandon anglican des « crispations »

Procession au début d’une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

L’abbé Barthe reconnaît bien que l’abbé Ratzinger va conserver Vatican II, désavouant ainsi la Tabula rasa de Mgr Tissier de Mallerais[10] et prétendant que les débats doctrinaux découlant de la réforme liturgique de Montini-Paul VI allaient être repoussés :

« Mais qu’on ne s’y trompe pas : ni en matière de théologie du culte chrétien, ni plus généralement, il ne s’agit pour Benoît XVI d’un retour à Pie XII, comme si Vatican II n’avait pas eu lieu. Si la parenthèse de Vatican II est fermée, ce sera d’abord de facto, remettant à plus tard les questions posées par les débats doctrinaux autour de la réforme de Paul VI et autres. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Le révérend Chadwick rejoint cette préoccupation de l’abbé Barthe, en proposant le modèle anglican traditionnel qui a su éviter les « crispations » face aux questions posées par Vatican II :

 « La Communion Anglicane Traditionnelle est un mouvement de réaction comme ses analogues dans le catholicisme romain, réaction contre la dissolution de tout principe doctrinal ou valeur morale. Tout de même, elle n'a pas adopté une attitude crispée à l'égard des enseignements de Vatican II sur l'oecuménisme, la théologie de l'Eglise et de l'Episcopat et sur la liberté religieuse. » Révérend Chadwick

3.2        Le « dépassement inclusif » barthien des débats doctrinaux soulevés par Vatican II et le rejet anglican de la « polémique intégriste »

Afin de mettre un terme aux débats doctrinaux nés de Vatican II, l’abbé Barthe invente l’expression « dépassement inclusif » pour désigner ce qui correspond tout simplement à la dialectique hégélienne : thèse progressiste, antithèse traditionaliste et synthèse ratziguérienne :

« On est en présence, je crois, de ce que l’on pourrait qualifier de franchissement «positif », c'est-à-dire d’une tentative de synthèse des positions affrontées, mais, et c’est capital, avec une relativisation de la position « progressiste », tout en conservant une partie de ses apports. C’est une même tentative de dépassement inclusif qu’avaient menée les PP. Ignace la Potterie, Henri de Lubac, Hans Urs von Balthasar, et Joseph Ratzinger, contre l’historicisme de la critique biblique rationaliste. Le principal angle d’attaque de Joseph Ratzinger dans la question biblique a été celui d’une «réforme de la réforme», c'est-à-dire d’une « critique de la critique ». L’héritage de la critique biblique n’était pas rejeté, mais relativisé et intégré dans une conception plus vaste de l’inspiration. Et ainsi de suite : le dialogue interreligieux non pas évacué, mais intégré dans le « dialogue des cultures ». Avec, en filigrane un projet théologique – et à la longue magistériel – fort intelligent, mais risqué». Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Ainsi l’abbé Barthe loue la « relativisation » des positions doctrinales, jouant d’une flexibilité prétendue de la doctrine, à l’opposé de toute la Tradition de l’Eglise. Ouvrez un Denzinger, vous y constaterez qu’un concile de l’Eglise catholique procède souvent par proclamations d’anathèmes, car le souci de la vérité et de l’interprétation précise, fidèle et rigoureux du dépôt de la Foi exige que l’erreur soit clairement identifiée. La sémantique que charrie d’ailleurs la prose de l’abbé Barthe (processus, franchissement positif, relativisation, dépassement inclusif,etc) trahit ce parti pris de flou doctrinal, d’évitement des conclusions contraignantes de la logique, de « relativisme » qui permet tous les sophismes et dont la Franc-maçonnerie a fait l’un de ses principes fondateurs qui lui permet de placer toutes les religions et leurs doctrines sur un même plan et de les dépasser « par en haut », c’est-à-dire par l’indifférentisme.

  

Cierge pascal et choeur dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

Désormais zélateur d’une tradition religieuse d’origine britannique, elle-même fortement influencée par l’esprit de la Loge, en particulier Rose+Croix, le révérend Chadwick rejoint cette préoccupation de l’abbé Barthe, en proposant le modèle anglican traditionnel qui prône la « modération » et permet d’éviter les « crispations », en se recentrant sur la piété liturgique :

« Sa position (à la La Communion Anglicane Traditionnelle) est caractérisée par un esprit plutôt conservateur que "traditionaliste" ou "intégriste". C'est un esprit fortement ancré dans la modération anglo-saxonne et notre désir de dialogue raisonné et rationnel. »

« L'esprit de révolte et de polémique intégriste nous est étranger. Nous venons d'ailleurs : de la vieille Angleterre et de ses missions historiques en Australie, aux Amériques, en Inde, en Afrique et certains autres lieux. L'esprit anglican reste fermement enraciné dans une piété liturgique selon les rites de la Messe et de l'Office Divin. »

Révérend Chadwick

Obéissant à l’influence de l’abbé Lorans, comparse de l’abbé Barthe au G.R.E.C., l’abbé de Cacqueray va relayer le 27 septembre 2006, l’illusion d’un Ratzinger en position de repli sur Vatican II :

« Il est certain que le discours programmatique que le pape a prononcé devant la Curie le 22 décembre 2005 est un discours qui avoue à l'évidence un embarras dans cette défense du concile à laquelle il s'emploie. Le pape finalement se trouve obligé de défendre le concile »

« L'affaiblissement des positions de la Rome conciliaire se manifeste à travers cette nécessité de défendre le concile. »

« Le pape a révélé la faiblesse du concile Vatican II. » Abbé de Cacqueray, 27 septembre 2006[11]

Cherchez de la « modération » ou du « franchissement positif » dans les anathèmes des conciles d’Asie Mineure, vous n’en trouverez pas, pas plus que dans les condamnations solennelles par Pie IX des principes de la société révolutionnaire dans Quanta Cura et le Syllabus en 1864. Cet esprit de « modération », de « dépassement inclusif » en matière doctrinale est étranger à la Tradition catholique, car c’est la porte par laquelle rentrent et s’installent toutes les hérésies. Citons simplement à titre d’exemple, les définitions insuffisamment précises de la double nature humaine et divine de Notre Seigneur par Cyrille d’Alexandrie. Ces définitions, irréprochables au sens strict, ont néanmoins permis aux monophysites et plus tard aux monothélites de s’en réclamer. Les Eglises orientales, et donc les âmes, en ont payé le prix fort par le schisme de beaucoup de fidèles au IV° et puis dans les deux siècles suivants et jusqu’en 1968, conséquence ultime, puisque le Père Joseph Lécuyer, le théologien du nouveau rite de consécration épiscopale, y a encore puisé ses fausses justifications du sens théologique d’une nouvelle forme hérétique reprise dans la littérature pseudo-canonique d’Alexandrie[12].

3.3        Le « traditionalisme éclairé » de Ratzinger selon Barthe décrypté par la « subtilité » anglicane

Encensement d’un diacre dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

L’abbé Barthe invente l’expression de « traditionalisme éclairé » pour désigner l’ « intuition personnelle » de Ratzinger. Il lui trouve une correspondance contextuelle avec le « progressisme modéré » de Roncalli-Jean XXIII. Le choix du terme « éclairé » dans la bouche de l’abbé Barthe n’est pas innocent, ce mot évoque le siècle des Lumières et ses despotes « éclairés » accompagné d’un mépris du peuple, c’est-à-dire des fidèles.

« En fait, les talents psychologiques, intellectuels, spirituels respectifs, extrêmement dissemblables (du moins en apparence) de Jean XXIII et de Benoît XVI se retrouvent identiques dans le fait d’avoir su et de savoir faire correspondre leurs intuitions personnelles respectives propres – un progressisme modéré pour Roncalli ; un traditionalisme éclairé pour Ratzinger – aux événements, aux contextes, aux attentes, conscientes ou non, exprimées ou pas, d’une part importante de l’Église. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Quant au révérend Chadwick, il met en avant la « subtilité » anglicane, inconnue sur le continent européen et qui donne la capacité à dépasser les « idées reçues ». C’est cette subtilité qui permet au révérend Chadwick de décrypter le projet de Ratzinger et de l’encourager à désirer y rattacher le TAC à sa super-structure multi-patriarcale. Cette subtilité va de pair avec le mépris des fidèles, assimilés à une « masse des chrétiens superficiels » :

« Finalement, l'anglicanisme est quelque chose de tellement fin et subtile. La plupart des personnes chrétiens et non-chrétiens n'ont pas la capacité de réflexion ou la curiosité intellectuelle pour passer au-delà des idées reçues. Nous ne sommes pas assez démagogues ou intolérants pour intéresser la masse des chrétiens superficiels. » Révérend Chadwick

3.4        Un « œcuménisme » barthien du « monde traditionnel » décalqué du modèle historique de la « réforme de la réforme » anglicane opérée par les Tractariens au XIX° siècle et leurs héritiers du TAC en 2006

Nous venons de voir les principes de la méthode de l’abbé Barthe à l’aune de l’esprit Anglican, examinons maintenant le projet de recomposition ratzinguérienne du « monde traditionnel » qu’expose l’abbé Barthe, à la lumière de l’expérience historique anglicane et de ses prétentions actuelles dont témoigne le révérend Chadwick. Pour cela il est utile de rappeler que le TAC dont le révérend Chadwick fait partie est l’héritier de la High Church (Haute-Eglise), ou encore appelée Anglo-catholique qui, à travers le mouvement d’Oxford du milieu du XIX° siècle et des Tractariens du Pasteur Pusey, opéra une re-traditionalisation de l’anglicanisme, au point de reprendre au catholicisme mains aspects de ses dévotions et de ses beautés liturgiques. Une fausse « Messe » anglicane peut aujourd’hui donner l’illusion d’une messe traditionnelle catholique, mais elle est totalement invalide et vide de tout sacrement.

« Notre tradition a vécu la crise du seizième siècle. Elle a traversé les polémiques de cette époque, pour se mettre à étudier les Pères de l'Eglise, faire redécouvrir les richesses de la tradition catholique de tous les siècles, et - finalement - procéder à une restauration liturgique et spirituel. C'est l'héritage des Caroline Divines et du mouvement d'Oxford. La TAC ne fait que continuer ce mouvement de restauration catholique dans un esprit nordique et sobre. » Révérend Chadwick

Depuis ce développement de la High Church, la Communion Anglicane a connu une dérive libérale qui donne lieu à tous les excès : ordination de femmes prêtres, consécration de femmes évêques, clergé ostensiblement homosexuel, etc. Si bien que le TAC se retrouve aujourd’hui vis-à-vis de la Communion anglicane dans la situation de la High Church vis-à-vis de l’anglicanisme desséché du XIX° siècle.

 

Epître et Evangile dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

Au 2° Carrefour apostolique à la Mutualité, l’abbé Barthe développe le sophisme d’un parallélisme entre la fin du Pontificat de Pie XII et la fin du mandat de Wojtyla-Jean-Paul II. Il poursuit sur la comparaison de Roncalli-Jean XXIII et et Ratzinger-Benoît XVI, en faisant fi des circonstances historiques qui jettent le doute sur l’élection régulière de Roncalli en 1958[13] et en excluant implicitement tout considération doctrinale ou sacramentelle.

« Roncalli a été élu, grosso modo parce que les cardinaux, y compris conservateurs, voulaient sortir du style de la dernière partie du règne de Pie XII, estimé trop rigide, renfermé, voulaient sortir d’un « trop » de gouvernement pontifical ; Ratzinger a été élu, inversement, parce que le collège cardinalice voulait sortir du « pas assez » de gouvernement de la fin du pontificat de Jean-Paul II. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Le révérend Chadwick prétend à l’analogie entre l’anglicanisme et l’Eglise conciliaire, tous deux divisés entre libéraux et conservateurs :

« Aujourd'hui l'identité anglicane s'exprime quasiment de la même façon que le catholicisme romain contemporain entre le "libéralisme" et le catholicisme "conservateur". » Révérend Chadwick

Mais pour Chadwick, la partie traditionnelle retournerait à un catholicisme qui désarmorcerait la révolte de Cranmer (au XVI° siècle).

« Simplement, nous dans la TAC retournons au catholicisme qui est aujourd'hui expurgé des corruptions qui furent les causes de la révolte de Luther, de Cranmer et des autres Réformateurs. » Révérend Chadwick

Et le révérend Chadwick relève l’identité d’esprit du TAC et de Ratzinger :

« Nous cherchons à développer et suivre un esprit qui n'est pas très différent de ce que le pape Benoît XVI cherche manifestement à promouvoir - c'est-à-dire l'esprit liturgique dans une Eglise fidèle au message du Christ, spirituelle et missionnaire. » Révérend Chadwick

Prières à l’autel après la lecture de l’Evangile dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

Poursuivant la description de ce même clivage entre conservateurs de 2005 et progressistes de 1958 au sein de l’Eglise conciliaire, l’abbé Barthe laisse entendre que Ratzinger pourrait provoquer une remise en cause de Vatican II :

« Les cardinaux de 1958 ne voulaient pas le concile Vatican II, du moins pas comme il s’est déroulé ; les cardinaux de 2005 ne voulaient pas la fin de Vatican II… Le rythme de ma phrase voudrait que j’achève : … telle qu’elle va se dérouler. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Cependant cette remise en cause ne serait aucunement une « tabula rasa » de Vatican II,

« Mais qu’on ne s’y trompe pas : ni en matière de théologie du culte chrétien, ni plus généralement, il ne s’agit pour Benoît XVI d’un retour à Pie XII, comme si Vatican II n’avait pas eu lieu. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Cette réinterprétation de Vatican II qui éviterait d’en remettre en question, pourrait alors puiser dans la méthode anglicane dont le révérend Chadwick nous vante les richesses :

« Il s'agit du retour à une vie liturgique soignée, authentique et sobre et, en même temps, le retour à la théologie des Pères de l'Eglise et leur vision profondément biblique » Révérend Chadwick

Voila qui est bien dit et tout cela s’effectue non pas dans un esprit de Foi, mais par le dialogue et la raison :

« Surtout, la génie de l'esprit anglican, tel qu'il a été développé au 17e siècle, est sa faculté de dialoguer et de raisonner. La foi va de pair avec la raison, une notion particulièrement chère au pape Benoît XVI. Les convertis de l'anglicanisme au catholicisme romain ont généralement eu trop de mal, car les deux traditions sont semblables, mais en même temps loin l'une de l'autre. Notre rationalisme s'oppose à l'esprit du fidéisme aveugle des conservateurs catholiques romains et au "culte de laideur" des "progressistes". (…)

Nous pourrons ajouter le conservatisme tolérant, car les anglicans préfèrent le dialogue et l'usage de la raison aux polémiques où chaque parti croit posséder la vérité. Nous sommes très attachés à la modération et la recherche du mi-chemin (via media) entre les extrêmes. » Révérend Chadwick

De même que l’abbé Barthe parle de « traditionalisme éclairé » au sujet de Ratzinger, le révérend Chadwick parle de « conservatisme tolérant ». Avec le recul, la récente visite du Dr Williams, le prétendu archevêque de Cantorbéry au Vatican le 23 novembre 2006 et la prière de Ratzinger tourné vers la Mecque le 30 novembre 2006, dans la mosquée bleue d’Istanbul, il semble que l’expression de « conservatisme tolérant » soit plus appropriée pour désigner le successeur de Wojtyla, et que le révérend Chadwick use d’une formulation plus juste. La rhétorique de l’abbé Barthe a encore quelques progrès à faire et afin de mieux s’imprégner de l’ « esprit subtil » propre aux Anglicans, le chroniqueur religieux de Catholica pourrait faire quelques stages complémentaires à Oxford ou à Cambridge, entre deux réunions du G.R.E.C. de l’abbé Lorans.

Pour illustrer le projet de Ratzinger, tel qu’il le comprend, l’abbé Barthe a recours à l’image d’une « remontée de l’intérieur », il l’applique prioritairement à la question liturgique :

« S’il est vrai que la nouvelle liturgie a été la transposition cultuelle du bouleversement ecclésiologique de l’événement Vatican II, il est clair qu’à l’inverse que la « remontée de l’intérieur » chère à Benoît XVI se manifeste tout d’abord par une resacralisation de la liturgie. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Et l’abbé Barthe de prétendre que Ratzinger chercherait l’appui des forces de la Tradition catholique pour le supporter dans sa remise en cause de Vatican II :

« Un nœud lie deux éléments de la pensée ratzinguérienne : d’une part, une critique implicite, sous forme de « bonne interprétation », de la réforme de Paul VI, au moins telle qu’elle s’est développée sur le terrain ; et d’autre part, un désir plus ou moins marqué selon les cas, d’« œcuménisme » en direction du monde traditionnel, considéré comme un conservatoire de la liturgie et de la doctrine d’« avant ». » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Porteurs de cierges dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

Et, nous arrivons là au but véritable de l’abbé Barthe, il s’agit d’unir toute la Tradition catholique, qualifiée de « pôle tridentin », autour de Ratzinger :

« Pour donner une note « politique », je dirai que tout pousse les deux pôles tridentin et ratzinguérien, certes très inégaux quant à leur importance numérique, non pas à fusionner mais à établir un front commun, tant du point de vue de la mission pastorale dans les diocèses français en voie de désertification, que du point de vue de la liturgie. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Et l’abbé de Cacqueray d’accourir pour soutenir ce « front commun » des pôles tridentins et ratzinguérien en y précipitant l’œuvre de préservation du Sacerdoce de Mgr Lefebvre :

« Si la Fraternité change de stratégie et adopte les accords pratiques, parce que finalement la question est là, est-ce que nous avons davantage de chance de pouvoir obtenir la progression de la Tradition en acceptant maintenat une évolution canonique »

« Le combat que nous menons c'est le combat pour le retour de Rome à sa Tradition »

« Et finalement c'est la seule question qui nous importe, quelle est la manière de mettre fin à cette horrible crise de l'Eglise et que Rome retrouve sa Tradition. » abbé de Cacqueray, 27 sept.2006

Mais quel va donc en être le moyen pour l’abbé Barthe ? il pousse alors l’idée de « réforme de la réforme », et sous-entend le Motu proprio pour la « libéralisation » du rite de Saint Pie V :

« Assurément, si d’une part, en certains lieux, paroisses, communautés, la « réforme de la réforme » allait assez loin pour offrir aux catholiques attachés au rite tridentin la possibilité de participer à des cérémonies en faisant une place conséquente aux formes traditionnelles, et si d’autre part, la libéralisation du rite de Saint-Pie-V était assez conséquente, le mouvement de transition serait considérablement accéléré. » Abbé Barthe, 20 novembre 2006

Le révérend Chadwick s’inscrit dans la même perspective et la double d’une extension des facilités accordées au « pôle tridentin » envers les anglicans du TAC. Pour le révérend Chadwick le futur document de Motu proprio tant attendu par les abbés Lorans et de Cacqueray ainsi que par Mgr Fellay, symbolisera l’ « unité dans la diversité ».

« Nous connaissons nos faiblesses et nos forces, et nous faisons confiance que l'Eglise catholique romaine contemporaine va assumer ces différences comme avec ceux qui s'attachent à la tradition tridentine. C'est seulement aujourd'hui que l'Eglise catholique romaine commence à concevoir l'unité dans la diversité, à l'évidence de la possibilité que Benoît XVI fasse sortir un document pour libérer l'usage du rite pré-conciliaire pour ceux qui le veulent. C'est incroyable que certains évêques français ne peuvent pas tolérer la présence de deux rites dans l'Eglise alors que la messe dite de Paul VI n'est pas uniforme entre deux paroisses de leurs diocèses ! Le "glasnost" et "perestroika" qui arrivent dans l'Eglise ne peuvent qu'encourager les catholiques anglicans dans notre démarche d'unité. » Révérend Chadwick

Nous voyons ainsi par la convergence, sinon l’identité des discours, combien le projet de l’abbé Barthe de réunir la Tradition catholique (FSSPX incluse) autour de Ratzinger procède du même modèle que le développement de la High Church et de son succédané contemporain, le TAC, vis-à-vis de la Communion Anglicane.

Le pivot d’une telle stratégie, voilà pourquoi il a été suggéré à Mgr Fellay et à l’abbé de Cacqueray de se lancer dans le préalable de la « libéralisation » du rite de Saint Pie V. Nous voyons aujourd’hui la manifestation de cette mise en application de la stratégie de l’abbé Barthe lorsque les autorités de la FSSPX lance l’imposture du « bouquet » spirituel du million de chapelets ou lors du lancement de l’opération DVD par l’abbé de Cacqueray le 7 décembre 2006.

« Ecce Agnus Dei » dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

Ce même abbé de Cacqueray qui ose aller jusqu’à affirmer que Ratzinger aurait désormais rejoint Mgr Lefebvre dans son diagnostic sur la révolution de l’Eglise. L’abbé de Cacqueray répercute le discours que lui tient l’abbé Lorans, membre du G.R.E.C. Cela s’est passé le 27 septembre 2006 à la Mutualité à Paris :

« Paul VI d'abord mitigé, puis le pape Jean-Paul II puis Benoît XVI qui finalement vont porter le même diagnostic que celui qui était porté au départ par Mgr Lefebvre et à sa suite par la Fraternité »

« Nous voyons nettement (...) Rome actuellement (...) le pape et les principaux de ses collaborateurs avouent cette crise de l'Eglise que Mgr Lefebvre avait diagnostiqué et aperçu très longtemps à l'avance. Nous voyons clairement cette nécessité où Rome s'est trouvée de s'aligner sur ce que Mgr Lefebvre avait dit. » Abbé de Cacqueray, 27 septembre 2006, Paris

Et le révérend Chadwick approuve l’intégration de la FSSPX au sein de l’Eglise conciliaire. Il met directement en parallèle ce « processus d’intégration » et cette « réforme de la réforme » dont il dit explicitement qu’elle a son modèle anglican dans la « réforme de la réforme » de Cranmer opérée par la High Church au XIX° siècle.

« Je crois à la réforme de la réforme, comme nous avons fait dans l'anglicanisme. Il faut surtout restaurer la messe face à l'orient - que ces autels superflus dans les églises disparaissent peu à peu ! Il faudrait le rite de Pie V pour ceux qui le veulent et qui le connaissent. Pour les autres catholiques, il faut un rite simple, sobre et facile à suivre - mais pas banal ou ayant l'effet de tuer l'esprit de ceux qui y assistent.

Personnellement, je n'aime pas la Fraternité Saint Pie X - et j'ai trop souffert de certains prêtres et de supérieurs de communauté - mais ils ont tous leur place dans l'Eglise catholique romaine. Je crois que les polémiques vont finir par s'estomper.

Pour comparer cette situation à celle de chez nous au 19e siècle, il faut connaître un peu l'histoire de l'anglicanisme. La restauration a commencé par la doctrine au 17e siècle, et ensuite dans l'expression liturgique au 19e. La high church a influencé la low church. Les églises anglicanes ressemblant aux temples calvinistes sont très rares en Angleterre. Les autels de la Cathédrale de Canterbury sont en pierre et faces à l'orient. Les églises anglicanes "modérées" ont l'apparence de ce qui aurait été vu comme extrêmement high church aux années 1860. Je compte à voir le même processus dans l'Eglise catholique romaine, non seulement chez les tradis, mais aussi chez les innombrables jeunes prêtres diocésains qui aspirent aussi à autre chose que l'époque révolue des années 1960 et 70...

Je crois qu'une partie de notre vocation anglicane est de faire connaître notre expérience afin de montrer qu'une restauration est possible, même s'il faut du temps. » Révérend Chadwick[14]

Mgr Lefebvre eût certainement sursauté en entendant un anglican prôner l’intégration de la FSSPX au sein de l’Eglise conciliaire, tout autant qu’en entendant que ses combats contre la liberté religieuse, l’œcuménisme ou la collégialité n’étaient rien d’autre que des « polémiques » destinées à s’estomper.

Mais Mgr Lefebvre eût été encore plus scandalisé en découvrant que son successeur à la tête de la FSSPX, Mgr Fellay, déploie la plus grande énergie à rentrer dans ce schéma inspiré du modèle anglican du Pasteur Pusey et des Tractariens.

Dernier évangile dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

L’abbé de Cacqueray présente la supposée volonté de Rome de rétablir un usage du rite de Saint Pie V comme « incompressible » et ne posant aucun problème, ne suscitant aucune suspicion sur les arrières-pensées d’un tel plan :

« La messe de saint Pie V a connu une nouvelle expansion qui semble devenue incompressible

Il y a un phénomène d'expansion de la messe de Saint Pie V qui se produit autour de la Fraternité, je veux parler bien entendu des instituts Ecclesia Dei où les prêtres célèbrent la messe de Saint Pie V

D'une certaine manière le phénomène d'expansion de Saint Pie V paraît incompressible »

« Il y a un mouvement en faveur de la messe de Saint Pie V qui vient de Rome. Il est possible que du vivant de ce pape là on arrive à une liberté de la messe de Saint Pie V. La liberté semble devoir lui être donnée »

« Aujourd'hui il y a certaines nuances du discours romains qui montrent que Rome ne se trouve plus aussi assuré pour tenir un langage de condamnation. Le pape Benoît XVI a parlé à Mgr Fellay du vénéré Mgr Lefebvre. Le pape Benoît XVI a reconnu qu'il y avait un cas de nécessité pour la France et l'Allemagne » Abbé de Cacqueray, 27 septembre 2006, Paris[15]

Le plan que décrit l’abbé Barthe est intelligent. Ce n’est pas lui qui la conçu, mais il est repris de l’expérience anglicane, le chroniqueur religieux de Catholica en est devenu l’agent discret depuis au moins 1997. Après son expulsion de la FSSPX, puis son échec dans l’organisation du réseau de l’Institut Cardinal Pie dans les années 1980, l’abbé Barthe s’est cherché une nouvelle activité.

Se prétendant en état d’ « apesanteur canonique », déchargé de véritable charge de paroisse, il a disposé d’un presque temps plein pour développer une activité multi-tentaculaire au service de la mise en place d’un réseau en vue de la capture de la FSSPX et de la réussite de la « réforme de la réforme ». Ne disposant pas visiblement des moyens que procure une paroisse ou l’appartenance à un Institut ou une Fraternité, nous nous interrogeons sur les sources de financements de toute cette activité de l’abbé Barthe.

Il a été parti prenante, presque dès la fondation du G.R.E.C. de l’abbé Lorans en 1998, puis il a participé à des colloques publics qu’organisaient ses comparses, les abbés de Tanoüarn ou Lorans. Il a agi au sein de la révolte des Mutins contre Mgr Fellay à l’été 2004, il a ensuite participé au congrès des mutins le 6 février 2005, il a aidé l’abbé de Tanoüarn pour lancer le Centre Saint-Paul dès son expulsion, son nom est également lié à la mise en place de l’Institut du Bon Pasteur[16], il est réapparu dans les rendez-vous suivants à la Mutualité en novembre 2005 et novembre 2006.

Il participe activement au C.I.E.L. (Centre International des Etudes Liturgiques)[17], et vient d’y prononcer en septembre 2006 une conférence[18] à Oxford, dans un collège Anglican, il participe assidûment au G.R.E.C., et y a prononcé le 28 avril 2006 une conférence (« Proposition pour une paix dans l’Eglise ») qui donne pour ainsi dire la « feuille de route » de Mgr Fellay[19]. Le numéro 93 de Catholica (automne 2006) a publié le texte de cette intervention. Emmanuel Ratier écrit dans Faits et documents que l’abbé Barthe est un ami personnel de Ratzinger.

En affirmant que Mgr Fellay applique ce qu’explicite l’abbé Barthe, l’abbé Lorans, son comparse du G.R.E.C., jouant la courroie de transmission, nous pensons ne pas être loin de la vérité.

Mgr Fellay avec la lettre de juin 2006 de Castrillon Hoyos
qui lui propose un « statut canonique » inespéré

Il faut en effet nuancer cette affirmation, car le réseau allemand animé par l’abbé Schmidberger est également actif. Il ne faut pas non plus oublier finalement le rôle obscur de Mgr Williamson dont la tâche consiste à surveiller, contacter et neutraliser toute réaction qui s’avérerait un peu trop dangereuse. Nous aurons l’occasion de revenir sur la fausse opposition stérile de Mgr Williamson, car là aussi l’éclairage de l’anglicanisme s’avère fructueux pour mieux comprendre les rôles occultes et les stratégies secrètes qui influencent la FSSPX depuis la mort de Mgr Lefebvre.

Si nous devions illustrer l’abbé Barthe en reprenant l’exemple d’un des hommes de réseaux qui ont fait avancer la révolution de l’Eglise avant Vatican II, parmi l’abbé Portal, Dom Beauduin, Dom Botte ou d’autres, nous retiendrions la figure du Père Couturier. Egalement déchargé de tout ministère, il s’est consacré entièrement à l’œcuménisme. Le révérend Chadwick rend d’ailleurs hommage à l’abbé Portal et au Père Couturier.

Après tout ce que nous venons de citer et les autres textes du site Civitas Dei[20], il est plus que certain que le révérend Chadwick va approuver totalement l’opération DVD « Rite de Saint Pie V » que va lancer l’abbé de Cacqueray, aux côtés de l’abbé de La Rocque, dans leur conférence de presse du 7 décembre 2006 à Paris.

Procession de sortie dans une « messe » anglicane invalide (Philadelphie 2006)

4          La « réforme de la reforme » initiée par Ratzinger et vantée par l’abbé Barthe et le reverend Chadwick

4.1        L’abbé Barthe et Yves Chiron annoncent le début de la « réforme de la réforme »

Sortant de l’ombre et intervenant désormais directement sous son nom dans le Forum Catholique, l’abbé Barthe publie le 23 novembre 2006 un court article[21] intitulé « La réforme de la réforme a-t-elle commencée ? » au sujet de la note d’Arinze pour que le « pro multis » du canon du rite de Montini-Paul VI cesse d’être traduit par « pour tous » afin d’être traduit par « pour beaucoup » dans les éditions vernaculaires du missel. Et l’abbé Barthe de conclure :

« Tout cela montre surtout que la libéralisation annoncée de la messe tridentine fait partie d’un projet beaucoup plus vaste qui, s’il arrivait à prendre forme, viserait à remodeler le nouveau missel. » Abbé Barthe, 23 novembre 2006

Le 25 novembre 2006, Yves Chiron, admirateur de Hans Urs von Balthazar, reprend l’information dans sa lettre n°100 d’Alethia[22]. Il annonce aussi le commencement de la « réforme de la réforme » et y voit une sortie « par le haut ». Sortie par le haut ? ou sortie de l’Eglise conciliaire la Haute Eglise ? Voilà un auteur qui se laisse entraîner dans le grand schéma anglican à moins qu’il ne soit consentant.

Dans un grand mimétisme qui doit réjouir l’abbé Barthe, l’abbé de Cacqueray emboîte le pas et fait publier un commentaire sur le site officiel du District de France de la FSSPX.[23] Il prétend y voir « une petite bombe théologique et liturgique dans le périmètre de l’ « Eglise conciliaire » ». Il n’a pas bien saisi que loin d’avoir des effets dévastateurs dans l’Eglise conciliaire, cette décision romaine va contribuer à faire appliquer le plan d’inspiration anglicane décrit par l’abbé Barthe et faire rentrer la FSSPX dans une structure invalide où la FSSPX sera placée sous la même autorité que la future « Eglise catholique de rire Anglican » en cours de négociation actuellement entre Ratzinger et John Hepworth, le « Mgr Fellay anglican ».

Le 2 décembre l’abbé Barthe intervient à nouveau dans le même Forum Catholique pour, citant un article de Stéphane Wailliez à paraître, faire des révélations sur la forme que pourrait prendre la promulgation du Motu Proprio et la réforme de la réforme par Ratzinger[24] :

« Peut-on imaginer que Benoît XVI appuie la réforme de la réforme par une célébration dans une paroisse romaine, en latin, face au Seigneur et, mieux encore, que le futur document libéralisant la messe tridentine soit accompagné d'une célébration de cette messe par le pape lui-même ? » Abbé Barthe, 2 décembre 2006

Très bien informé par Rome, car il est un « tireur de ficelles » privilégié et particulièrement actif depuis 1997, l’abbé Barthe nous lance là une information puisée aux meilleures sources. Cette promulgation aurait-elle également lieu le 8 décembre 2006 pour la fête de l’Immaculée Conception ? Ce serait le « miracle » du Bouquet !

4.2        La première évocation publique de la « réforme de la réforme » par l’abbé Ratzinger en 1995

Nous citons ici l’étude « L’AngliCampos » de CSI-Diffusion[25], parue le 5 juillet 2005 et que nous avons publié sur notre site. Les annexes citées dans l’étude de CSI-Diffusion se trouvent dans le document « L’Anglicampos ».

Début de la citation de CSI-Diffusion

4.2.1      Un personnage actif : Robert Moynihan, directeur de la revue anglophone Inside the Vatican

Ancien étudiant de l’université de Yale (université connue pour être le berceau des Skull & Bones dont la famille Bush et John Kerry sont membres), Robert Moynihan a réalisé une thèse de doctorat sur « L’influence de Joachim de Flore sur les premiers franciscains ». Il a d’ailleurs donné des conférences sur ce thème à l’université de Yale en 1984, et à l’American Academy de Rome en 1986. Joachim de Flore est connu pour être apprécié des milieux gnostiques.

Correspondants de médias américains (CNN, Time Magazine,…), il dirige la revue Inside the Vatican qui a son siège à Rome, et se veut très bien informée sur les questions qui se discutent au sein de la Curie romaine.

R.Moynihan est également l’auteur d’un travail : « Une nouvelle Inquisitio ? Une histoire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sous le cardinal Joseph Ratzinger ». A ce titre, il a été amené à rencontrer très souvent Ratzinger et des contacts privilégiés se sont créés.

Dès 1995, l’abbé Ratzinger explique à Robert Moynihan qu’il vient de recevoir une note qui semble avoir ses faveurs et qui préconisent une réforme liturgique pour corriger la situation catastrophique née de la mise en œuvre du Novus Ordo Missae de Montini.

« Ratzinger a, de façon répétée, déclaré sa grave préoccupation au sujet de la pratique liturgique catholique romaine (…) et son espoir que les problèmes seraient traité un jour par une « réforme de la réforme »

« La position de Ratzinger n’est pas que le concile Vatican II fut une erreur ou lui-même la cause des abus et des scandales liturgiques qui ont suivis, mais que le concile Vatican II a été, par des voies substantielles, trahi. »

« Ratzinger avait déclaré au journaliste catholique italien, Vittorio Messori, en 1984, que « dans ses décisions officielles, dans ses documents authentiques, Vatican II ne pouvait pas être tenu pour responsable de cette évolution qui, au contraire, contredisait radicalement à la fois l’esprit et la lettre des Pères conciliaires » »

« ratzinger dit qu’il avait été beaucoup impressionné par un article qui lui avait été récemment envoyé pour qu’il le revoie. L’article appelait à un « nouveau mouvement liturgique » et à une « réforme de la réforme » du concile Vatican II ».

« Mais l’auteur affirmait qu’il simple retour à l’ancienne Messe, comme proposé par la Fraternité Saint Pierre et les autres, ne constituait pas la solution au problème ». Ratzinger continua. « Il dit que nous devons, finalement, poursuivre la réforme liturgique comme cela était désiré précisément par le concile. Car, il argumentait, la réforme liturgique effectuée par le Concilium post-conciliaire (la commission spéciale sur la liturgie mise en place par Paul VI pour réaliser la réforme liturgique) ne correspond pas à la Constitution sur la liturgie du concile ».

« Puis il explique ce qu’une réforme liturgique serait si elle était développée selon les lignes du texte conciliaire. Ses idées sont très intéressantes, et très précises »

« Et il argumente que cela pourrait, potentiellement, apporter la paix entre les courants libéraux et conservateurs dans l’Eglise (…) C’est un projet qui mérite une étude plus approfondie, je dirais… » Ratzinger, propos du 4 juillet 1995 rapportés par Robert Moynihan (Voir Annexe I).

Ainsi dès 1995, Robert Moynihan est mis au courant par Joseph Ratzinger de ce qui va devenir l’après Jean-Paul II. Deux à trois ans plus tard, l’équipe de Cambridge, surtout Catherine Pickstock, commence à publier sur ce thème et se trouve rapidement médiatisée par le congrès de Christi fidelis, puis par différentes revues, notamment la revue Catholica de l’abbé Barthe.

Robert Moynihan s’est aussi distingué en titrant, dans Inside the Vatican, sur « L’amant des amants » dès le lendemain de l’élection de l’abbé Ratzinger. Il a aussitôt publié des articles qui montraient les rapides changements d’attitude des orthodoxes envers Rome en faveur de l’œcuménisme. Il rejoignait en cela les travaux du dominicain de Cambridge, le Père Adrian Nichols, dont le numéro de mai 2005 publie le dernier article au sujet d’une réunion de l’Eglise conciliaire avec les orthodoxes. Dans cet article, Nichols va même jusqu’à détailler la forme que pourrait prendre la Curie romaine, en cas de rabaissement de la papauté au rang d’un patriarcat latin, et dans une fédération avec les orthodoxes et les anglicans.

Robert Moynihan, est donc un membre actif et en pointe du réseau de Ratzinger et de ses ramifications anglicanes de Cambridge.

Fin de la citation de CSI-Diffusion

4.3        Les réseaux d’influence du mouvement théologique anglican Radical Orthodoxy au service de la « réforme de la réforme » de l’abbé Ratzinger

Nous citons ici l’étude « L’AngliCampos » de CSI-Diffusion[26], parue le 5 juillet 2005 et que nous avons publié sur notre site. Les annexes citées dans l’étude de CSI-Diffusion se trouvent dans le document « L’Anglicampos ».

Début de la citation de CSI-Diffusion

4.3.1      L’entrisme de Catherine Pickstock dans les milieux conservateurs conciliaires et Ecclesia Dei

Une bonne illustration nous est fournie par la promotion de Catherine Pickstock lors du colloque de Christi fideles le 15 mai 1999 à New York. Organisé par la mouvance Ecclesia Dei favorable au rite tridentin, le Père Mole, âgé de 83 ans, introduit Catherine Pickstock comme la « Catherine de Cambridge » qui pourrait sauver le rite traditionnel comme sainte Catherine de Sienne a restauré la Papauté à Rome. Puis le cardinal O’Connor, présent au congrès, la présente dans son sermon à Saint Patrick comme la « John Henry Newman de notre temps ». Son livre « « Après avoir écrit : la consommation liturgique de la liturgie » (1998) est présenté comme la défense la plus rigoureuse et la plus fidèle du rite Romain depuis une génération. (Voir Annexe F).

Puis toujours lors du même congrès le frère Perricone, organisateur de Christi fideles, annonça le désir du cardinal O’Connor de rencontrer Catherine Pickstock, et transmit également le message que le cardinal Ratzinger voulait également la rencontrer et discuter sa thèse à la première occasion possible (Voir Annexe F).

Pour Catherine Pickstock, les réformateurs liturgiques de Vatican II ont « non seulement détruit la beauté et le mystère et l’import théologique de la messe mais ont aussi contribué à détruire la civilisation que la liturgie du Rite Romain avait construite ». Critiquant les réformateurs de 1969, qui avait seulement « considéré la Messe comme un texte qui nécessitait un bon éditeur », elle affirma que la Messe est un « poème doxologique remplit d’une finalité transcendente par laquelle l’homme se bat avec la réalité choquante de l’incarnation et du sacrifice ». Un tel jargon moderniste est devenu courant dans les milieux conciliaires, il traduit les progrès des influences gnostiques qui ont recouvert les vestiges de culture théologique catholique précise et rigoureuse qui a toujours été celle de l’Eglise jusqu’à sa subversion et son éclipse par l’Eglise conciliaire.

Bien que critiquant les réformateurs de 1969 et du NOM, Catherine Pickstock ne soutient pas le retour à l’ancien rite tridentin. En effet, selon elle, « lorsque les néo-traditionnalistes aujourd’hui parlent de rétablir l’ancien Rite Romain, ils doivent comprendre que le rite dans la culture d’aujourd’hui prendra une forme différente et aura un impact différent de ceux qu’il avait lorsqu’il était la norme. ». (Voir Annexe F). Il s’agit donc d’une réforme de la réforme que fut le NOM et non d’un rétablissement du rite catholique Tridentin. Sur ce point, les déclarations publiques de Catherine Pickstock à New York sont identiques aux propos que le cardinal Ratzinger tenait à Robert Moynihan en 1995 à Rome dans son bureau de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Notons au passage que cette idée d’une réforme qui serait plus traditionnelle sans revenir à la Tradition de l’Eglise, est également développé sur un plan plus générale, et pas simplement liturgique, par l’abbé Barthe dans le numéro 747 (14 mai 2005) de Monde et Vie, lorsqu’il déclare :

« Benoît XVI est prêt à accorder la « liberté » ou une grande liberté au rite tridentin, à condition que les tridentins reconnaissent la légitimité du rite montinien… Il faudra donc, à mon sens, que les traditionalistes répondent en substance à Benoît XVI : nous sommes prêts à célébrer un rite « paroissial » et même à le favoriser au maximum, à condition qu’il ne s’agisse plus du rite réformé, mais d’une réforme du rite réformé, par exemple avec canon romain, offertoire sacriifciel et messe « face à Dieu » ». Abbé Barthe

Déjà au printemps 2004, dans un article de Catholica intitulé « Transition pour une sortie », l’abbé Barthe donnait les grandes lignes de l’application de ces théories partagées avec Catherine Pickstock :

« Il s'agit de se guérir par étapes de l'esprit qui a présidé à la confection de la nouvelle liturgie. Ce projet d'évolution du rite réformé vers le rite non réformé gagne d'ailleurs du terrain dans les esprits sous le thème de « réforme de la réforme ». Chez ceux qui l'évoquent, elle consisterait, comme l'expression l'indique, à réformer le rite de Paul VI en fonction de la tradition liturgique ro­maine, c'est-à-dire concrètement en direction du rite de saint Pie V, qui reste la référence obligée. »

« Il faut que l'intention poursuivie, la « retraditionalisation » du rite, qualifie positivement les étapes qui, con­sidérées en elles-mêmes, pourraient apparaître comme marquées par une trop grande sécularisation. Ces étapes seront parfaitement admissi­bles pour tous, en fonction de la fin recherchée, c'est-à-dire le retour à un rite redevenu lex orandi, profession de foi cultuelle. Une liturgie en cours de « traditionalisation » est déjà une liturgie traditionnelle. »

Cet état d’esprit n’est pas catholique et cette formule anti-catholique fera date : « une liturgie en cours de retraditionalisation est déjà une liturgie traditionelle » devant ce Lego liturgique irrespectueux de Dieu, Dom Guéranger doit se retourner dans sa tombe !

Puis l’abbé Barthe poursuit dans le même article son application des principes de Catherine Pickstock :

« En soi, cette reconnaissance par les responsables ecclésiaux, ou du moins cette partie des responsables que nous avons par ailleurs qualifiés de « déçus du Concile »(…), pourrait paraître inacceptable : dans la mesure où les contraires seraient admis à égalité cela semblerait entériner le fait que l'Eglise est en état d'œcuménisme. Ce serait en effet le cas si cela se faisait toutes choses restant en l'état, dans une maison commune où les propositions incom­patibles (…) auraient de soi droit d'existence et d'expression. Mais précisément l'essence de tout processus de transition est d'être un passage voulu vers un autre état, en l'espèce une nouvelle situation ecclésiale. » Abbé Barthe.

Ainsi nous les principes de Radical Orthodoxy visent à entraîner les catholiques fidèles à la Tradition, vers un ailleurs indéterminé, mais qui ne serait en aucun cas le retour à la Tradition.

4.3.2      L’écho de Radical Orthodoxy en France dans la revue Catholica (abbé Barthe)

L’abbé Barthe et Bernard Dumont sont sans doute ceux qui ont le plus relayé en France les auteurs et les idées de Radical Orthodoxy. Nous reproduisons ici plusieurs articles parus dans leur revue Catholica.

(…)

Déjà apparu au premier plan parmi les mutins qui ont essayé de subvertir la FSSPX à Paris d’août 2004 à l’échec du congrès des mutins le 6 février 2005 à la Mutualité, l’abbé Barthe a développé tout un réseau d’influence au sein des milieux parisiens. Après avoir été écarté de la FSSPX pour sédévacantisme au début des années 80, l’abbé Barthe a participé avec Bernard Dumont à la très curieuse aventure de l’Institut Cardinal Pie (ICP) (voir le mémoire d’Anne Perrin intitulé « Autorité et charisme », dirigé par Jean Bauberot et soutenu en présence d’ Emile Poulat en 1999). Il semble qu’à partir des années 1998, il se soit fait le relais des idées Ratzinguériennes et de Radical Orthodoxy en France, à savoir la « réforme de la réforme ». Il s’est proclamé Una Cum lors de la récente élection de l’abbé Ratzinger, et a été immédiatement propulsé sur la scène nationale par les ‘Hors Série’ du Figaro (Michel de Jaeghere) et Monde et Vie (Olivier Pichon). Signalons que Michel de Jaeghere vient de prendre récemment le contrôle de l’association Saint François de Sales qui gère tout un patrimoine immobilier parisien et dispose d’un pactole financier appréciable.

Voici quelques uns des articles de Catholica consacrés à Radical Orthodoxy :

·        ‘Entretien : liturgie et philosophie’ Catherine Pickstock (Catholica N°61 – automne 1998)

·        ‘Deux contributions’ Catherine Pickstock dont son intervention au congrès de Christi Fideles el 15 mai 1999 à New York (Catholica N°65 – automne 1999) (Annexe A)

·        ‘Programme de Radical Orthodoxy’ par Russel R.Reno (publié en anglais par First Things en février 2000, puis repris en français par Catholica en janvier 2001 dans le N°70) (Annexe C)

·        ‘Radical Orthodoxy’ Jean-Paul Maisonneuve (Catholica N°84 – été 2004) (Annexe D)

4.3.3      Les éditions Ad Solem de Grégory Solari, éditeur genévois des auteurs gnostiques (J.Borella) et des auteurs anglicans de la High Church (C.Pickstock)

Les éditions Ad Solem ont publié des ouvrages qui développent des influences très ciblées. Tout d’abord nous remarquons la présence de Jean Borella au catalogue. Dénoncé par Jean Vaquié dans un Cahier Barruel (L’école moderne de l’ésotérisme chrétien), Jean Borella est connu pour être un écrivain gnostique, adepte du système ternaire et des diverses théories propres à l’ésotérisme. Le scandale provoqué en septembre 2003 par la parution de « La paille et le sycomore » sous la plume de l’abbé Grégoire Celier[27], (…) au sein de la FSSPX, a fait connaître à nos lecteurs l’entrisme de Jean Borella à l’Institut Saint Pie X, à l’époque de l’abbé Lorans. Il fallut une intervention de Mgr Lefebvre pour mettre un terme à cette infiltration.

Parmi les autres auteurs au catalogue d’Ad Solem figure le Père Gitton, préfacé par le cardinal Ratzinger. Le Père Michel Gitton a dirigé la revue Résurrection, où se formèrent les fondateurs de l’édition française de Communio. Cette revue développe la pensée du théologien allemand Hans Urs von Balthazar, apprécié de Ratzinger et aussi des tenants de Radical Orthodoxy. Parmi eux figure Jean-Luc Marion, philosophe français et qui collabore avec John Milbank à divers travaux. Il est proche de Radical Orthodoxy.

Ad Solem publie aussi Newman et Maître Eckhart, et bien entendu les auteurs de Radical Orthodoxy (Catherine Pickstock,…). Ad Solem présente aussi à son catalogue un ouvrage du dominicain Aidan Nichols, de Cambridge.

4.3.4      L’écho de Radical Orthodoxy en France dans la revue Kephas (abbé Bruno Le Pivain)

L’abbé Bruno Le Pivain dirige la revue Képhas qui se veut une revue intellectuelle de bonne tenue du milieu Ecclesia Dei. Il est lié à Grégory Solari.

« Kephas – Abbé Bruno Le Pivain

Vous publiez également beaucoup autour de la liturgie. On peut notamment signaler l'ouvrage du Père Aidan Nichols, Liturgie et modernité, la version française de L'esprit de la liturgie du Cardinal Ratzinger, qui fit grand bruit, et récemment encore ce livre du Père Gitton, Initiation à la liturgie romaine, mais aussi Pierre Gardeil et Olivier Thomas Venard, bien connus des lecteurs de Kephas. Est-ce exagérer que d'imaginer votre travail d'éditeur, mutatis mutandis, comme une « quête eucharistique », expression empruntée à l'ouvrage de Catherine Pickstock autour de saint Thomas d'Aquin et de l'eucharistie ?

Grégory Solari

Dixit et facta sunt ! Que la parole réalise ce qu'elle dit, que le mot fasse être devant le lecteur ce qu'il lit : c'est au fond le désir secret de tout éditeur, en tout cas le mien ! Dans le livre que vous citez, Catherine Pickstock montre admirablement comment le langage, et donc toute parole, participe des paroles de la consécration. Dans les paroles du Christ, le langage humain — et en lui toute la culture humaine — fusionne avec le Logos divin et nous rend « co-célébrants dans toutes les paroles que nous prononçons ».

À cet égard, Pierre Gardeil et Olivier-Thomas Venard ont une place à part dans notre catalogue. Chacun à leur manière, ils ont cherché à montrer la dimension « eucharistique » de la culture. Pierre Gardeil en visitant de grandes œuvres littéraires, théatrâles ou cinématographiques dans ses Quinze regards sur le corps livré et Mon livre de lectures. Olivier-Thomas Venard en dégageant la poétique de la théologie de saint Thomas d'Aquin, faisant en trois mouvements (qui correspondront à trois volets — littéraire, philosophique, théologique — de son livre) s'enrouler la prose de la Somme autour de l'axe diaphane de l'Adoro te devote. Voilà pour l'aspect « théorique », au sens de la theoria des Pères.

Mais l'eucharistie contemplée dans ses extraordinaires implications culturelles (voire politique dans le livre de William Cavanaugh, Eucharistie et Mondialisation) c'est aussi et avant tout celle qui est célébrée aujourd'hui dans la liturgie. Et là, force est de constater qu'il y a un écart, une dénivellation entre la praxis et la theoria. La ligne liturgique que vous mentionnez essaie de contribuer à la réduction de cet écart dans la pratique, sans opposer rite contre rite, bien qu'avec David Jones et tous les artistes, poètes, écrivains qui adressèrent une supplique au pape Paul VI dans le Times du 6 juin 1971, nous croyons que le maintien, ou la possibilité, de la célébration du rite dit « traditionnel » dans les grandes villes ou les grands sanctuaires de l'Église d'Occident est la seule manière pour l'Europe de ne pas perdre complètement sa mémoire, et donc la spécificité de sa culture. Là aussi j'espère qu'un jour ce que le cardinal Ratzinger, parmi d'autres, a dit soit fait... » (Kephas – février 2004) (Annexe J)

Fin de la citation de CSI-Diffusion

4.3.5      Le Révérend Chadwick fait l’éloge de Radical Orthodoxy

Sur son site internet, le représentant du TAC en France se livre à un éloge appuyé de ce mouvement théologique Cambridgien.

“The first thing I am am going to throw out to readers is the result of some of the things I have been reading on the Internet, particularly Radical Orthodoxy and the Emerging Church movement.

Obviously, the fairly convoluted theories of Milbank and the 'emerging churchers' will raise eyebrows among ordinary lay people ! Not everything these people say is right, and I am aware that it is dangerous to be guided by the opinion or teaching of one source or person.

What is interesting in Radical Orthodoxy is that it tries to short-circuit many of the errors that have led to the present rift between modernity and tradition. By back-tracking, we find many of today's problems in medieval and earlier tendencies in theology and philosophy. We look for what is wholesome and abiding, and build on that for use in the mission among our contemporaries.

Radical Orthodoxy can perhaps be perceived as a re-birth of theology following the collapse of decadent scholasticism, the Reformation and Counter-Reformation. It is an all-encompassing approach to theology, including the contribution of art and culture. But, Radical Orthodoxy is limited by taking on the characteristics of a romantic dream. It is the product of unversity-based academism and not the life of a Church, and thus runs the risk of becoming a new clerical 'scholasticism' (even though most of its protagonists are lay people). However, it is a valuble contribution to our thought and understanding of the liturgical life where it is still authentic. The Oxford Movement also began as an academic movement, but was never totally detached from pastoral reality.” Révérend Chadwick[28]

Bernard Dumont, l’abbé Barthe et le révérend Chadwick se retrouvent ainsi sur la même ligne théologique qui apporte les fondements de la « réforme de la réforme ».

5          Conclusion

En guise de conclusion à cette étude qui vient compléter les deux précédentes études sur ce sujet, nous mentionnons les points suivants :

L’opération Anglo-Tridentine pour abuser la FSSPX est l’un des volets, ultime, de l’Opération Rampolla[29]


6          Annexe 1 - Les fondements théologiques, Radical Orthodoxy, promus par la Cambridgienne Catherine Pickstock, l’abbé Barthe et le reverend Chadwick

Nous citons ici l’étude « L’AngliCampos » de CSI-Diffusion[30], parue le 5 juillet 2005 et que nous avons publié sur notre site. Les annexes citées dans l’étude de CSI-Diffusion se trouvent dans le document « L’Anglicampos ».

Début de la citation de CSI-Diffusion

6.1        Quelques figures principales de Radical Orthodoxy

6.1.1      John Milbank

« Père fondateur du mouvement Radical Orthodoxy, John Milbank est depuis septembre 2004 professeur de religion, politique et éthique à l'université de Nottingham (Grande-Bretagne). Né en 1952 au nord de Mondres, cet anglo-catholique a enseigné aux unversités de Lancaster, Cambridge et Virginia (aux Etats-Unis.

Son livre capital "Theology and Social Theory" a lancé une réflexion profonde sur la sécularisation et l'alternative offerte par la théologie chrétienne. » Denis Sureau Président des éditions de l’Homme Nouveau

6.1.2      Catherine Pickstock

Théologienne anglicane de la branche tractarienne de la Haute Eglise, la branche anglo-catholique (voir Annexe A).

« Je suis née à New York, mais j’ai été élevée à Islington, puis à Highbury, au nord de Londres, et je suis allée à l’école à Highgate. Je suis fille unique. Mon appartenance religieuse est complexe : selon la convention juive, je suis entièrement juive. Mais du côté de mon père, nous sommes d’une lignée de socialistes et de syndicalistes méthodistes du Derbyshire. Mes grands-parents paternels m’ont introduite très jeune à la liturgie dans la tradition anglicane » Catherine Pickstock

« Nous sommes tous les trois, c’est certain, des héritiers des traditions de la High Church anglicane comme de celles du mouvement d’Oxford, et nous percevons Radical Orthodoxy comme relevant d’une tentative de revigorer la pensée anglo-catholique[31], quoique en alliance avec beaucoup de catholiques romains. Une grande partie des thèmes de notre ouvrage constituent le prolongement de tendances antérieures de la théologie anglo-catholique : le sacramentalisme, par exemple, et l’incarnationnisme, ainsi que l’intérêt pour Platon, l’insistance sur le fait que le salut consiste en l’appartenance à l’Église conçue comme la société véritable, et l’engagement dans la politique socialiste » Catherine Pickstock

« Je ne soutiens en aucun cas la position de Monseigneur Lefebvre, qui est loyale vis-à-vis des traditions de la Contre-Réforme et politiquement très conservatrice. » Catherine Pickstock

« La position de Monseigneur Mannion et du Père Nichols a toute ma sympathie » Catherine Pickstock

« Je suis favorable à l’ordination des femmes ainsi qu’à leur participation intégrale à chaque aspect de la liturgie » Catherine Pickstock

« Cette jeune théologienne et philosophe anglo-catholique britannique, ancienne élève de John Milbank, enseigne à Cambridge.

Spécialiste de Platon et de saint Augustin, elle est l'auteur d'une thèse (After writing, à paraître en français sous le titre de Lettre morte) qui montre comment l'eucharistie offre une réponse définitive aux problèmes de la philosophie du langage (notamment ceux soulevés par Jacques Derrida).

A la cité « laïque » qui coupe l’homme de sa participation en Dieu, elle oppose la vision chrétienne-sociale d’une cité liturgique. La participation en Dieu implique une participation sociale. Le renouvellement de l’homme intérieur s’accompagne du renouvellement de la communauté humaine, à partir de l’Eglise conçue comme le site initial de cette communauté renouvelée. Or c’est par la liturgie que l’homme et partant la société fait l’expérience de la participation en Dieu et rompt la monotonie de la vie séculière. » Denis Sureau Président des éditions de l’Homme Nouveau

6.1.3      William T. Cavanaugh

« Jeune, laïc et théologien

L’Amérique nous étonnera toujours. Pour preuve William T. Cavanaugh. Première originalité : ce jeune théologien professionnel est un laïc, marié, père de trois enfants, Finnian, Declan et Eamon. Une originalité vu de France, où les théologiens de métier sont presque tous clercs et où les bacheliers ne se lancent pas dans des études universitaires de théologie. Or c’est ce qu’a fait Bill, de façon brillante, en collectionnant les diplômes et les prix d’excellence, d’abord à l’University de Notre Dame (dans l’Indiana), puis à Cambridge, en Angleterre, où il a passé deux ans et découvert les britanniques joies de l’aviron.

Deuxième originalité : Bill ne se contente pas de défendre de défendre un catholicisme actif dans la cité. Il le vit. Avant de retourner au pays pour achever ses études, il a décidé de partir pour les bidonvilles de Santiago-du-Chili, afin d’aider à la construction de logements. Il a découvert là-bas une Eglise confrontée à la misère et à la violence. De cette expérience naîtra son premier livre, Torture et Eucharistie (traduction française à paraître ces jours-ci chez Ad Solem), une réflexion passionnante de théologie politique.

Troisième originalité : le catholicisme de Bill est universel. S’il enseigne maintenant à l’Université Saint-Thomas, à Saint-Paul, dans l’Etat du Minnesota, son second livre est paru en français aux éditions genevoises Ad Solem : "Eucharistie et mondialisation". Sa version anglaise remaniée est parue ultérieurement chez un éditeur écossais sous le titre "Theopolitical Imagination" (T & T Clark 2002). L’Eglise transcende les frontières. Passionné par ces travaux, l'archevêque de Grenade s'apprête à les publier en espagnol.

Quatrième originalité : la réflexion théologique de Bill progresse en interaction permanente avec les théologiens des autres confessions, tel son ancien directeur de thèse, Stanley Hauerwas, un Mennonite. Et il est un compagnon de route des penseurs anglicans du mouvement Radical Orthodoxy (Milbank, Pickstock, Ward).

En 2003, Bill a signé avec plus d’une centaine de théologiens américains un appel contre la guerre en Irak. Son prochain livre démontera le Mythe de la violence religieuse. Et si le renouveau théologique au XXIe siècle venait d’outre-atlantique ? » Denis Sureau Président des éditions de l’Homme Nouveau

6.2        Qu’est-ce que Radical Orthodoxy ?

Il s’agit d’un mouvement théologique lancé par des universitaires anglicans de Cambridge vers le début des années 1990, et qui depuis n’a cessé de s’étendre dans des milieux religieux très divers et suscite aujourd’hui une fédération de défenseurs entre les anglicans et des figures de la mouvance conservatrice ou Ecclesia Dei de l’Eglise conciliaire.

« La circulation en 1997 de deux manifestes au titre provocateur, "Radical Orthodoxy : Twenty-Four theses" ( !) et "Radical Orthodoxy : Twenty more theses", ainsi que la publication en 1998 d’un recueil intitulé "Radical Orthodoxy - A new theology" [2] ont provoqué une controverse dans le monde universitaire et ecclésiastique anglophone qui peut surprendre à une époque pauvre en adversité et riche en indifférence. Ecartée par les uns pour son arrogance et son orientation prétendue réactionnaire et saluée par les autres comme le plus grand mouvement depuis la "nouvelle théologie", Radical orthodoxy se pose elle-même comme le seul mouvement théologique contemporain capable de rendre à la théologie le statut qui lui revient, à savoir celui de « revendiquer le monde en situant ses préoccupations et activités dans un cadre théologique [...] c’est-à-dire en termes de Trinité, de christologie, d’Eglise et d’Eucharistie [... et], face à l’effondrement séculier de la vérité [...], de reconfigurer la vérité théologique ». [3] Si ses avocats et ses opposants s’accordent sur une chose, c’est que c’est là le mouvement théologique contemporain le plus débattu en terres anglo-saxonnes. (…)

Le réalisme théologique professé par Radical orthodoxy se veut nouveau, en ce qu’il entend reprendre et approfondir la philosophie chrétienne historiciste et pragmatique (dans le sillon de Maurice Blondel) et la ’nouvelle théologie’ (dans le sillon de Marie-Dominique Chenu, Henri de Lubac et Hans Urs von Balthasar), tout en rejetant la voie de la théologie naturelle telle qu’elle s’est déployée depuis l’époque de Jean Duns Scot (1266-1308) et Guillaume d’Ockham (ca. 1288/89-1349). (…)

Radical orthodoxy revêt un double intérêt pour la théologie et la philosophie catholique contemporaine. D’une part, ce mouvement se positionne avant tout par rapport à la production philosophique et théologique française contemporaine, en premier chef la phénoménologie de Jean-Luc Marion et de Michel Henry. D’autre part, il vise à renouer avec, et à approfondir, la pensée de Maurice Blondel et de la "nouvelle théologie" dont l’héritage, selon les auteurs "radical-orthodoxes", n’a pas été assimilé par la théologie catholique du XXe siècle. » Adrian Pabst, Introduction à la théologie de John Milbank et à « Radical Orthodoxy » (Annexe E)

6.2.1      Historique

«Après sept siècles de dérive culturelle, trois siècles d'enténèbrement spirituel, (…) éclosent des fleurs aussi fraîches qu'au premier matin du monde. La foi de Radical Orthodoxy, née à Cam­bridge pour l'honneur de l'Eglise an­glicane et réunissant de plus en plus de penseurs de différentes confessions chrétiennes, en témoigne » J.P.Maisonneuve (Catholica N°84 – été 2004) (Annexe D)

« Le mouvement (Radical Orthodoxy) a été lancé par moi-même, John Milbrank (mon directeur de thèse) et Graham Ward, qui était à l’époque doyen de Peterhouse. » Catherine Pickstock (Annexe A)

6.2.2      Doctrine

« Nous nous inscrivons dans le mouvement amorcé par la Nouvelle Théologie dans la mesure où nous croyons qu'il existe chez tous les esprits créés, angéliques aussi bien qu'humains, un désir naturel inné pour le surnaturel. Et nous allons jusqu'à prétendre (ce que laissait déjà entendre la théologie d'Henri de Lubac) qu' il n'existe aucun être libre et rationnel qui n'ait pour finalité la vision béatifique. Nous estimons en plus qu'un tel être, libre et rationnel, manifeste (ne serait-ce que par une sorte de nécessité esthétique) le caractère aporétique de la Création - à savoir le fait que la Création provient entièrement de l'être divin tout en existant réellement dans son ordre propre. (…) Sans une telle ontologie, il ne peut pas y avoir de véritable valorisation du «temporel » et de l'«incarné ». La matière se trouve de la sorte paradoxalement évacuée, vidée de sa substance pour révéler le néant auquel elle faisait écran. La temporalité et la matière trouvent leur juste valeur seulement lorsqu'on leur a retiré toute autonomie propre, pour ne les faire dépendre que de l'éternité dont elles reçoivent leur être par participation. La reconnaissance de cette participation métaphysique constitue également le véritable fondement de la participation sociale. Car si nous croyons que nous avons une origine commune et une finalité commune, alors il devient ontologiquement possible aux êtres humains de vivre ensemble en harmonie. »

Critique de la modernité

« La modernité se définit par un certain mode de théologie que nous réfutons et qui a ses racines dans le Moyen-Âge. Cette théologie attribue aux êtres humains deux fins bien distinctes : l'une naturelle, l'autre surnaturelle, ce qui a engendré, comme Henri de Lubac l'a d'ailleurs relevé, à la fois un humanisme dénué de religion et une religion coupée de tout prolongement et de tout enracinement dans le domaine culturel. Pour un humanisme dénué de religion, le réel finira par être réduit exclusivement à ce que l'homme peut pleinement contrôler. Faute de se donner à lui-même une raison suffisante pour se valoriser, cet humanisme aboutira tout naturellement à une forme d'anti-humanisme de caractère nihiliste. De la même manière, une religion dénuée de culture se fera une idée purement formelle et extrinsèque du salut, et sera tentée de ne voir dans l'Église qu'une sorte d'organisation visant à administrer la médecine de la grâce. Nous ne voyons rien d'inéluctable dans le phénomène de la sécularisation de la société, et nous ne nous résignons pas à cet état de choses. Pour nous, la sécularisation est l'enfant naturel d'une fausse théologie et d'une fausse ecclésiologie. Il est au pouvoir de la théologie d'inverser ce processus, qui en dernière analyse est intellectuel, même si la mentalité engendrée par ses modes de pensée est profondément enracinée dans la praxis sociale. » John Milbank, interview donné à l’Homme Nouveau, n° 1320

« C'est en quelque sorte, en 443 pages JOHN MILBANK, Theology & Social theory. Beyond secular reason [Théologie et théorie sociale. Au-delà de la raison laïque], Blackwell, Oxford, 1990, le programme initial du courant Radical Orthodoxy et qui en indique le principal objectif : affronter le support opérationnel de la sécularisation que constituent les sciences humaines, et leur substituer la pensée sociale chrétienne conçue comme une sorte de théologie de la libération de type occidental et assurément non marxiste. J. Milbank récuse la conception cléricale de l'Eglise (qu'il appelle l'intégrisme), s'en prend à la sociologie de la religion fondée sur le positivisme — surtout celle de Talcott Parsons et de ses disciples —, et rejette la version rahnérienne de ce qu'il nomme l'intégralisme (nature et grâce), qui s'est dévoyée dans la théologie politique germanique et latino-américaine. Pour lui, Rahner est à écarter en raison de sa négation du surnaturel, tandis que la « version française » de l'intégralisme peut constituer la base d'une véritable conception de la cité alternative (« the other City »). Il se place ainsi sous le patronage de Blondel, de Lubac et Urs von Balthasar (mais non de Congar qui le laisse un peu perplexe). Bien qu'il y ait beaucoup à discuter sur tout cela, on retiendra avant tout l'intention : « Ce livre [...] est pensé pour surmonter le pathos de la théologie moderne [...], la fausse humilité, un défaut nécessairement fatal, car si la théologie ramène sa prétention à n'être qu'un métadiscours, elle devient incapable d'articuler la parole du Dieu créateur et se transforme en oracle d'une idole finie, telle que l'étude historique, la psychologie humaniste ou la philosophie transcendentale ». Bernard Dumont (Catholica N°70 – été 2004) (Annexe C)

« Le mouvement Radical Orthodoxy, né à Cambridge, a conquis en dix ans une importance capitale dans le monde théologique anglo-saxon. Alors que l’intelligence catholique française semble anémiée, affaiblie, incertaine, l’effort intellectuel audacieux de nos amis d’outre-Manche brille par sa perspicacité et sa profondeur. Avec eux nous pensons que le monde est avant tout malade de la sécularisation, et que seule une critique « radicale » d’ordre théologique permettra de dessiner des chemins pour en sortir.

Le processus de sécularisation a été déclenché il y a plus de six siècles. L’orthodoxie radicale en repère très tôt les premières expressions chez certains théologiens médiévaux, puis en scrute avec lucidité l’évolution. Au point de départ, le projet de penser l’ordre naturel, l’homme et la société indépendamment (puis, dans un second temps, contre) la révélation de l’ordre surnaturel. Ce programme prend de multiples formes : depuis la progressive marginalisation de la théologie jusqu’à la reconstruction abstraite d’un homme coupé de sa vocation surnaturelle dans une société qui apprend à fonctionner comme si Dieu n’existait pas. Cela implique, comme Péguy l’avait entrevu, de mutiler l’homme concret avec toute la richesse de ses expériences. Dieu est ainsi expulsé de tous les domaines de la vie. Mais puisque Dieu est partout, l’absence de Dieu est le néant. Concevoir la création sans la participation à l’être divin qui la fonde conduit directement au nihilisme.

Saint Thomas d’Aquin a cette formule qui mérite d’être longuement méditée : tout ce qui se dit de vrai vient du Saint-Esprit. En langage plus technique, John Milbank et ses amis rappellent que, dans la grande vision patristique et médiévale, foi et raison supposent une participation à l’intellect de Dieu. C’est pourquoi seule la foi peut restaurer notre raison naturelle ; et, réciproquement, un bon usage de la raison est impossible sans une foi au moins implicite.

Ce rappel est sous-jacent au thème de l’évangélisation de la culture. Dans les années trente, les jocistes avaient pour idéal de « refaire la société chrétienne ». Cela implique aussi de « refaire une culture chrétienne ». Cela est vrai au sens étroit que l’on donne aujourd’hui au mot culture : les arts et lettres. A cet égard, il faut se réjouir de formidable succès de La Passion du Christ, le film de Mel Gibson, et des multiples oscars attribués au dernier film de la trilogie tirée du Seigneur des Anneaux, l’étonnante épopée de Tolkien qui peut contribuer à réévangéliser l’imaginaire. Mais c’est encore plus vrai de la culture au sens large. C’est ainsi qu’il importe, en particulier, de refaire une économie chrétienne : une économie intégrant le don, l’exercice des vertus – dont une justice soucieuse des pauvres - et la poursuite d’autres objectifs que la production et la consommation de richesses matérielles. Cette démarche suppose au préalable une critique radicale des pseudo-sciences sociales (à commencer par la prétendue « science économique » moderne) qui ne sont que des théologies hérétiques.

Qui dit culture dit culte. Si toute culture n’a de sens que comme participation à Dieu, la société humaine se doit de rendre un culte à son Créateur et Rédempteur. Un ordre véritablement chrétien est un ordre liturgique. Une civilisation véritablement chrétienne – et par là même authentiquement chrétienne – est imprégnée de rites et de rituels. « Donnez-nous des rites ! » s’exclamait le poète Rilke. La liturgie n’est pas un loisir du dimanche : elle est l’activité humaine par excellence, au cœur de la cité, au centre de nos vies. L’importance que nous lui reconnaissons est un autre point de rencontre avec les théologiens radicaux-orthodoxes : « Le culte liturgique n’a pas pour but premier d’améliorer la qualité de notre vie collective, il est le couronnement même de cette vie collective. Nous travaillons, que nous le voulions ou non, à l’édification d’une société fondée sur la justice quand du surplus de notre production nous faisons collectivement une œuvre de beauté, visible au regard de Dieu » (Catherine Pickstock, préface à Radical Orthodoxy, Ad Solem 2004).


Cette confrontation avec les angoisses et les questions de nos contemporains est un axe clé. Car il ne s’agit pas d’être « antimoderne » ou « postmoderne », « conservateur » ou « progressiste » : il s’agit, en partant des ressources propres de notre foi, de montrer que seule une théologie fortement enracinée dans le meilleur de sa tradition patristique et médiévale est capable de discerner le positif du négatif dans
la modernité. Ce programme était déjà celui des thomistes de la première moitié du vingtième siècle. Il est fort différent des tentatives successives et impuissantes de théologiens qui pensent pouvoir s’appuyer sur la modernité et ses avatars (les sciences sociales, l’expérience des croyants etc.) pour repenser la foi.

Contrairement à ce que l’on pourrait craindre, l’affirmation volontaire de la puissance de la foi ne produit pas une crispation identitaire mais, au contraire, relance l’œcuménisme. Non l’œcuménisme par le bas de la recherche du plus petit commun dénominateur. Mais un œcuménisme par le haut, où les points de divergence apparus depuis la Réforme sont remis à leur place. Particulièrement prometteuse à cet égard est la redécouverte, par des théologiens protestants, de l’œuvre de saint Thomas d’Aquin. Dès l’origine, comme le souligne Catherine Pickstock, l’orthodoxie radicale s’est découverte comme œcuménique : « Ses premiers adeptes étaient des anglicans et des catholiques romains. Mais elle compte maintenant des sympathisants venus de tous les horizons de la famille chrétienne, orthodoxes orientaux, méthodistes, baptistes, presbytériens. L’intérêt de ces derniers venus a de quoi surprendre dans la mesure où notre Mouvement s'affiche comme ouvertement catholique. Il est cependant à noter qu'aujourd'hui de nombreuses Églises protestantes cherchent à retrouver une plus large catholicité. Ceux qui ont critiqué, un peu à la légère, ce qu'ils ont appelé l'«antiprotestantisme» du Mouvement ignorent la pertinence de ses visées oecuméniques. Il invite protestants et catholiques à examiner les points qui les divisent et à se demander dans quelle mesure leurs différends ne résultent pas d'interprétations erronées de certaines tendances extrêmes qui ont vu le jour au crépuscule flamboyant de la pensée scolastique. Cette proposition n'a rien de particulièrement original en soi. Elle sous-tend une bonne partie de la réflexion théologique du XXe siècle, aussi bien protestante que catholique. Nous cherchons simplement à la rendre plus explicite » (id.).

Un autre point de convergence avec le catholicisme social est la volonté affirmée par Radical Orthodoxy de démontrer comment la participation en Dieu implique nécessairement une participation sociale sur le plan terrestre. Comme l’écrit Catherine Pickstock, « le christianisme qui veut renouveler l’homme individuel, l’homme intérieur, a aussi pour tâche de renouveler la communauté humaine elle-même » et c’est « l’Eglise elle-même qui doit être le site initial de cette communauté renouvelée » (id.). Cette perspective nous passionne. Pas vous ? Denis Sureau, Président des éditions de l’Homme Nouveau

Catherine Pickstock écrit : « le culte liturgique n'a pas pour but premier d'améliorer la qualité de notre vie collective, il est le couronnement même de cette vie collective. Nous travaillons, que nous le voulions ou non, à l'édification d'une société fondée sur la justice quand du surplus de notre production nous faisons collectivement une oeuvre de beauté, visible au regard de Dieu.

"Nous avons besoin de retrouver le sens d'un véritable rituel liturgique, c'est-à-dire le sentiment de quelque chose de beau et de constamment répété, quoique d'une manière chaque fois différente. Nous avons besoin de retrouver le sentiment que notre travail et notre vie collective ne peuvent trouver leur accomplissement que dans une offrande liturgique à Dieu. Et par-dessus tout, nous avons besoin de nous pénétrer de ce sentiment que la charité (…) n'est en fin de compte qu'un échange de dons; car si le travail humain produit plus que le nécessaire, cette abondance, loin de servir à remplir les coffres d'un vieil avare, doit être joyeusement offerte à Dieu, à ce Dieu qui nourrit le jeu de cet échange de dons entre le divin et l’humain. C’est uniquement de cette façon que nous pourrons retrouver le radicalisme de l’orthodoxie » Catherine Pickstock, préface à Radical Orthodoxy, Ad Solem, 2004

Fin de la citation de CSI-Diffusion

7          Annexe 2 - Grégory Solari, l’éditeur de Catherine Pickstock, aime beaucoup l’Angleterre et la « Chrétienté en miniature » que représente à ses yeux l’anglicanisme

Nous citons ici l’étude « L’AngliCampos » de CSI-Diffusion[32], parue le 5 juillet 2005 et que nous avons publié sur notre site. Il s’agit de l’interview de Grégory Solari, éditeur de Catherine Pickstock à Genève (Editions Ad Solem). Ce texte est paru dans le numéro d’avril-juin 2004 de la revue Kephas (mouvance de la FSSP). ‘Editeur catholique à Genève : pour une culture eucharistique’ – Entretien[33] de Grégory Solari avec l’abbé Bruno Le Pivain (Kephas – Février 2004)

« Kephas

Au-delà de Newman, on distingue aussi une « filière anglophile » très présente dans votre catalogue, aussi bien par le biais d'ouvrages sur l'œuvre de Tolkien que par l'attention portée au courant théologique anglo-saxon Radical Orthodoxy ou un écrivain comme David Jones. Ce courant a-t-il une histoire ?

Grégory Solari

Oui, la mienne ! Pardonnez-moi ce détour personnel, mais il n'y a pas d'autre raison. J'ai toujours pensé qu'il existait une « climatologie » ou une « géographie » de l'âme, c'est-à-dire que certains paysages, certaines régions, reflètent votre être propre, ou vous le révèlent. Pour moi, cette région « icônique », c'est depuis toujours l'Angleterre. Cela va faire sursauter vos lecteurs français. Comment, la perfide Albion plutôt que la douce France ! ? Oui, mais l'Albion qui n'est plus aussi perfide que ça, c'est la terre Blanche, ainsi qu'on l'appelait au Moyen Âge, la terre d'Arthur, de la civilisation de Northumbria, où, durant plusieurs siècles (entre le VIIe et le Xe) la culture antique héritée de Rome fut préservée et cultivée dans les monastères anglo-saxons, puis retransmise par des hommes comme Alcuin de York, que Charlemagne appela à sa cour pour créer à Aix-la-Chapelle le centre d'où partiraient les missionnaires qui allaient réévangéliser l'Europe par la foi et la culture.

Le schisme d'Henri VIII a certes contribué à doublement insulariser l'Angleterre. Celle-ci n'en est pas moins restée une « Chrétienté en miniature », qui, si elle a perdu sa communion ecclésiale avec Rome, a aussi échappé à d'autres maux, comme la Révolution française, qui a fait perdre à la France l'homogénéité de sa foi et de sa culture. Dans des hommes comme Newman, Tolkien, C.S. Lewis, G.K. Chesterton, Christopher Dawson, David Jones, ou encore les protagonistes du Mouvement Radical Orthodoxy emmené par John Milbank et Catherine Pickstock, nous retrouvons dans leur vie ou dans leur pensée cette unité de la foi et de la culture nécessaire pour mener à bien la nouvelle évangélisation. »

8          Annexe 3 - Qui est le Révérend Chadwick ?

Selon l’information du 9 juillet 2004 d’un forum que le Révérend Chadwick n’a pas démenti, il a été « ordonné » diacre à l’Institut du Christ-Roi, puis « il a été ordonné par Mgr Terrasson (ancien du Palmar de Troya). Il a été sacré évêque (2000) par Mgr Lucien-Cyril Strijmeersch (Belge décédé) qui cumulait un certain nombre de sacres (Jean Gérard Roux, André Enos, Philippe De Coster). Mgr Chadwick affirme avoir été réordonné prêtre par un évêque de la succession Duarte-Costa (un évêque brésilien excommunié fondateur de l'Igreja catolica apostolica brasileira) »

Il répond ensuite lui-même sur un forum public sur internet le 5 avril 2006 : « Je suis prêtre anglican de la "Traditional Anglican Communion" (TAC) depuis le 9 août 2005. En conséquence, je n'ai rien à faire avec les milieux traditionalistes plus ou moins catholiques romains. Je ne cherche à faire aucun ministère dans vos milieux. Je suis parfaitement en ordre canonique avec l'Eglise (non-romaine) à laquelle j'appartiens (…) J'ai renoncé à l'exercice de l'épiscopat pour servir la TAC comme simple prêtre. Je suis donc un simple prêtre (…) J'ai perdu mon incardination dans l'Institut du Christ-Roi pour avoir adhéré à une église non-catholique romaine en 1995. Je n'ai jamais reçu une sentence 'ferendae sententiae'. Je suis certainement excommunié 'latae sententiae'. Par conséquent, je ne reçois aucun sacrement de l'Eglise catholique romaine ». Dans le même forum, le révérend Chadwick a annoncé à cette même date qu’il allait se marier, selon les règles de l’Eglise anglicane, deux mois plus tard.

9          Annexe 4 – Texte du Révérend Chadwick décrivant ‘son esprit’

Révérend Chadwick

http://perso.orange.fr/civitas.dei/

Ce site est maintenu par le père Anthony Chadwick, un prêtre de la Traditional Anglican Communion.

Cette communion anglicane, indépendante de Canterbury, est une entité internationale qui se compose de plusieurs centaines de mille fidèles répartis en 33 évéchés dans 44 pays, parlant plus de 7 langues, dont l'anglais est la moins parlée. Elle est en dialogue avec l'Eglise catholique romaine depuis une quinzaine d'années.

L'anglicanisme classique de la "high church" représente donc une vision profondément catholique, très proche à l'Eglise catholique romaine en matière de doctrine et de pratique liturgique. Les différences sont principalement au niveau culturel et spirituel. La vision de la TAC consiste essentiellement en un désir de réconciliation dans la diversité.

Nous trouvons des points d'un profond accord avec l'enseignement du pape Benoît XVI et avec sa volonté de dénouer l'esprit d'idéologie qui règne depuis plus de 40 ans dans tous les milieux du christianisme occidental, surtout en promouvant l'harmonie entre la foi et la raison.

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Cette page décrit brièvement l'esprit de la Communion Anglicane Traditionnelle (TAC), ses buts et ce qui pourrait intéresser un croyant français d'un tempérament donné.

Ce qui distingue l'anglicanisme classique en notre temps est très subtile, rompant avec toutes les idées reçues depuis les siècles dans un pays qui ne connaît que le catholicisme romain et le protestantisme historique selon les bases établies par Jean Calvin et Martin Luther. Mais, n'est-ce pas, les plus grands protagonistes de l'oecuménisme, à savoir les abbés Paul Couturier (1881-1953) et Fernand Portal (1855-1926), étaient français.

Le grand théologien Louis Bouyer, ancien luthérien converti au catholicisme, s'intéressait beaucoup à l'anglicanisme pour redécouvrir des bases d'un renouveau dans l'Eglise catholique. L'anglicanisme s'est toujours trouvé au centre de la réflexion et du mouvement oecuméniques, notamment chez les théologiens français comme Henri de Lubac et Yves Congar.

L'anglicanisme contemporain traverse une crise effroyable, bien pire que dans le catholicisme post-conciliaire, ce qui met fin au mouvement de rapprochement initié par les archevêques de Canterbury et les papes Jean XXIII et Paul VI. Les enjeux sont différents, mais les idéologies de "droite" comme de "gauche" se rassemblent dans l'anglicanisme comme dans le catholicisme romain en France. Le résultat est le même : moins de 5% de pratique parmi les baptisés, dont la majorité a passé l'âge de la retraite.

La Communion Anglicane Traditionnelle est un mouvement de réaction comme ses analogues dans le catholicisme romain, réaction contre la dissolution de tout principe doctrinal ou valeur morale. Tout de même, elle n'a pas adopté une attitude crispée à l'égard des enseignements de Vatican II sur l'oecuménisme, la théologie de l'Eglise et de l'Episcopat et sur la liberté religieuse. Sa position est caractérisée par un esprit plutôt conservateur que "traditionaliste" ou "intégriste". C'est un esprit fortement ancré dans la modération anglo-saxonne et notre désir de dialogue raisonné et rationnel.

Notre esprit a été formé par notre histoire et par notre expérience. Notre tradition a vécu la crise du seizième siècle. Elle a traversé les polémiques de cette époque, pour se mettre à étudier les Pères de l'Eglise, faire redécouvrir les richesses de la tradition catholique de tous les siècles, et - finalement - procéder à une restauration liturgique et spirituel. C'est l'héritage des Caroline Divines et du mouvement d'Oxford. La TAC ne fait que continuer ce mouvement de restauration catholique dans un esprit nordique et sobre.

J'ai abandonné l'idée de faire une "boutique" ou aumônerie dans un sens formel. La raison est simple : une telle démarche est prématurée. Le paysage religieux en France se décline entre les expressions vécues dans le catholicisme romain et au sein des groupes réactionnaires. Il y a une minorité protestante entre les églises réformées historiques et les communautés évangéliques importées des Etats-Unis et plus au moins inculturées ici. Quelques français sont convertis à l'Orthodoxie, mais cette démarche exige une adaptation culturelle radicale dont la plupart de nous ne sont pas capables spirituellement ou affectivement. L'anglicanisme reste largement inconnu, une affaire de quelques églises et aumôneries discrètes, pour les touristes et expatriés anglais, relèvant de l'Eglise d'Angleterre.

Finalement, l'anglicanisme est quelque chose de tellement fin et subtile. La plupart des personnes chrétiens et non-chrétiens n'ont pas la capacité de réflexion ou la curiosité intellectuelle pour passer au-delà des idées reçues. Nous ne sommes pas assez démagogues ou intolérants pour intéresser la masse des chrétiens superficiels. Peut être, à un niveau personnelle, je n'ai pas une grande aptitude pour le ministère pastoral qui implique des adaptations aux stratégies "commercials" auprès des "clients". J'ai connu les paroisses "à l'ancienne" mais tout cela a changé maintenant avec l'esprit "technocratique" et "bureaucratique", puis le manque de clergé et de fidèles formés.

Il y a des tentatives de la part de l'Eglise épiscopale américaine et de l'Eglise d'Angleterre de faire connaitre l'anglicanisme dans les milieux francophones. En particulier, il y a quelques essais écrits par Mgr Pierre Whalon, Evêque de la Convocation de l'Eglise américaine en Europe. Il y a aussi un prêtre français de l'Eglise américaine dans la Gironde qui maintient un blog - Episcopaliens francophones (pas maintenu à jour) et son site paroissial. Sa position est plus "moderne" que la nôtre, mais elle mérite d'être lue. L'église Saint Michel à Paris de l'Eglise d'Angleterre étend ses ministrations parmi les français. Un article témoine de l'intérêt de faire connaitre l'anglicanisme parmi les francophones au Canada, en France, dans les anciennes colonies et dans les missions.

A la différence des Eglises en Angleterre et aux Etats-Unis ayant des missions en Europe qui se caractérisent par un esprit "moderne" et libéral ou "evangélique", la TAC est fortement attachée au mouvement catholique fondé par Newman, Keble, Pusey et plusieurs autres. Cette dimension des l'anglicanisme reste inconnue en France ainsi que ses sensibilités liturgiques et spirituelles.

Comment parler d'une identité anglicane quand on s'est éloigné des principes de la Réforme protestante et des formulaires de la "low church" ? La TAC, est-elle vraiement anglicane plutôt que "vieille-catholique" ? L'identité anglicane a été aussi étroitement associée avec l'Etablissement de l'état anglais. Il est aussi difficile à imaginer l'anglicanisme sans l'Etat anglais que le gallicanisme sans Louis XIV et Bossuet ! Il est indéniable que l'ecclésiologie de communion de l'anglicanisme a eu une grande influence dans l'Eglise catholique romaine à l'époque de Vatican II.

Aujourd'hui l'identité anglicane s'exprime quasiment de la même façon que le catholicisme romain contemporain entre le "libéralisme" et le catholicisme "conservateur". Simplement, nous dans la TAC retournons au catholicisme qui est aujourd'hui expurgé des corruptions qui furent les causes de la révolte de Luther, de Cranmer et des autres Réformateurs. Nous cherchons à développer et suivre un esprit qui n'est pas très différente de ce que le pape Benoît XVI cherche manifestement à promouvoir - c'est-à-dire l'esprit liturgique dans une Eglise fidèle au message du Christ, spirituelle et missionnaire.

Une église low-church préparée pour la Cène - pour contraster avec le style high-church. On y célèbre l'Eucharistie depuis le côté gauche. Cette façon, en vogue dans la low-church jusqu'à l'introduction de la célébration face au peuple aux année 1960, est rare depuis l'acquis du mouvement catholique dans l'anglicanisme. C'est à noter qu'il n'y a ni croix ni chandeliers sur la table.

Un des premiers autels de l'époque ritualiste (c. 1860)

L'esprit de révolte et de polémique intégriste nous est étranger. Nous venons d'ailleurs : de la vieille Angleterre et de ses missions historiques en Australie, aux Amériques, en Inde, en Afrique et certains autres lieux. L'esprit anglican reste fermement enraciné dans une piété liturgique selon les rites de la Messe et de l'Office Divin. L'anglicanisme n'a jamais eu besoin d'une pléthore de dévotions non-liturgiques ou de mouvais goût dans son iconographie, encore moins d'un "marché de bondieuseries". Ce n'est pas notre façon de faire.

Il faut aussi, en tout honnêteté dire que l'identité anglicane est faible. Comme le "catholicisme sans pape" traditionaliste, l'anglicanisme du Continuum a eu beaucoup de difficulté à rester ensemble. Le lecteur peu familier avec l'anglicanisme se trouve confronté non pas à une contestation unie, mais à une variété de groupes, chacun avec ses accents, sans parler des rivalités de personnes entre évêques, qui ont également joué un rôle dans cet éparpillement. La situation s'améliore aux Etats-Unis, où les grandes Eglises du Continuum commencent à s'unir et à enterrer leurs différences.

Le grand défi pour nous consiste à renforcer cette unité afin de trouver la communion avec Rome. Nous avons besoin de nous unir autour du Successeur de Saint Pierre tout en gardant notre identité spirituelle, notre héritage liturgique, spirituelle, théologique. Qu'est-ce que l'anglicanisme peut apporter à l'Eglise universelle ?

D'abord, nous avons conservé une expression catholique qui n'a pas été influencé par l'ultramontanisme (exagération de l'autorité du Pape) ou par les tendances spirituelles et théologiques de l'époque baroque et du 19e siècle. Notre catholicisme est un catholicisme du nord, qui ne trouve pas une sympathie naturelle avec le catholicisme de la culture latine. Nous avons subi les influences du protestantantisme, dont certaines dimensions sont saines (par exemple l'amour des Saintes Ecritures). Comme les allemands, nous avons gardé notre amour de la musique et de la beauté sobre, un sens de bon goût et d'harmonie. La véritable génie de l'anglicanisme et l'Office Divin selon le Prayer Book de Cranmer. Il est encore plus simple que la Liturgie des Heures de Paul VI, très facile à suivre par les fidèles.

Surtout, la génie de l'esprit anglican, tel qu'il a été développé au 17e siècle, est sa faculté de dialoguer et de raisonner. La foi va de paire avec la raison, une notion particulièrement chère au pape Benoît XVI. Les convertis de l'anglicanisme au catholicisme romain ont généralement eu trop de mal, car les deux traditions sont semblables, mais en même temps loin l'une de l'autre. Notre rationalisme s'oppose à l'esprit du fidéisme aveugle des conservateurs catholiques romains et au "culte de laideur" des "progressistes".

Il s'agit du retour à une vie liturgique soignée, authentique et sobre et, en même temps, le retour à la théologie des Pères de l'Eglise et leur vision profondément biblique.

Nous pourrons ajouter le conservatisme tolérant, car les anglicans préfèrent la dialogue et l'usage de la raison aux polémiques où chaque parti croit posséder la vérité. Nous sommes très attachés à la modération et la recherche du mi-chemin (via media) entre les extrêmes.

Nous connaissons nos faiblesses et nos forces, et nous faisons confiance que l'Eglise catholique romaine contemporaine va assumer ces différences comme avec ceux qui s'attachent à la tradition tridentine. C'est seulement aujourd'hui que l'Eglise catholique romaine commence à concevoir l'unité dans la diversité, à l'évidence de la possibilité que Benoît XVI fasse sortir un document pour libérer l'usage du rite pré-conciliaire pour ceux qui le veulent. C'est incroyable que certains évêques français ne peuvent pas tolérer la présence de deux rites dans l'Eglise alors que la messe dite de Paul VI n'est pas uniforme entre deux paroisses de leurs diocèses ! Le "glasnost" et "perestroika" qui arrivent dans l'Eglise ne peuvent qu'encourager les catholiques anglicans dans notre démarche d'unité.

Pour ce qui concerne les relations entre la TAC et Rome, ce qui intéresserait les catholiques français, nous avons ces mots de notre archevêque, Mgr John Hepworth (début de 2006) :

Serons-nous absorbés par Rome? Les catholiques romains (...) nous ont encouragés à garder notre héritage anglican. Un auteur a écrit, avec émotion, que la TAC cherche "à obtenir la communion (avec le Saint-Siège) tout en gardant ces traditions vénérées de spiritualité, de liturgie, de discipline et de théologie qui constitutent l'héritage multi-séculaire des communautés anglicanes à travers le monde".

Nous cherchons à être des "catholiques-anglicans", c'est à dire garder en estime notre anglicanisme tout en étant visiblement unis à l'Eglise catholique entière, union dont nos formulaires ont déjà fait mention.

(...) Il y a deux documents en étape finale de of préparation. Le premier est un "plan pastoral" qui a pour rôle de "vérifier la TAC comme un interlocuteur digne avec l'Eglise catholique romaine" et d'établir les "niveaux souhaités de récognition par Rome à la fois avant et après l'acte de pleine communion".

Si le document gagnera l'approbation de toute la Communion, il sera formellement présenté au Saint-Siège, et un processus plus formel sera établi. (...)

Le deuxième document est une proposition formelle de la TAC au Saint-Siège afin de devenir une "Eglise de Rite Anglican" sui juris en communion avec le Saint-Siège".

Le dialogue continue discrètement, et selon un prêtre catholique romain aux Etats-Unis : Selon ce que j'ai appris de diverses sources, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à Rome est à l'oeuvre de préparer des propositions pour des relations futures avec les organisations et les groupements anglicans d'orientation catholique orthodoxe, avec les Eglises anglicanes "continuing", ainsi qu'avec les groupements et les "fraternités" luthériens d'orientation catholique en Europe et l'Eglise Catholique Nordique en Norvège.

Il fallait un Pape allemand pour commencer à comprendre ces aspirations ! Nous avancons avec confiance et foi vers l'unité que veut le Christ - ut omnes unum sint !

____________

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[1] TAC : Traditional Anglican Communion

[2] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-11-20-A-00-FSSPX_et_Anglicans.pdf

[3] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-11-27-A-00-Mgr_Fellay_dupe_Anglicans_Tighe.pdf

[4] http://religiousliberal.blogspot.com/

[5] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-04-10-1-00-Dom_Beauduin_Eglise_anglicane_unie_non_absorbee.pdf

[6] http://www.virgo-maria.org/Archives-CSI/2005/CSI-2005-07-05-AngliCampos.pdf

[7] http://www.hora-decima.fr/Livre.php3?id_rubrique=3

[8] http://www.booksforcatholics.com/mm5/merchant.mvc?Screen=PROD&Store_Code=B&Product_Code=1929291833&Category_Code=

[9] http://www.booksforcatholics.com/mm5/merchant.mvc?Screen=PROD&Store_Code=B&Product_Code=1929291833&Category_Code=

Is this the Pope who will “transition” the Church fully back to tradition? Why the signs are hopeful, and how Benedict will need the cooperation of all Catholics of good will. Forty-one years after Vatican II, there is much disagreement about what can be done to reverse all the collateral damage. This important new book by Rev. Claude Barthe was first published in France shortly before the election of Benedict XVI, and now contains a major new section on how the German Pope with his vast experience and learning can “transition” the Church to a period of restoration and genuine renewal “beyond Vatican II.” The secret to the book’s power? Fr. Barthe, who possesses a Vatican-issued celebret enabling him to use the old Latin liturgy exclusively, analyzes the Council and the causes of its undoing by using the same methods as Pope Benedict. In so doing, he shows that there are encouraging signs that the Church is heading for a gradual “disengagement” from what he sees as an unbalanced attachment to one particular Council. In the process, Benedict, following his colleague and friend, John Paul II, will begin to restore:

·         trust among the beleaguered faithful

[10]

[11] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-12-E-00-DIAPO_Oeuvre_de_Mgr_Lefebvre_trahie_par_Menzingen.pdf

[12] http://www.rore-sanctifica.org/etudes/2006/RORE-2006-08-05-FR_Rore_Sanctifica_III_Notitia_4_Les_Significations_heterodoxes_de_la_Forme_de_Montini_PaulVI_A.pdf

[13] Sur cette question, lire : http://www.mostholyfamilymonastery.com/siri_election.html

Malachi Martin s’est exprimé sur la question. Un quotidien italien de l’époque a fait état d’une fumée d’abord blanche puis devenue noire, trente minutes plus tard. Une explication embarrassée a été donnée tentant de justifier le fait par une erreur dans les fourneaux. Depuis un rapport déclassifié du FBI a confirmé l’élection du Cardinal Siri. Plus récemment en septembre 2004, le Père Charles-Roux, dont le père fut ambassadeur de France auprès du Saint-Siège jusqu’à la seconde guerre mondiale, a fait des confidences à Inside the Vatican, en révélant que l’élection de Roncalli a été irrégulière et que Roncalli a voulu le montrer en choisissant le nom d’un antipape du XV° siècle :

"There were certain irregularities about the election during that 1958 conclave, as Cardinal Tisserant has himself acknowledged. Some say Agagianian was elected, others Siri, others some other cardinal, and that the camerlengo [=chamberlain] then annulled the election. In any case, I'm quite sure John XXIII chose his name, the name of an antipope [of the 15th century], quite consciously, to show he had been irregularly elected." – Fr. Charles-Roux, Inside the Vatican, 09/04, p. 41. Fr. Roux was a priest who said Mass on the set of The Passion of the Christ

[14] http://perso.orange.fr/civitas.dei/blog_fr.htm

[15] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-12-E-00-DIAPO_Oeuvre_de_Mgr_Lefebvre_trahie_par_Menzingen.pdf

[16] L’abbé de Tanoüarn le remercie pour avoir permis la prise de contacts avec Rome.

[17] http://www.ciel2006.org/

[18] Voir la photo de l’abbé Barthe en conférence à Oxford dans le collège anglican où se réunissait le CIEL : http://www.ciel2006.org/2.html

[19] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-11-11-A-00-Le_plan_melchito_chinois_de_Mgr_Fellay.pdf

[20] http://perso.orange.fr/civitas.dei/

[21] http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=239427

[22] http://www.aletheia.free.fr/-/2006/aletheia100.htm

[23] http://www.laportelatine.org/district/france/bo/arinzepromultis/promultis.php

[24] http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=242532

[25] http://www.virgo-maria.org/Archives-CSI/2005/CSI-2005-07-05-AngliCampos.pdf

[26] http://www.virgo-maria.org/Archives-CSI/2005/CSI-2005-07-05-AngliCampos.pdf

[27] Auteur en novembre 2003, sous le pseudonyme de Paul Sernine, d’un pamphlet, La Paille et le sycomore, tentant de nier l’existence de la gnose à travers les siècles et de son rôle actuel dans les milieux traditionnels tel que l’avait mis en évidence Les Cahiers Barruel de Jean Vaquié, mort en 1992.

[28] http://perso.orange.fr/civitas.dei/theology.htm

[29] http://www.virgo-maria.org/articles/F-Rampolla/VM-2006-04-29-1-00-Operation_Rampolla_Complet.pdf

[30] http://www.virgo-maria.org/Archives-CSI/2005/CSI-2005-07-05-AngliCampos.pdf

[31] NdT : anglo-catholicisme est synonyme d’anglicanisme.

[32] http://www.virgo-maria.org/Archives-CSI/2005/CSI-2005-07-05-AngliCampos.pdf

[33] http://www.revue-kephas.org/04/2/Solari123-132.html