Virgo-Maria.org

Qui et Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome conciliaire (en fait la «ré-conciliarisation» de la FSSPX) ?

Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ?

Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968?

A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ?

Serait-ce donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on veuille désormais faire dire la messe du VRAI rite par de FAUX prêtres ?

Serait-ce que l’on veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec un clergé aussi INVALIDE que le FAUX CLERGE ANGLICAN ?

Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

mercredi 3 janvier 2007

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

Le Pr Tighe analyse la « Diaspora des Anglicans de Tradition »

Le rite Anglican ? « Une orthodoxie catholique explicite et attractive » (sic) !

Un résumé commenté d’une conférence de 2001 du Professeur (conciliaire) Tighe

Des leçons pour la situation actuelle de la Tradition catholique en 2007

L’émiettement de l’ « Eglise d’Angleterre » au sein de la Communion Anglicane décrit l’avenir de ce qu’est en train de devenir l’Eglise conciliaire issue de l’usurpation effectuée par Roncalli-Jean XXIII en 1958, par le concile Vatican II et par la révolution liturgique (Pontificalis Romani, Novus Ordo Missae) qui l’a suivie.

La structure hiérarchique anglicane, prétendument et faussement épiscopale, qui a succédé a l’Eglise catholique en Angleterre depuis Cranmer en 1547 a volé en éclats pour faire jour  à la notion de Communion, où n’est plus exigée ni unité de doctrine ni unité de liturgie. Analogiquement depuis 1965, le concile Vatican II a amorcé une évolution identique par la collégialité épiscopale et par l’instauration d’une liturgie nouvelle où chaque « messe » est devenue matière à innovation.

Le Professeur Tighe est l’un des meilleurs spécialistes de l’anglicanisme. Il enseigne en Pennsylvanie. Il présente dans cette conférence publique, plusieurs caractéristiques de ce monde des « anglicans de Tradition ».

Nous avions déjà eu l’occasion de le citer[1] les 20 et 27 novembre 2006 à travers son blog et l’article du Time de Ruth Gledhill où il révélait la négociation d’un Indult Anglican (extension de l’« Anglican Use » américain) pour une intégration du TAC (Traditional Anglican Communion), une dissidence de la Communion anglicane, dirigée par « Mgr » Hepworth, qui a été qualifié de « Mgr Fellay » anglican.

Nous sommes heureux de publier cette synthèse qui reprend des faits de l’article du Professeur Tighe ainsi que d’autres citations sur ce monde de l’anglicanisme.

A travers l’analyse que fait Tighe, nous prenons acte d’une confirmation magistrale du rôle que joue l’Anglicanisme, et désormais les paroisses de Rite anglican au sein de l’Eglise conciliaire de Ratzinger, comme fer de lance de la « réforme de la réforme » (ou réforme Anglo-Tridentine) promue par l’abbé Barthe, relais de son ami, l’ancien théologien de Tübingen.

Déjà en 1967, le Père van de Pol, docteur en théologie à l’Université catholique de Nimègue écrivait :

« La liturgie anglicane réalise une élégante harmonie entre les éléments issus du catholicisme classique, ceux de la Réforme et ceux du renouveau liturgique actuel. Beaucoup y ont vu sans doute Ie prototype de la liturgie future de l'Église réunie. Car le renouveau liturgique, en cours dans presque toutes les Églises, comportera précisément une synthèse et une intégration de tout ce qui est vrai, bon et beau dans la manière dont les différentes Églises, encore séparées, rendent à Dieu louange, honneur, action de grâces et adoration dans la célébration de la sainte Eucharistie. »[2] Père van de Pol

Alors que la manœuvre du Motu Proprio, couronnement de l’imposture du « bouquet » spirituel suggérée à Mgr Fellay, est sur le point de démarrer, nous espérons que la divulgation de tous ces faits dans le monde francophone (et même anglophone) qui nous lit, permettra de mieux prendre la mesure des enjeux du ralliement de la FSSPX favorisé par une petite faction d’abbés rallieurs en son sein.

Nous allons faire connaître les travaux de l’oecuméniste van de Pol.

Ceux-ci sont très éclairants, tant ils dévoilent les finalités du mouvement oecuménique que sert aujourd’hui Ratzinger et dans lequel l’anglicanisme joue un rôle privilégié, celui du modèle :

« Toutes les Églises anglicanes ont cependant en commun le souci conscient de préserver la foi apostolique et le type de culte de l'Église des premiers siècles, tout en s'assimilant au maximum tant les apports de la Réforme que ceux des courants actuels, dans la mesure où ces derniers possèdent une valeur positive et permanente.

L'anglicanisme a ainsi une attitude caractéristique à l'égard de la tradition des apports nouveaux. Cette attitude est à la base de sa modération et de sa comprehensiveness. Elle donne à l'anglicanisme mondial figure d'anticipation de l'Una Sancta de l'avenir.

Ceci n’est diminué en rien par l'importance numérique réduite de l'univers anglican. On évalue le nombre total de ses baptisés à une quarantaine de millions, celui des communiants à vingt-cinq millions au maximum.

Une récente lettre pastorale des évêques de l'Église protestante épiscopale d'Amérique (septembre 1961) parle longuement de la vocation de la Communion anglicane :

Nous sommes une petite Église. Notre Communion anglicane n'est qu'une partie restreinte de l'ensemble de la communauté chrétienne. Mais la vocation et la mission d'une Église ne peuvent se mesurer uniquement par des chiffres. Avec des sentiments mêlés de fierté et d'humilité, nous pouvons reconnaître que parmi nos membres se trouve un nombre proportionnellement élevé d'hommes et de femmes qui occupent, dans notre monde troublé, des postes influents et de grande responsabilité. Notre vision de la Grande Église dont la mission s'adresse à tous les hommes sans distinction, est enracinée solidement dans notre héritage du passé. C'est cela que nos symboles de foi historiques et notre liturgie nous conservent. Notre allégeance la plus profonde n'est est pas celle qui nous lie à l'Église épiscopale ni non plus celle qui nous unit à la Communion anglicane, mais bien celle qui nous rattache à l'a Église catholique et apostolique»[3]. » Père van de Pole, 1967

« L'anglicanisme mondial figure d'anticipation de l'Una Sancta de l'avenir ». On ne saurait être plus clair. C’est ce à quoi travaille sans relâche l’abbé Ratzinger depuis 1982, et pour lequel il accélère les décisions depuis le 19 avril 2005, date de son élection.

Après le Solve, l’attentat contre la succession apostolique perpétré le 18 juin 1968 (Pontificalis Romani, nouveau rite conciliaire sacramentellement invalide de consécration épiscopale), une fausse Eglise, qui  par une apparente transmutation a dépossédé l’Eglise catholique de ses biens et en a occupé les sièges, l’Eglise conciliaire a été mise en place, afin de se substituer au Sacerdoce de Melchisedech sacramentellement valide (perpétué par Mgr Lefebvre en 1988), laissant ainsi la voie désormais libre pour réaliser enfin le Coagula de ce plan médité depuis des décennies.

Nous signalons que l’analyse du Professeur Tighe laisse de côté l’analyse du TAC (Traditional Anglican Communion) qui a amorcé depuis 1992, un « processus de réconciliation » secret avec Ratzinger.

Continuons le bon combat

Abbé Michel Marchiset

Résumé et commentaire de la conférence publique du Professeur Tighe

L’ « Anglicanisme officiel »

Une distinction doit être faite entre les « Anglicans officiels » et les « Anglicans permanents ». Les premiers se rattachent plus ou moins lâchement à la Communion Anglicane, c’est-à-dire au prétendu archevêché de Cantorbéry.

« j’entends ces églises qui sont en communion avec Canterbury, comme l’Eglise Episcopale des U.S.A. (ECUSA) et l’Eglise Anglicane du Canada – Eglises du monde occidental de langue Anglaise (à l’exception de la plupart de églises “Anglicanes" officielles d’Afrique et d’Asie, qui ont plus ou moins résisté au libéralisme théologique, bien que quelques unes, comme l’Eglise de Province d’Afrique du Sud y aient succombé). » Professeur Tighe

Cet « Anglicanisme officiel » a basculé dans l’ultra-libéralisme. Les parties traditionnelles (Anglo-catholiques, Tractariens) n’y sont plus ou peu représentés. Tighe impute cette évolution à un point de départ : l’ « ordination » des femmes.

Au sein de l’ECUSA (épiscopaliens américains), elle-même partie intégrante de la Communion Anglicane ou encore Eglise d’Angleterre), le mouvement FiF (Forward-in-Faith) regroupe des membres qui souhaitent obtenir une large autonomie par la création d’une « Province Libre ».

« L’essentiel des efforts de l’organisation Anglaise F-i-F apparaissant orienté en vue de sécuriser leur sortie de l’Eglise d’Angleterre  sous l’aspect plus ou moins déguisé d’une “troisième province”, on peut conclure avec certitude que ses adhérents ne voient pas de futur à long terme pour l’Anglo-Catholicisme dans l’Eglise d’Angleterre. » Professeur Tighe

Cette « Province libre » de l’Eglise d’Angleterre ambitionne une « réconciliation » avec l’abbé Ratzinger. Pour l’instant, elle travaille à favoriser au sein des pays scandinaves une réunion d’un ensemble d’Eglises traditionnelles (ou « Hautes Eglises ») issues des Eglises luthériennes et dont elle fuient l’ultra-libéralisme.

« Les contacts que F-i-F a entrepris les sept ou huit dernières années avec les groupes d’ “opposition orthodoxe catholicisante” ou tout au moins “haute église” dans les églises Luthériennes Scandinaves (spécialement en Suède et Norvège) semble clairement, quoique tacitement, poser en principe que les 10 à 15 prochaines années verront la descente continue des églises Anglaises et Scandinaves vers l’abandon de l’enseignement sexuel/éthique et une relativisation de leur attitude envers les dogmes traditionnels — certaines églises Scandinaves, l’Eglise d’Etat du Danemark par exemple, dans lesquelles le clergé est légalement autorisé à "bénir" les "associations" homosexuelles, semblent déjà arrivées à destination, avec les Suédois à peu de distance derrière — et l’émergence de groupes d’églises séparées dans tous ces pays en association lâche avec une "Province Libre" de l’Eglise d’Angleterre. Il est clair que certaines des figures marquantes de ce mouvement envisagent l’issue ultime de tout ceci dans une réconciliation avec le Saint Siège. » Professeur Tighe

Un peu d’histoire de la réforme historique issue de Cranmer

Amorcée sous Henri VIII qui fut excommunié par le Pape en 1533, dès l’année suivante l’Acte de suprématie l’établissait « chef suprême » de l’Eglise d’Angleterre. Ce fut sous le règne d’Edouard VI (1547-1553) que la révolution liturgique avança véritablement sous la houlette de l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer, secrètement protestant. Le BCP (Book of Common Prayer) fut publié en 1549 et 1552. Après l’intermède de restauration catholique par la reine Marie Tudor de 1553 à 1558, elle-même aidée par le légat Réginald Pole, intervint le compromis élizabethain (Elizabethan settlement) qui rétablit le BCP de 1552 avec quelques modifications. Ce règne d’Elizabeth 1er (1558-1603) se développa la persécution contre les catholiques (appelés récusants) alors que dans le même temps le pouvoir royal s’opposait à une dérive de l’Eglise d’Angleterre (anglicane) vers les Presbytériens (ou Puritains), à la différence de l’Ecosse où ceux-ci se renforçaient inspirés par le calvinisme.

 « le mot “Anglicanisme”, tel qu’il est compris traditionnellement à la fois par les Anglo Catholiques et par les Anglicans de base – tout le monde en fait, à l’exception des Protestants Anglicans à la peau dure – était à la base l’ invention au niveau intellectuel de Richard Hooker durant la décade précédant sa mort en 1600, en réaction contre l’idée irrésistiblement dominante des évêques et théologiens Anglais selon laquelle leur église était une église "Réformée" tirant son inspiration théologique des principaux théologiens de la Réforme Suisse, Zwingle, Jean Calvin, et Heinrich Bullinger. » Professeur Tighe

L’apparition de ce terme découlait de l’action de deux hommes :

« Au milieu de ces temps troublés, deux théologiens défendirent la position anglicane. John Jewel (1522-1571) s’appuyant sur l’Ecriture et la pratique de l’Eglise ancienne soutint le compromis élizabéthain  et conclut que l’Ecclesia Anglicana était pleinement catholique. Il accompagna cette défense d’une vigoureuse condamnation de Rome. Richard Hooker (1554-1600), son disciple, défendit son Eglise contre les puritains réfutant leur argument selon lequel l’Ecriture est le seul critère pour l’Eglise. Pour lui, comme pour Jewel, l’Eglise d’Angleterre ne s’était nullement séparée de la grande Eglise catholique. »[4] Suzanne Martineau (p20-21)

Et le terme « anglicanisme » va s’imposer sous le règne de Jacques VI d’Ecosse :

« Ce fut après la Restauration de 1660 que le mot “Anglicanisme” (qui ne fut pas employé pour décrire la religion de l’Eglise d’Angleterre avant le 19ème siècle) commença  à émerger comme une distinction consciente entre Rome et le Protestantisme dogmatique confessionnel. “Anglicanisme” – le mot sinon la chose – est une invention du 17ème siècle, alors que de 1559 à 1600 ou même 1620 l’Eglise d’Angleterre était plus nettement une église "Réformée". » Professeur Tighe

C’est en 1662, que dans la suite de ce mouvement de restauration, est diffusée une nouvelle version du BCP.

L’orthodoxie Anglicane et le terme « Anglicanisme »

Tiraillée entre l’Eglise catholique qu’elle a transmutée en Angleterre, et les docteurs de la Réforme protestante continentale, l’apparition de l’Eglise d’Angleterre avec l’archevêque apostat Cranmer a donc donné naissance à un terme nouveau ( « anglicanisme ») à partir de la fin du XVI° siècle en réaction au mouvement des Puritains.

Le terme « anglicanisme » ne devrait donc pas être utilisé pour désigner des formes d’Eglises épiscopales très proches de la Réforme. Tighe ne mâche pas ses mots pour fustiger l’ultra-libéralisme qui a a gagné l’ECUSA, à l’initiative de la « chapelle Latitudinaire ». Il identifie seulement deux mouvements de résistance et qu’il désigne sous le terme d’ « organisations Evangéliques moyennement conservatrices » : l’American Anglican Council (AAC) et l’Anglican Mission in America (AMiA). Cependant ces deux instances approuvent l’ordination des femmes.

Selon Tighe, la question de l’ « orthodoxie anglicane » est donc sujet à controverse au sein des communautés issues de la réforme de Cranmer.

La branche dissidente de l’ « Anglicanisme permanent »

Selon le Professeur Tighe, les « Anglicans permanents » sont issus du sacre de quatre « évêques » à Denver en 1979. Il s’agit d’anglicans ayant quitté la structure officielle, très souvent au prix de l’abandon des bâtiments du culte. Lors de tels départs, il se confirme que peu de fidèles suivent (25% à 33%). Ce constat maintient encore beaucoup de « clercs » anglicans au sein de l’ECUSA, attendant le moment favorable pour la dissidence. Ces sacres de Dever avaient pour but de « sécuriser un épiscopat » selon Tighe et ont été commis au prix d’une « irrégularité canonique permanente » ! Le propos ne manque pas de sel lorsque l’on connaît la réalité de l’invalidité des ordinations anglicanes et l’absence totale de juridiction dans cette secte (secta anglicana selon le Votum du Cardinal Franzelin) coupée de l’Eglise catholique.

Cette scission se concrétisa à partir de 1977, suite à la crise provoquée au sein de l’ECUSA (Episcopaliens américains) par la question de l’ordination des femmes en 1973-74, selon Tighe. Les 4 évêques s’avérèrent incapables de rester unis. La question des sacres, de la juridiction, des rapports avec les autres communautés anglicanes, des points de doctrine ont morcelé ce mouvement dissident, auquel Tighe témoigne d’une certaine sympathie.

« la question de ce qui constitue l’orthodoxie Anglicane surgit sous une forme aiguë dans l’ “Anglicanisme permanent”, et, du fait qu’il existe trois ou peut être quatre réponses possibles, les divergences à ce propos aggravent fortement les autres motifs de division. » Professeur Tighe

Cette dissidence a éclaté en plusieurs tendances :

1/ Tendance ‘Protestante réformée’

« il existe le genre d’orthodoxie agressivement Protestant Réformé qui verrait l’essor de l’ “Anglicanisme” depuis les années 1620 comme un recul de la pureté de la doctrine des réformations Elisabéthaines et Edwardiennes, juste comme ils pourraient voir le Prayer Book de 1662 comme un affaiblissement du Protestantisme franc de ceux de  1559 et 1552. » Professeur Tighe

Cette tendance peut être illustrée par Dale Doren, « évêque » consacré à Denver en 1979. Dans son sillage apparaissent : l’Archidiocèse de Sydney, l’Eglise d’Angleterre en Afrique du Sud, l’Eglise épiscopale réformée d’Amérique. A cela, ne se réclamant pas exclusivement de « l’héritage de l’anglicanisme historique », deux autres groupes peuvent y être joints : l’Eglise anglicane orthodoxe et l’Eglise épiscopale unie.

2/ Tendance ‘Anglo-catholique ‘

Elle comprend la Province anglicane du Christ-Roi (APCK), à laquelle se rattache l’ « évêque » Robert Morse, « consacré » à Denver.

« J’ai eu le privilège de parler avec l’archevêque Morse, qui me fit clairement comprendre que, si l’Anglicanisme avait un “fond Catholique”, celui-ci, à son sens, avait été handicapé définitivement depuis ses origines en 1559 par le “compromis Elisabéthain”, ainsi qu’il le qualifiait – une tentative de rendre les formulaires aussi ambigus que possible, comme de permettre une large introduction des “Attitudes, croyances et pratiques Protestantes” -  un compromis dont il disait que c’était la mission de sa Province de répudier, afin de produire un Anglicanisme Catholique franc, et dans ce but, ainsi qu’il me le confia, il avait depuis  20 ans pris ses distances avec les autres groupes "Anglicans permanents" qu’il considérait comme soit Protestants ou bien attachés à perpétuer le "compromis Elisabéthain". » Professeur Tighe

Tighe ajoute aussi à cette tendance, le Synode anglican dans les Amériques (« Métropolitain » Herbert Groce). Leur position serait prétendument « Catholique occidentale ».

« L’APCK ne semble pas avoir de dévotion particulière envers la Réforme ou quelque problème fondamental avec la papauté en elle-même, cependant, la plupart de ses dirigeants pourraient refuser Apostolicae Curae du Pape Léon XIII (déclarant les ordres Anglicans invalides) ou interpeller la papauté à propos de son refus historique d’accepter la nature « Catholique » de l’Eglise d’Angleterre et de ses églises soeurs. » Professeur Tighe

Au sein de cet archipel de groupes qui éclatent, fusionnent et essaiment à nouveau, Tighe mentionne des positions caractéristiques vis-à-vis de l’Eglise catholique. Cette mouvance anglicane invente le concept d’ « Orthodoxie occidentale ». On y découvre l’usage d’un « canon romain ».

« L’Eglise Anglicane Catholique (ACC), au contraire, au moins après la perte de la moitié de ses participants en 1991 à la fusion entre les partisans de l’Archevêque Louis Falk’s avec l’Eglise Episcopale Américaine d’ Anthony Clavier et avant son schisme de 1997, aspirait à une sorte d’ “Orthodoxie Occidentale” regardant l’Anglicanisme comme un redressement, en partie au moins, de cette Orthodoxie commune du premier millénaire qui fut, en Occident, obscurcie par la montée du "papalisme" à partie du 11ème siècle. On a dit cependant que l’ACC a minimisé la nature normative de cette vision “pro-orientaliste” depuis 1997, bien que j’ignore si c’est vrai. Le groupe minoritaire après le schisme de 1997, la Sainte Eglise Catholique de Rite Anglican, ne conserve pas la normativité de la théologie Orthodoxe pour une véritable compréhension de la catholicité, mais soutient que la tradition liturgique et le génie spirituel Anglicans peuvent convenablement la représenter dans un mode Occidental, mais en 1999, ce groupe se divise aussi avec l’apparition de la Sainte Eglise Catholique de Rite Occidental, qui, considérant l’Anglicanisme historique comme une tentative de résolution des “problèmes Occidentaux” en principes Occidentaux et finalement additionne simplement les problèmes, a cessé de toute manière de se considérer comme "Anglicane" mais utilise une liturgie du style Prayer-Book avec cependant un Canon Romain "Grégorien" (tels qu’ils le définissent) utilisé exclusivement. » Professeur Tighe

Au sein de la mouvance qui développe l’orthodoxie « de rite occidental », à l’égard de laquelle les orthodoxes orientaux restent très hostiles, est mentionné la résurrection de rites éteints, et à ce titre l’Eglise gallicane, et des tendances gnostiques. Virgo-Maria.org a déjà publié une analyse sur ce sujet à travers l’évocation de la personnalité de Hyacinthe Loyson[5].

Tighe mentionne également l’Eglise catholique national polonaise (PNCC) durant la période 1976-1985. De ce dernier subsiste une seule paroisse à Denver.

Devant cette alternance de morcellement et de regroupements, Tighe pronostique qu’à la fin « le véritable concept d’ "Anglicanisme permanent" lui-même se vide de son sens dans la pratique, tant sont grandes les différences »

Un schisme prévisible au sein de l’Eglise conciliaire des Etats-Unis

En 2001, lorsque Tighe prononce sa conférence, il pressent un schisme à venir au sein de l’Eglise conciliaire aux Etats-Unis.

« Je ne pense pas que l’état de division de l’Eglise Catholique dans des pays comme les USA, le Canada et ailleurs – pour ne parler que des pays de langue anglaise – puisse continuer indéfiniment. Un schisme va certainement se produire, ou au moins une grande défection de la part des Catholiques. L’Eglise Catholique des USA fonctionne dans une tonalité de diocèses aussi large qu’on puisse l’imaginer, depuis le cardinal Mahony à Los Angeles jusqu’à l’Archevêque Chaput de Denver et l’évêque Bruskewitz de Lincoln, et toutes les nuances entre ces extrêmes (Le Canada au contraire est encore dominé par des évêques libéraux, les pires étant les "Francophones"). » Professeur Tighe

Décrivant la dérive et la décomposition avancée de l’Eglise conciliaire aux Etats-Unis, Tighe signale que le seul point où la Rome moderniste marque une opposition est la question de la traduction des textes liturgiques vers le vernaculaire (document Liturgiam Authenticam). Depuis la conférence de Tighe, en fin 2006, Ratzinger vient de faire paraître un texte sur la traduction du pro multis, en « for many ». Il s’agit d’une péripétie finale dans cette affaire qui reste marginale. Il est assez cocasse que l’abbé Lorans et le site de la Porte Latine du District de France de la FSSPX aient monté cette affaire insignifiante en épingle et que l’abbé Barthe, promoteur de la « réforme de la réforme » l’aient présenté comme le début de la grande restauration, qui ne sera véritablement qu’une consolidation de la réforme conciliaire dans une forme de réforme Anglo-Tridentine.

Au sujet de la mutinerie à venir au sein de l’Eglise conciliaire aux Etats-Unis, Tighe recommande la lecture du scénario envisagé par Lee Penn (ancien épicopalien devenu conciliaire), et paru dans New Oxford Review : « Le grand réalignement de 2004-2012 ».

Selon Tighe :

« Pour ces Catholiques de Rite Anglican, cependant, Liturgiam Authenticam offre la possibilité de prendre la tête d’un renouvellement liturgique authentiquement Catholique. Des circonstances difficiles ont provoqué des retards préjudiciables à la publication du Livre du Culte Divin du Rite Anglican officiel (“caractéristique” au sens liturgique) , mais étant donné que des portions du Rite II (la version “Anglaise contemporaine” de leur rite de Messe) et même du Rite I des Prières de l’Offertoire (la version “Anglais classique”), tirées telles quelles du Missel Romain de 1970, sont disponibles uniquement en Anglais contemporain discordant avec le résidu de ce Rite et sont en contradiction évidente avec les exigences de  Liturgiam Authenticam, leur révision à la lumière de ce récent document ferait de la Messe Catholique de Rite Anglican un culte Catholique exemplaire dans ce pays. Un achèvement rapide de ce travail serait une contribution notable à la vie de l’Eglise Catholique en tant que telle dans le monde de langue Anglaise. » Professeur Tighe

Ainsi la question des traductions vernaculaires pour le monde anglo-saxon, offre l’opportunité aux Anglicans qui ont intégré l’Eglise conciliaire de prendre la tête d’une restauration prétendument catholique. Remarquons, ce que n’a pas vu Tighe, qu’en terme stratégiques de subversion, ce positionnement des anglicans au sein de l’Eglise conciliaire est habile. Les peaux d’agneaux de la « réforme de la réforme » recouvrent donc des « loups anglicans ».

Le Rite Anglican au sein de l’Eglise conciliaire – Une explication fondamentale de Tighe inspirée de Mascall

Tighe s’interroge sur la présence de ce rite anglican au sein de l’Eglise conciliaire.

Dans la Réforme protestante qui a suivi Luther, la plupart des communautés de cette mouvance ont rejeté l’épiscopat et l’économie sacramentelle catholique et n’ont envisagé la doctrine et les traditions des Pères de l’Eglise que dans la mesure où « elles sont compatibles avec leurs documents confessionnels classiques de la Réforme. »

« L’Eglise d’Angleterre, par contraste, a entretenu une ambiguïté étudiée sur, par exemple, l’attitude et la nécessité des évêques tout au long de l’époque de la Réforme, et sa seule déclaration de doctrine, les Trente Neuf articles, bien que clairement Protestante sous certains aspects, évitait entièrement les autres, et laissait des “trous” pouvant permettre de leur donner des interprétations plus ou moins " Catholiques", quoique souvent avec difficulté et de façon peu crédible. Du reste, dès les tous débuts du règne d’Elisabeth 1ère, beaucoup de Protestants de l’Eglise d’Angleterre, fâchés de ce qu’ils pensaient être le manque de clarté de leur Protestantisme et de la tolérance envers les vues Catholiques, commencèrent à le reprocher aux évêques et soutinrent en conséquence que les évêques devaient être abolis. Les Protestants qui voulaient protéger les évêques commencèrent bientôt à en appeler à la pratique de l’Eglise des cinq premiers siècles et à l’enseignement des Pères de l’Eglise pour défendre leur légitimité, et très tôt ces personnes et ceux qui les suivaient commencèrent à regarder l’Eglise des premiers temps et leurs Pères comme possédant une bien plus grande autorité que les Calvinistes et les Luthériens ne voulaient leur accorder. » Professeur Tighe


L’appel Anglican à la Tradition : non pas à la tradition anglicane, mais un appel à la Tradition des premiers siècles de l’Eglise

« Ainsi débuta "l’appel Anglican à la Tradition" comme Eric Mascall me le suggéra. Alors que les Luthériens et autres Protestants en appellent à leur propre tradition, la Tradition Luthérienne par exemple, et seulement par précaution à la Tradition avec un “T” majuscule, l’ “appel Anglican à la Tradition”  n’est pas un “appel à la Tradition Anglicane" mais à celle des premiers temps de l’Eglise. Maintenant, étant donné d’une part le côté sommaire des formules doctrinales Anglicanes comme les Trente Neuf Articles, et de l’autre la tendance de théologiens Anglicans, du moins certains d’entre eux, à en appeler à l’enseignement de l’Eglise des Pères, il ne fallut pas longtemps pour que certains de ces théologiens commencent à critiquer ou à mettre en question certains aspects de la pensée Protestante ou, pour dire que si une partie ou la majorité des acteurs de la Réforme Anglaise (comme l’Archevêque Cranmer) étaient clairement Protestants, leurs propres "opinions" ne coïncidaient pas avec les doctrines de l’Eglise d’Angleterre. En d’autres termes, il devint possible pour des penseurs Anglicans de rejeter maints aspects de la pensée Protestante ordinaire en se basant sur ce que l’Eglise des Pères pensait et pratiquait, sans se croire eux-mêmes “mauvais Anglicans” ou “Catholiques Romains déguisés”, tout en apparaissant semblables aux autres Protestants, et à beaucoup d’autres Anglicans également.  Ainsi il devint possible de soutenir que l’Eglise d’Angleterre possédait le meilleur des deux mondes, en accord avec les Protestants dans leur critique de la papauté et de quelques autres croyances Catholiques, tout en affirmant que seuls les Anglicans avaient conservé une juste compréhension de la structure de l’Eglise, qui était plus proche de celle des Catholiques et des Orthodoxes. » Professeur Tighe

Cette analyse citée par Tighe est capitale, car elle décrit l’anglicanisme comme une via media entre le Protestantisme dont elle se défend et ce qu’elle considère comme des dérives de l’Eglise catholique qu’elle qualifie de « romaine ». Dans la situation de 2006, où nous observons depuis 48 ans (et nous précisons : selon les apparences seulement, car l’Eglise en elle-même ne peut se commuer en autre chose) à une transmutation de l’Eglise catholique devenant ainsi l’Eglise conciliaire, nous constatons que le modèle historique de cette Eglise conciliaire de l’abbé Ratzinger est celui de l’anglicanisme. La réforme liturgique post-Vatican II (Novus Ordo Missae + Pontificalis Romani) s’est elle-même réclamée d’un « retour à l’Eglise des Pères ». Le recours à une prétendue Tradition apostolique fallacieusement attribuée à Hippolyte de Rome procède de cette logique.

Et Tighe décrit précisément le sentiment qu’on les Anglo-catholiques, les Tractariens du mouvement d’Oxford vers 1850, qui prétendent « être catholiques » :

« Avec les Tractariens du 19ième siècle et la montée de l’Anglo-Catholicisme, il devint possible pour certains Anglicans de croire que le Protestantisme était erroné dans la plupart ou même la totalité des aspects, et que les Anglicans rejetaient ou devraient rejeter les croyances Protestantes selon lesquelles les églises Anglicanes étaient des “églises Catholiques” semblables aux églises Catholiques et Orthodoxes, et n’en différaient que sur des questions mineures -  et il devint possible pour les Anglicans suivant ce chemin de vivre des vies religieuses basées sur un sentiment Catholique de la Christianité, de l’Eglise et des sacrements (évidemment, pas toujours facilement). La question n’est pas de savoir si leur regard sur la Réforme Anglaise ou l’histoire Anglicane était correcte, mais qu’ils étaient capables de le croire et de s’en échapper pour la plupart depuis environ 1850, pour modeler leur vie religieuse, leur culte et leurs prières sur la certitude d’être Catholiques, non Protestants, et que si l’Eglise Anglicane cessait d’être compatible avec leur foi Catholique, ou faisait montre d’un rejet de l’orthodoxie Catholique, ils ne lui devraient aucune allégeance, et seraient en fait obligés de la quitter. » Professeur Tighe

Et après la seconde guerre mondiale, du fait des rencontres œcuméniques qui se développaient, Tighe explique alors l’émergence d’un socle qui puisse fonder la légitimité de l’apparition d’un rite Anglican au sein de l’Eglise conciliaire :

« l’Eglise Catholique fut capable de reconnaître dans l’Anglo-Catholicisme une version de l’anglicanisme possédant une authenticité Catholique, même si les églises Anglicanes elles-mêmes ne pouvaient être reconnues comme "Catholiques". La voie était ainsi ouverte pour que l’Eglise Catholique reconnaisse qu’il ne manquait pas grand chose à la “forme Catholique” de l’Anglo-Catholicisme, et que si les Anglicans Catholiques étaient préparés à entrer dans l’Eglise Catholique, confesser sa foi, et accepter son autorité, il lui serait alors parfaitement possible d’accepter une expression du Catholicisme avec un esprit Anglican, le Rite Anglican. » Professeur Tighe

Le jugement de Tighe sur l’anglicanisme est éclairant :

« En raison des circonstances singulières de la Réforme Anglaise, l’Eglise d’Angleterre ne fut jamais capable de se définir elle-même comme clairement et univoquement Protestante ». Professeur Tighe

Et après la tornade ultra-progressiste post-Vatican II, Tighe vient suggérer que l’Anglo-catholicisme intégré à l’Eglise conciliaire peut lui apporter une bouffée de tradition !

« Ainsi les paroisses de Rite Anglican sont positionnées aujourd’hui dans l’Eglise Catholique d’Amérique de telle manière qu’elles ont beaucoup à offrir dans et hors l’Eglise Catholique et dans et hors la Tradition Anglicane. Aux Catholiques elles offrent la réalité d’une liturgie de langue Anglaise respectueuse et sacrée dans la tradition Occidentale, une réalité qui est  à la fois obligatoirement Catholique en elle-même et qui offre l’espoir et fournit un moyen de réforme et de renouvellement au milieu d’une étendue de gâchis liturgique. » Professeur Tighe

Poussant la logique, Tighe constate que ces paroisses de rite Anglican peuvent même devenir le fer de lance d’une « réforme de la réforme ». Il aborde ainsi en 2001, ce projet que Ratzinger caresse, au moins depuis 1982 (déclaration du Figaro du 12 décembre 2006) et promeut auprès de Robert Moynihan dans un entretien de 1995. En 2001, c’est aussi l’année où (influencé par qui ?) Mgr Fellay pose son « préalable » de la « liberté » du rite de Saint Pie V envers la Rome moderniste, alors que l’expérience nous démontre aujourd’hui que ce « préalable » est la première étape indispensable et mortelle de la « réforme de la réforme » (ou réforme Anglo-Tridentine) afin de piéger la FSSPX et de détruire le dernier bastion international possédant encore le Sacerdoce catholique sacramentellement valide.

« Le Rite Anglican peut jouer son rôle en encourageant une “réforme de la réforme".  En rapport avec ceci, également, ces ecclésiastiques et particulièrement les évêques qui encouragent le développement des communautés de Rite Anglican, et ceux qui s’y opposent, révélant ainsi où ils se situent, dans ce que Mgr George Kelly à qualifié de "bataille pour l’âme de l’Eglise Catholique" en Amérique. Pour les étrangers frappés par le contraste apparent au sein du Catholicisme dont les revendications ont fait l’objet de leurs recherches et ce qu’ils peuvent avoir expérimenté en assistant à des Messes lugubres ou lors de conversations avec des ecclésiastiques complaisants, les paroisses de Rite Anglican offrent le témoignage qu’il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Et si un schisme menace le Catholicisme Américain, les paroisses de Rite Anglican pourraient jouer un rôle inestimable en témoignant d’une orthodoxie Catholique explicite et attractive. » Professeur Tighe

Ainsi le Rite Anglican au sein de l’Eglise conciliaire devrait jouer un « rôle inestimable en témoignant d’une orthodoxie Catholique explicite et attractive » (sic) !

Si Mgr Lefebvre avait pris connaissance de ces faits, il ne fait aucun doute qu’il eût vertement protesté afin de dénoncer une pareille prétention de l’anglicanisme à s’ériger en représentant de l’orthodoxie catholique.

Et pour Tighe, les paroisses de Rite anglican représentent en quelque sorte la planche de salut pour les Anglicans. Car l’ « anglicanisme officiel » se dissout dans l’ultra-libéralisme, et l’ « anglicanisme permanent », démuni d’autorité manifeste, se divise sur la question de l’ « orthodoxie anglicane ».

« Aux Anglicans, des paroisses de Rite Anglican robustes offrent une appropriation du meilleur du patrimoine Catholique de l’Anglicanisme, libéré de ce qui n’est pas Catholique, ainsi que de ces disputes interminables car sans solution à propos de ce qui constitue l’ “Orthodoxie Anglicane”. En majorité dans l’ « Anglicanisme officiel », l’orthodoxie Anglicane, si tant est qu’elle existe, a été, ou est en train de se transformer en une sorte de tour de passe passe dialectique qui justifie de suivre de plus en plus les moeurs et pratiques de religiosité libérale et du culte de la réalisation personnelle, alors que dans l’ “Anglicanisme permanent” la question de savoir ce qu’est l’orthodoxie Anglicane constitue la cause première et éternelle de la division entre les différentes juridictions. » Professeur Tighe

L’Eglise conciliaire de Ratzinger, dotée d’un Indult pour le rite Anglican (en cours de négociation en lien avec celle de « Mgr Hepworth » du TAC), est donc appelée, selon Tighe, à jouer le rôle de gardienne du temple de l’anglicanisme.

« C’est seulement dans le Catholicisme de Rite Anglican – et, pour être juste, dans une version de l’ “Orthodoxie de Rite Occidental”, si elle vient et prospère, ce qui semble peu probable – que tout ce bon, vrai et Catholique Anglicanisme peut être préservé dans un contexte qui transcende ces disputes. » Professeur Tighe

Conclusion

Cet article du Professeur Tighe présente le grand intérêt, au-delà de la bonne documentation des faits, de présenter tout l’enjeu du développement du rite Anglican au sein de l’Eglise conciliaire de Ratzinger et de son rôle pressenti comme fer de lance de la « réforme de la réforme » promue dans le monde francophone par l’abbé Barthe, l’ami de Ratzinger.

Traduction de l’article de New Oxford Review de janvier 2003

(avec nos remerciements au traducteur)

LA DIASPORA DES ANGLICANS DE TRADITION

Anglicanisme, Catholicisme & La signification du  "Rite Anglican " dans l’eglise catholique

Janvier 2003, par William J. Tighe

William J. Tighe est Professeur Adjoint d’Histoire au  Muhlenberg College en Pennsylvanie. Cet article est une adaptation de ses notes d’allocution à la Conférence du Rite Anglican à l’Eglise Catholique Notre Dame de la Réparation à San Antonio, Texas, le 4 octobre 2001 qui fut publié à l’origine dans le numéro du 26 octobre 2001 de Salve, le bulletin de la paroisse Catholique de Rite Anglican de la Vierge Marie d’Arlington, Texas, qui en a autorisé l’utilisation. Pour connaître le contexte du Rite Anglican dans l’Eglise Catholique, consulter “Anglican Use’ Catholic Parishes” de Charles M. Wilson dans notre numéro de novembre 2001.

Bien qu’historien de profession, avec la spécialité du 16ème siècle Anglais, j’ai peu d’expérience pratique du “Rite Anglican” dans l’Eglise Catholique, mis à part la présence occasionnelle aux Messes de la Congrégation de St Athanase dans le secteur de Boston. Cependant, je m’intéresse à l’Anglicanisme et à l’Orthodoxie Orientale depuis mes études à Georgetown il y a quelque 30 ans. Etant étudiant à Yale, j’abandonnai plus ou moins le Catholicisme – de facto mais non de jure- et vécu comme un Anglican environ cinq ans, en Amérique, puis en Angleterre, avant de “revenir” à l’Eglise Catholique en 1979. Depuis, j’ai continué à éprouver un grand intérêt pour le déclin de l’orthodoxie historique dans les Eglises Anglicanes du monde de langue Anglaise, et pour les fortunes diverses des groupes de la 'continuité Anglicane' qui se sont séparés de l’Anglicanisme officiel.

En outre, j’ai eu la chance d’avoir rencontré le désormais chanoine Eric Macall – un Anglo-Catholique Britannique très engagé et érudit s’il en est – résultat de la brusque décision  du Vendredi Saint 1977 d’aller l’écouter prêcher durant la Prière de Trois Heures à l’Eglise de la Transfiguration de New York. Nous n’échangeâmes que peu de mots cette fois là, lorsqu’il devint clair que j’allais quitter Yale pour l’Université de Cambridge à l’automne 1978, je lui écrivis et il m’invita à prendre le thé au Presbytère de Ste Marie dans Bourne Street où il résidait depuis plus de 25 ans ans après qu’il ait quitté Christ, Oxford, en raison de la position du Professeur de Théologie Historique au King’s College de Londres en 1962. Ce fut la première d’une longue série de rencontres durant les huit années que je passai en Angleterre. Lors de mes séjours ’été suivants à Londres, je lui rendis visite à la maison de retraite de Seaford, sur la côte du Sussex, où il passa les tristes dernières cinq années et demie de sa vie après avoir contracté une maladie débilitante en 1987, maladie dont il ne se remit jamais complètement.

En Angleterre particulièrement, ma vie fut marquée par des amitiés avec d’intelligents Catholiques orthodoxes qui avaient été Anglicans, et qui apportèrent à l’Eglise une certaine sensibilité qui n’était pas à l’aise avec les “expérimentations” souvent consternantes des décades suivant Vatican II, y compris le célèbre théologien Dominicain Fr. Aidan Nichols (qui se convertit au catholicisme lorsqu’il était étudiant à Christ Church, Oxford) et le Prof. John Saward (Chapelain du Lincoln College, Oxford puis curé de Tregony en Cornouailles avant de se convertir au Catholicisme en 1979). Cela se comprend cependant, je suis un chaud sympathisant du “Rite Anglican” et de sa place dans l’Eglise Catholique. Et je suis aussi quelqu’un qui croit que la finalité, ou telos, de l’Anglicanisme Catholique historique se trouve dans l’Eglise Catholique.

Dans cet essai, je désire présenter quelques réflexions sur l’avenir de l’Anglicanisme dans ses diverses manifestations contemporaines, le futur du Catholicisme Romain aux Etats Unis et dans les milieux similaires, et la signification du “Rite Anglican”,  de même que des raisons de sa position dans l’Eglise Catholique.

L’Anglicanisme Officiel

Par “Anglicanisme officiel”, j’entends ces églises qui sont en communion avec Canterbury, comme l’Eglise Episcopale des U.S.A. (ECUSA) et l’Eglise Anglicane du Canada – Eglises du monde occidental de langue Anglaise (à l’exception de la plupart de églises “Anglicanes" officielles d’Afrique et d’Asie, qui ont plus ou moins résisté au libéralisme théologique, bien que quelques unes, comme l’Eglise de Province d’Afrique du Sud y aient succombé). Du point de vue historique “Anglo Catholique”, “Tractarien”, ou plus simplement “Caroline” ou “ haute église ancienne ”, l’orthodoxie Anglicane est morte dans ces églises, ou au moins moribonde, sans espoir de guérison. La raison peut se résumer en deux mots : « ordination de femmes », et tout ce qui suivi et suivra encore. (Une autre raison peut-être plus profonde, ainsi qu’Eric Mascall me l’indiquait, se trouve dans la Conférence de Lambeth en 1930 et son acceptation de la contraception, d’où s’ensuivit toutes sortes d’inepties et de révision en matière sexuelle). Il est clair sans aucun doute que toutes les "Eglises apostoliques"  historiques d’avant la Réforme – l’Eglise Orthodoxe, les Eglises Orthodoxes Orientales, et l’Eglise Assyrienne d’Orient, sans parler de l’Eglise Catholique – rejettent l’ordination des femmes comme incompatible avec l’orthodoxie Chrétienne. Seuls l’Eglise Anglicane et les Vieux Catholiques Européens “anglicanisés” prétendent le contraire.

Il y a des Anglicans que j’admire et respecte, comme le Rev. David Moyer de Forward-in-Faith North America, qui demeure en tant que témoin de l’orthodoxie Anglo-Catholique au sein de l’ ECUSA, mais je pense pouvoir dire avec une certaine assurance que ceux qui lui ressemblent restent dans l’ECUSA pour des raisons pragmatiques et “pastorales” de court terme, sans aucun engagement réel envers “l’institution” en tant que telle, ou bien parce qu’ils ne savent pas où aller. De même, il y a l’organisation Anglaise Forward-in-Faith qui avait depuis les débuts une attitude plus “enthousiaste” envers “les pouvoirs et les principautés” dans leur église que n’en avaient leurs cousins Américains (et ceci en partie au vu des résultats en Amérique). L’essentiel des efforts de l’organisation Anglaise F-i-F apparaissant orienté en vue de sécuriser leur sortie de l’Eglise d’Angleterre  sous l’aspect plus ou moins déguisé d’une “troisième province”, on peut conclure avec certitude que ses adhérents ne voient pas de futur à long terme pour l’Anglo-Catholicisme dans l’Eglise d’Angleterre. Les contacts que F-i-F a entrepris les sept ou huit dernières années avec les groupes d’ “opposition orthodoxe catholicisante” ou tout au moins “haute église” dans les églises Luthériennes Scandinaves (spécialement en Suède et Norvège) semble clairement, quoique tacitement, poser en principe que les 10 à 15 prochaines années verront la descente continue des églises Anglaises et Scandinaves vers l’abandon de l’enseignement sexuel/éthique et une relativisation de leur attitude envers les dogmes traditionnels — certaines églises Scandinaves, l’Eglise d’Etat du Danemark par exemple, dans lesquelles le clergé est légalement autorisé à "bénir" les "associations" homosexuelles, semblent déjà arrivées à destination, avec les Suédois à peu de distance derrière — et l’émergence de groupes d’églises séparées dans tous ces pays en association lâche avec une "Province Libre" de l’Eglise d’Angleterre. Il est clair que certaines des figures marquantes de ce mouvement envisagent l’issue ultime de tout ceci dans une réconciliation avec le Saint Siège.

En esquissant ce qui précède, j’ai omis de tenir compte d’une question antérieure très significative,  à savoir, qu’est-ce que “l’Orthodoxie Anglicane"? Tout au long du quart de siècle passé, un bon nombre de recherches historiques effectuées par des historiens désintéressés (par ex. Patrick Collinson, Peter Lake, Nicholas Tyacke, Anthony Milton), souvent non Chrétiens, ont montré de façon concluante que le mot “Anglicanisme”, tel qu’il est compris traditionnellement à la fois par les Anglo Catholiques et par les Anglicans de base – tout le monde en fait, à l’exception des Protestants Anglicans à la peau dure – était à la base l’ invention au niveau intellectuel de Richard Hooker durant la décade précédant sa mort en 1600, en réaction contre l’idée irrésistiblement dominante des évêques et théologiens Anglais selon laquelle leur église était une église "Réformée" tirant son inspiration théologique des principaux théologiens de la Réforme Suisse, Zwingle, Jean Calvin, et Heinrich Bullinger. Ce fut après la Restauration de 1660 que le mot “Anglicanisme” (qui ne fut pas employé pour décrire la religion de l’Eglise d’Angleterre avant le 19ème siècle) commença  à émerger comme une distinction consciente entre Rome et le Protestantisme dogmatique confessionnel. “Anglicanisme” – le mot sinon la chose – est une invention du 17ème siècle, alors que de 1559 à 1600 ou même 1620 l’Eglise d’Angleterre était plus nettement une église "Réformée". Cela signifie que l’espèce d’Anglicanisme fermement Protestant qui a existé seulement au siècle dernier aux marges de l’ ECUSA, mais qui sous tendait  la formation de l’Eglise Episcopale Réformée vers 1870, et qui constitue la vraie raison d’être de l’Archidiocèse Anglican de Sydney, Australie, peut justement réclamer les titres de propriété de la religion de la Réforme Anglaise (A l’exception, et j’insiste, du mot "Anglicanisme" employé pour la nommer).

Depuis au moins 1660, “L’orthodoxie Anglicane” est un sujet de controverse entre deux tendances théologiques au sein de l’église d’Angleterre et ses églises filles ou soeurs, avec l’apparition ultérieure d’une troisième – la chapelle “Latitudinaire” ou “l’église large” ou “modérée” ou (finalement) “libérale” qui a revendiqué de synthétiser, ou au moins juxtaposer, les meilleurs côtés des deux autres, mais qui, dans le siècle dernier, a constitué la pointe du modernisme dans la Communion Anglicane. Revendiquant l’usage des “finesses” de la “pensée contemporaine” pour réaliser cette synthèse, cette attitude s’est avérée presque totalement incapable de critiquer l’Esprit du Temps, et est ainsi devenue le vecteur du “SIDA théologique” qui a infecté les églises Anglicanes qui étaient habituellement appelées le Premier Monde. Il se peut que des organisations Evangéliques moyennement conservatrices dans l’ECUSA, Comme l’American Anglican Council (AAC) ou l’Anglican Mission in America (AMiA), puissent agir en vue de retarder le triomphe final des forces de l’hétérodoxie totalitaire au sein de l’ECUSA, mais quoi? L’entêtement de l’AAC à vouloir demeurer à tout prix dans l’ ECUSA semble être sa position invariable, cependant que l’AMiA apparaît par bien des aspects viser une version plus conservatrice de l’Eglise Episcopale d’après 1976. Les deux approuvent  l’ordination des femmes, même si l’AMiA  à décrété tantôt un moratoire sur l’application en attendant l’issue d’une "étude théologique" de deux ans sur la question. Ces organisations méritent d’être considérées avec suspicion par les “Anglicans traditionnels” de tout poil, et par ces amis Catholiques traditionalistes et Orthodoxes.

"Anglicanisme permanent"

Ma répugnance envers l’ “Anglicanisme officiel” contemporain, qui m’amène à me demander qu’est-ce que les autorités Catholiques du Canada, qui continuent à approuver des réunions telles que la “Mississagua Conference”  de Mai 2001 près de Toronto, qui réunit 30 évêques “Anglicans officiels” et 30 évêques Catholiques pour trouver comment les deux communions pourraient rapprocher leur “chemin de convergence”, peuvent espérer de tels gaspillages de temps et d’argent – laisse place, dans le cas des groupes de l’ "Anglicanisme permanent" au respect et à l’admiration. J’admire l’amour pour l’orthodoxie Chrétienne et la conviction que la vérité a plus d’importance que tout qui ont conduit les “Anglicans permanents” à prendre la difficile décision de se rendre au désert et en payer le prix, soit souvent laisser de chères et familières églises pour rendre leur culte dans des établissements peu familiers et souvent incongrus. (des Anglo-Catholiques toujours dans l’ECUSA, spécialement des clergymen, m’ont souvent dit que la raison principale qui les faisait rester sur place était de réaliser  que s’il étaient capables de quitter l’ECUSA avec leur “installation paroissiale” ils emmèneraient avec eux la grande majorité des membres actifs de leur congrégation, alors que s’ils avaient à laisser l’église derrière eux et présider –comme me l’a dit l’un deux – "dans un gymnase de collège", ils n’entraîneraient peut-être qu’un quart ou un tiers d’entre eux).

Cependant, après deux décades d’ “Anglicanisme permanent”, il est clair que rien ne peut entraver la fragmentation permanente dont il souffre depuis son origine en 1977-79. En partie, il apparaîtrait que ceci était du à des erreurs commises au début des années critiques sus mentionnées : la hâte à sécuriser un épiscopat, même au prix d’une irrégularité canonique apparente ; l’impossibilité d’arriver à un accord sur une structure canonique pour l’Eglise Anglicane en Amérique du Nord, telle qu’elle fut originellement nommée avant qu’elle ne se brise ; des divergences dans les positions théologiques et les attitudes envers l’exercice de l’autorité chez les quatre évêques originellement consacrés à Denver en 1979; Ainsi que des différents sur la position vis à vis de groupes religieux de tradition Anglicane dont l’origine est antérieure à la crise de l’ECUSA sur l’ordination de femmes depuis 1973-74.

A ceci on peut ajouter que la question de ce qui constitue l’orthodoxie Anglicane surgit sous une forme aiguë dans l’ “Anglicanisme permanent”, et, du fait qu’il existe trois ou peut être quatre réponses possibles, les divergences à ce propos aggravent fortement les autres motifs de division.

Quelles sont les réponses possibles ? Premièrement, il existe le genre d’orthodoxie agressivement Protestant Réformé qui verrait l’essor de l’ “Anglicanisme” depuis les années 1620 comme un recul de la pureté de la doctrine des réformations Elisabéthaines et Edwardiennes, juste comme ils pourraient voir le Prayer Book de 1662 comme un affaiblissement du Protestantisme franc de ceux de  1559 et 1552. Cette tendance pourrait être représentée aujourd’hui en tant qu’ “Anglicanisme officiel” par l’Archidiocèse de Sydney, et à, ou par delà, ses frontières par l’Eglise d’Angleterre en Afrique du Sud (à ne pas confondre avec l’Eglise de la Province d’Afrique du Sud, le groupe officiel, un temps moyennement haute église, avec de fortes enclaves Anglo-Catholiques, mais devenue libérale) et l’Eglise Episcopale Réformée d’Amérique. Puis, moins univoquement Protestants dans leurs positions théologiques et désirant plus que l ‘héritage de l’ "Anglicanisme historique" tout en demeurant univoquement Protestant et "basse église" dans la conception, figurent des groupes tels que l’Eglise Anglicane Orthodoxe et l’Eglise Episcopale Unie, dorénavant "implosée", fondée par Dale Doren, l’un des quatre évêques " Anglicans permanents" consacrés à Denver en 1979.

Il y a, de l’autre côté du spectre de l’ “Anglicanisme permanent”, des groupes d’une complexion fortement Anglo-Catholique. Ainsi l’ Province Anglicane du Christ Roi (APCK), dont l’Archevêque Robert Morse est un des évêques consacrés à Denver en 1979. J’ai eu le privilège de parler avec l’archevêque Morse, qui me fit clairement comprendre que, si l’Anglicanisme avait un “fond Catholique”, celui-ci, à son sens, avait été handicapé définitivement depuis ses origines en 1559 par le “compromis Elisabéthain”, ainsi qu’il le qualifiait – une tentative de rendre les formulaires aussi ambigus que possible, comme de permettre une large introduction des “Attitudes, croyances et pratiques Protestantes” -  un compromis dont il disait que c’était la mission de sa Province de répudier, afin de produire un Anglicanisme Catholique franc, et dans ce but, ainsi qu’il me le confia, il avait depuis  20 ans pris ses distances avec les autres groupes "Anglicans permanents" qu’il considérait comme soit Protestants ou bien attachés à perpétuer le "compromis Elisabéthain". Il y avait aussi le Synode Anglican dans les Amériques avec son métropolitain, Herbert Groce, qui se revendique comme la Province Américaine de l’Eglise Catholique Indépendante des Philippines, qui a pris également une position “Catholique Occidentale”. Mais au début de 2002, tous les évêques de ce groupe sauf un annoncent la fusion entre leur “juridiction” et un groupe “Anglican permanent” moins Anglo-Catholique, laissant le dernier évêque et sa poignée d’ecclésiastiques (tenant sur les doigts d’une main) échoués dans le Delaware et la côte est du Maryland. L’APCK ne semble pas avoir de dévotion particulière envers la Réforme ou quelque problème fondamental avec la papauté en elle-même, cependant, la plupart de ses dirigeants pourraient refuser Apostolicae Curae du Pape Léon XIII (déclarant les ordres Anglicans invalides) ou interpeller la papauté à propos de son refus historique d’accepter la nature « Catholique » de l’Eglise d’Angleterre et de ses églises soeurs. L’Eglise Anglicane Catholique (ACC), au contraire, au moins après la perte de la moitié de ses participants en 1991 à la fusion entre les partisans de l’Archevêque Louis Falk’s avec l’Eglise Episcopale Américaine d’ Anthony Clavier et avant son schisme de 1997, aspirait à une sorte d’ “Orthodoxie Occidentale” regardant l’Anglicanisme comme un redressement, en partie au moins, de cette Orthodoxie commune du premier millénaire qui fut, en Occident, obscurcie par la montée du "papalisme" à partie du 11ème siècle. On a dit cependant que l’ACC a minimisé la nature normative de cette vision “pro-orientaliste” depuis 1997, bien que j’ignore si c’est vrai. Le groupe minoritaire après le schisme de 1997, la Sainte Eglise Catholique de Rite Anglican, ne conserve pas la normativité de la théologie Orthodoxe pour une véritable compréhension de la catholicité, mais soutient que la tradition liturgique et le génie spirituel Anglicans peuvent convenablement la représenter dans un mode Occidental, mais en 1999, ce groupe se divise aussi avec l’apparition de la Sainte Eglise Catholique de Rite Occidental, qui, considérant l’Anglicanisme historique comme une tentative de résolution des “problèmes Occidentaux” en principes Occidentaux et finalement additionne simplement les problèmes, a cessé de toute manière de se considérer comme "Anglicane" mais utilise une liturgie du style Prayer-Book avec cependant un Canon Romain "Grégorien" (tels qu’ils le définissent) utilisé exclusivement.

Fortement Protestant d’un côté et fortement “Catholique” de l’autre (Occidental ou Oriental), y a-t-il d’autres possibilités? On ne s’attendrait pas à trouver le libéralisme qui triomphe à l’ ECUSA dans ces milieux “Anglicans permanents”, et je n’en n’ai pas rencontré (Sauf si nous qualifions l’AMiA de “libéralisme” en raison de sa position ambiguë sur l’ordination des femmes), mais il peut y avoir des groupes présentant quelques unes des caractéristiques apparentes d’ “église large”, qui pourraient autrement être caractérisés comme souhaitant retourner vers une version de l’Eglise Episcopale telle qu’il pensent qu’elle aurait été "avant la Chute", peut-être vers 1950, ou un peu avant, disons 1928. L’Eglise Anglicane en Amérique de l’Archevêque Louis Falk semble s’en rapprocher, au moins dans certains diocèses, bien que son clergé soit majoritairement Anglo-Catholique dans ses vues. La Province Anglicane de Walter Grundorf pourrait s’en rapprocher encore plus, avec son attitude de laisser aller en ce qui concerne le divorce et le "remariage" chez les ecclésiastiques et les laïcs.

Il y a sans doute d’autres groupes que j’ignore dont les attitudes théologiques appartiendrait à l’un ou l’autre des paradigmes que j’ai esquissés plus haut.

Et pour compléter le tableau, il y a ceux qui ont tenté de perpétuer certains aspects de leur patrimoine Anglican dans d’autres milieux: les Catholiques de Rite Anglican de la “Réserve Pastorale” (voir plus loin), mais aussi les paroisses de rencontrées dans plusieurs juridictions Orthodoxes, et ces quelques congrégations de l’ “Eglise Catholique Nationale Polonaise” dont les membres et le clergé sont (ou étaient) de la mouvance Episcopalienne.

De même que pour le “Rite Orthodoxe Occidental”, la légitimité réelle d’un tel concept est fortement mise en question par quelques églises et théologiens Orthodoxes, particulièrement d’ascendance Grecque, dans la mesure où, dans le monde contemporain, la tradition Byzantine du culte, des prières et de la discipline sont un des signes de reconnaissance de l’Orthodoxie, laquelle se protége des risques de dilution de l’identité Orthodoxe, ou de ce que l’érection du "Rite Occidental" Orthodoxe puisse se rapprocher du genre Rite Oriental "Uniate" du Catholicisme auquel les Orthodoxes s’opposent si fortement.

Qui plus est, de ces Orthodoxes qui acceptent la légitimité de l’Orthodoxie de "Rite Occidental", la plupart stipulent que les seuls rites “Occidentaux” seraient ceux antérieurs au schisme entre l’Orient et l’Occident, tels que le Rite Romain – avec la suppression de ce qui est vu par les Orthodoxes comme des additions hétérodoxes postérieures comme le filioque du Credo et peut-être des additions telles qu’une épiclèse explicite pour aligner ces rites avec l’enseignement Orthodoxe. Beaucoup insisteraient également sur la résurrection ou la recréation de rites éteints, comme le “Rite Gallican” Français d’avant le neuvième siècle – une tâche entreprise depuis 1940 par une petite Eglise Orthodoxe Française qui fut accusée de tendances Gnostiques et qui, à plusieurs reprises fut admise dans, puis exclue de la communion de l’une ou l’autre des églises Orthodoxes historiques – qui ne doit être encouragé à aucun prix. La plupart des paroisses Orthodoxes de “Rite Occidental” de contexte Anglican utilisent une version du Missel Romain traduit en Anglais “Cranmérien” pour leur culte. 

Pareillement avec l’Eglise Catholique Nationale Polonaise (PNCC), l’expérience conduite de 1976 à 1985 avec le clergé et les paroisses ex-Episcopaliennes s’est avérée insatisfaisante pour les deux côtés. Il était devenu clair, d’une part que beaucoup des ex-Episcopaliens désiraient plus d’autonomie paroissiale et la continuation de leur existence précédente en tant qu’Episcopaliens que la PNCC n’était pas disposée à concéder – sans parler des ambitions épiscopales, satisfaites ailleurs, de certains clergymen – et d’autre part, que quelques forts courants d’opinion au sein du PNCC désiraient que ces paroisses adoptent la liturgie et le génie du PNCC après une courte période de transition. Il ne reste plus dans le PNCC qu’une seule paroisse d’origine Episcopalienne à Denver, Colorado.

Pour terminer, je crois que la difficulté de la question de la nature de l’ “orthodoxie Anglicane”, et le fait que des réponses contradictoires encore que plausibles puissent y être apportées, signifie que les groupes “Anglicans permanents” vont, soit continuer à se fragmenter ou au moins aller vers un autre groupe en accord avec leurs différentes réponses à la question – ou, si ce n’est pas le cas, ce sera seulement pour des raisons pragmatiques, en témoignent quelques uns des "concordats" singuliers entre d’assez improbables groupes d’ "Anglicans permanents". Certains de ces groupes peuvent prospérer, d’autres disparaître, et il se peut bien à la fin que le véritable concept d’ "Anglicanisme permanent" lui-même se vide de son sens dans la pratique, tant sont grandes les différences.

Catholicisme

Je ne pense pas que l’état de division de l’Eglise Catholique dans des pays comme les USA, le Canada et ailleurs – pour ne parler que des pays de langue anglaise – puisse continuer indéfiniment. Un schisme va certainement se produire, ou au moins une grande défection de la part des Catholiques. L’Eglise Catholique des USA fonctionne dans une tonalité de diocèses aussi large qu’on puisse l’imaginer, depuis le cardinal Mahony à Los Angeles jusqu’à l’Archevêque Chaput de Denver et l’évêque Bruskewitz de Lincoln, et toutes les nuances entre ces extrêmes (Le Canada au contraire est encore dominé par des évêques libéraux, les pires étant les "Francophones"). Ces Catholiques de Rite Anglican n’ont pas besoin que je les informe des différences de tempérament épiscopal dans l’Eglise Catholique, il me suffit de prononcer les mots  “Las Vegas” (où une paroisse de Rite Anglican a été supprimée ces dernières années) ou “Los Angeles” (où les autorités archidiocésaines on refusé l’entrée dans l’Eglise Catholique à une paroisse antérieurement Episcopale).

Au moins jusqu’à récemment, les évêques Américains ont en général régné sur une maison fière et rebelle, et furent trop souvent complices de cet esprit orgueilleux et rebelle. Ces 35 dernières années, les évêques Américains ont demandé à Rome d’autoriser des nouveautés telles que la Communion dans la main, les filles servantes de messe, un langage “tout compris” pour le culte, et lorsque, dans tous les cas sauf le dernier, Rome a répondu par la négative, ils ont refusé d’admettre sa réponse, n’ont rien tenté pour supprimer ces pratiques, ont réitéré leurs demandes à maintes reprises, jusqu’à ce que Rome – malheureusement – ait concédé le point. Beaucoup d’évêques ont permis, ou au moins n’ont rien fait pour décourager, la rénovation – dirai-je la "massacrovation"? – de nombreuses églises sous le prétexte spécieux que la "loi de l’Eglise" ou des "normes de Vatican II" l’exigeaient. Les évêques on laissé de nombreuses universités “Catholiques” devenir des citadelles de la dissidence, sans y faire grand chose, et ont évacué les instructions de Rome sur la gouvernance des universités Catholiques (selon Corde Ecclesiae) à tel point qu’ils ont implicitement accordé le "droit de dissidence" même à ceux qui sont supposés être professeurs de théologie dans les institutions Catholiques. Pour ce qui est du “langage tout compris”, Rome semble avoir décidé de ne pas faire de concessions, et dans le récent document Liturgiam Authenticam, à propos des principes de traduction liturgique du Latin vers le vernaculaire, Rome semble avoir lancé une véritable "Contre Réforme", contredisant les principes selon lesquels toutes les traductions Anglaises de plus de 30 ans étaient fondées et insistant sur un "plan d’action" pour remédier aux défauts des traductions en vigueur. Heureusement, l’ordination de femmes à la prêtrise a été infailliblement proscrite par le Saint Siège, et il semble qu’une condamnation  similaire pour l’ordination au diaconat soit en cours.

La raison pour laquelle la réaction à Liturgiam Authenticam a été relativement étouffée (bien qu’il y ait eu des explosions de rage chez les “suspects habituels”) est due à l’espoir des opposants à la politique papale que nous soyons à la fin du pontificat actuel et qu’après Jean Paul II nous aurions, sinon un “pape libéral”, tout au moins un pape qui n’essayerait pas de dire aux Catholiques Américains comment faire marcher “leur” église.

Mais si nous avions  un autre pape dans le moule, ou simplement avec l’orthodoxie de l’actuel Saint Père? Des évêques à la Romaine plus nombreux, Liturgiam Authenticam appliqué, et pas de concessions faites aux demandes de l’ “Amchurch” et de sa nomenklatura bureaucratique ? Ceci ne conduirait-il pas l’un ou l’autre de ces libéraux de tout rang vers la colère, le défi et la mutinerie ? Ceci ne provoquerait-il pas en retour, des mesures disciplinaires, des révocations et par la suite des excommunications ? Je conseille à ceux qui souhaitent développer la question du schisme de lire l’intéressant scénario esquissé par Lee Penn, lui-même ancien Episcopalien devenu Catholique, dans un article du numéro de Décembre de la  NEW OXFORD REVIEW, “Le grand Réalignement de 2004-2012.” Si un schisme formel dans l’Eglise Catholique d’Amérique était différé par, disons, l’élection d’un pape faible et flottant ou par la prolongation de l’incapacité de l’actuel Saint Père, les querelles continueraient simplement à s’envenimer. 

Pour ces Catholiques de Rite Anglican, cependant, Liturgiam Authenticam offre la possibilité de prendre la tête d’un renouvellement liturgique authentiquement Catholique. Des circonstances difficiles ont provoqué des retards préjudiciables à la publication du Livre du Culte Divin du Rite Anglican officiel (“caractéristique” au sens liturgique) , mais étant donné que des portions du Rite II (la version “Anglaise contemporaine” de leur rite de Messe) et même du Rite I des Prières de l’Offertoire (la version “Anglais classique”), tirées telles quelles du Missel Romain de 1970, sont disponibles uniquement en Anglais contemporain discordant avec le résidu de ce Rite et sont en contradiction évidente avec les exigences de  Liturgiam Authenticam, leur révision à la lumière de ce récent document ferait de la Messe Catholique de Rite Anglican un culte Catholique exemplaire dans ce pays. Un achèvement rapide de ce travail serait une contribution notable à la vie de l’Eglise Catholique en tant que telle dans le monde de langue Anglaise.

Le rite Anglican

Pourquoi un Rite Anglican dans l’Eglise Catholique? C’est une question qui demande quelque réflexion, si la position traditionnelle de l’Eglise Catholique –l’Eglise d’Angleterre est une entité Protestante Réformée dans ses origines et sa nature profonde, quoique avec une contrainte catholicisante depuis ses débuts -  était prise au pied de la lettre pour le statut de l’Anglicanisme, comme je le crois. (Je ne propose pas ici de régler le problème des ordinations Anglicanes ni la question fascinante de l’effet possible de la participation d’évêques Vieux Catholiques dans les consécrations épiscopales Anglicanes depuis 1932 – sauf à noter que cette infusion de Vieux Catholiques sous tendait la décision du Saint Siège de permettre l’ordination sous condition de Graham Leonard en 1994, précédemment évêque de Londres dans l’Eglise d’Angleterre). On ne peut s’attendre à ce que les Catholiques Orthodoxes nourrissent des projets pour un “Rite Baptiste”, un “Rite Presbytérien” ou même un “Rite Luthérien”, en dépit de l’existence chez les Luthériens de ceux qui se qualifient eux-mêmes de "catholiques évangéliques", aussi pourquoi y aurait-il un Rite Anglican ? Je pense que la raison se trouve quelque part dans ces lignes. 

Au moment de la Réforme, la plupart des entités Protestantes produirent des professions de foi qui, sur des points clés, divergeaient et rejetaient les enseignements de l’Eglise Catholique sur des sujets variés, et en même temps altéraient à la foi la structure ministérielle et l’économie sacramentelle de leurs groupes et ce qui en résultait était incompatible avec le Catholicisme. La plupart des entités Protestantes ou bien rejetèrent entièrement l’Ordre Episcopal, par exemple, ou lorsque le titre d’ "évêque" était retenu, il correspondait à l’emploi d’une fonction purement administrative. (Même dans le cas de l’Eglise de Suède, la seule entité Luthérienne revendiquant avoir préservé la succession apostolique durant la période de Réforme, les énoncés confessionnels de cette église, ses rituels d’ordination, et la nature des relations passées ou présentes avec les autres églises montrent clairement que cela n’a pas grande signification, et  que les évêques ne sont en aucun cas nécessaires à une "véritable église"). Les entités Protestantes, même si elles pourraient être “haute église” sous certains aspects, en dernière analyse, si elles sont fidèles à leurs convictions historiques, font appel aux pratiques et croyances de l’Eglise des Pères dans la mesure où elles sont compatibles avec leurs documents confessionnels classiques de la Réforme. L’Eglise d’Angleterre, par contraste, a entretenu une ambiguïté étudiée sur, par exemple, l’attitude et la nécessité des évêques tout au long de l’époque de la Réforme, et sa seule déclaration de doctrine, les Trente Neuf articles, bien que clairement Protestante sous certains aspects, évitait entièrement les autres, et laissait des “trous” pouvant permettre de leur donner des interprétations plus ou moins " Catholiques", quoique souvent avec difficulté et de façon peu crédible. Du reste, dès les tous débuts du règne d’Elisabeth 1ère, beaucoup de Protestants de l’Eglise d’Angleterre, fâchés de ce qu’ils pensaient être le manque de clarté de leur Protestantisme et de la tolérance envers les vues Catholiques, commencèrent à le reprocher aux évêques et soutinrent en conséquence que les évêques devaient être abolis. Les Protestants qui voulaient protéger les évêques commencèrent bientôt à en appeler à la pratique de l’Eglise des cinq premiers siècles et à l’enseignement des Pères de l’Eglise pour défendre leur légitimité, et très tôt ces personnes et ceux qui les suivaient commencèrent à regarder l’Eglise des premiers temps et leurs Pères comme possédant une bien plus grande autorité que les Calvinistes et les Luthériens ne voulaient leur accorder. Ainsi débuta "l’appel Anglican à la Tradition" comme Eric Mascall me le suggéra. Alors que les Luthériens et autres Protestants en appellent à leur propre tradition, la Tradition Luthérienne par exemple, et seulement par précaution à la Tradition avec un “T” majuscule, l’ “appel Anglican à la Tradition”  n’est pas un “appel à la Tradition Anglicane" mais à celle des premiers temps de l’Eglise. Maintenant, étant donné d’une part le côté sommaire des formules doctrinales Anglicanes comme les Trente Neuf Articles, et de l’autre la tendance de théologiens Anglicans, du moins certains d’entre eux, à en appeler à l’enseignement de l’Eglise des Pères, il ne fallut pas longtemps pour que certains de ces théologiens commencent à critiquer ou à mettre en question certains aspects de la pensée Protestante ou, pour dire que si une partie ou la majorité des acteurs de la Réforme Anglaise (comme l’Archevêque Cranmer) étaient clairement Protestants, leurs propres "opinions" ne coïncidaient pas avec les doctrines de l’Eglise d’Angleterre. En d’autres termes, il devint possible pour des penseurs Anglicans de rejeter maints aspects de la pensée Protestante ordinaire en se basant sur ce que l’Eglise des Pères pensait et pratiquait, sans se croire eux-mêmes “mauvais Anglicans” ou “Catholiques Romains déguisés”, tout en apparaissant semblables aux autres Protestants, et à beaucoup d’autres Anglicans également.  Ainsi il devint possible de soutenir que l’Eglise d’Angleterre possédait le meilleur des deux mondes, en accord avec les Protestants dans leur critique de la papauté et de quelques autres croyances Catholiques, tout en affirmant que seuls les Anglicans avaient conservé une juste compréhension de la structure de l’Eglise, qui était plus proche de celle des Catholiques et des Orthodoxes.

Avec les Tractariens du 19ième siècle et la montée de l’Anglo-Catholicisme, il devint possible pour certains Anglicans de croire que le Protestantisme était erroné dans la plupart ou même la totalité des aspects, et que les Anglicans rejetaient ou devraient rejeter les croyances Protestantes selon lesquelles les églises Anglicanes étaient des “églises Catholiques” semblables aux églises Catholiques et Orthodoxes, et n’en différaient que sur des questions mineures -  et il devint possible pour les Anglicans suivant ce chemin de vivre des vies religieuses basées sur un sentiment Catholique de la Christianité, de l’Eglise et des sacrements (évidemment, pas toujours facilement). La question n’est pas de savoir si leur regard sur la Réforme Anglaise ou l’histoire Anglicane était correcte, mais qu’ils étaient capables de le croire et de s’en échapper pour la plupart depuis environ 1850, pour modeler leur vie religieuse, leur culte et leurs prières sur la certitude d’être Catholiques, non Protestants, et que si l’Eglise Anglicane cessait d’être compatible avec leur foi Catholique, ou faisait montre d’un rejet de l’orthodoxie Catholique, ils ne lui devraient aucune allégeance, et seraient en fait obligés de la quitter.

Quoique l’Eglise Catholique et les Catholiques en général fassent montre d’un rejet dédaigneux des revendications à propos de la nature “essentiellement catholique” de l’Anglicanisme depuis les origines de l’Anglo-Catholicisme vers 1840 (décrivant souvent les Anglo-Catholiques comme des “Protestants décorés” ), les plus raisonnables d’entre eux ont du souvent reconnaître qu’en termes de croyances professées et de pratiques, beaucoup, sinon la plupart des Anglo-Catholiques en général vivaient conformément à ce que l’Eglise Catholique pensait et croyait, à tel point qu’avec les débuts d’ouverture du Catholicisme vers l’oecuménisme après la Seconde Guerre Mondiale beaucoup de catholiques montraient au moins un certain degré de bonne volonté pour revoir leur attitude vis à vis de l’Anglicanisme, juste pour voir leurs soupçons à propos de l’ "Anglo-Catholicisme" confirmés par ce qui arriva dans l’Eglise Episcopale, dans l’Eglise d’Angleterre et ailleurs à partir de 1970, comme par la prise de conscience qu’il y avait des tendances de la pensée Anglicane qui n’étaient en aucun cas plus évidemment "Catholiques" que, disons, la pensée Luthérienne ou Méthodiste. Mais à côté de cela, heureusement, l’Eglise Catholique fut capable de reconnaître dans l’Anglo-Catholicisme une version de l’anglicanisme possédant une authenticité Catholique, même si les églises Anglicanes elles-mêmes ne pouvaient être reconnues comme "Catholiques". La voie était ainsi ouverte pour que l’Eglise Catholique reconnaisse qu’il ne manquait pas grand chose à la “forme Catholique” de l’Anglo-Catholicisme, et que si les Anglicans Catholiques étaient préparés à entrer dans l’Eglise Catholique, confesser sa foi, et accepter son autorité, il lui serait alors parfaitement possible d’accepter une expression du Catholicisme avec un esprit Anglican, le Rite Anglican.

En raison des circonstances singulières de la Réforme Anglaise, l’Eglise d’Angleterre ne fut jamais capable de se définir elle-même comme clairement et univoquement Protestante, et fit ensuite son possible pour adopter des attitudes , croyances et pratiques prenant racine dans un sol inhospitalier à la base, et quelquefois même prospérer, ou au moins en avoir l’apparence, même si l’apparence de l’Anglicanisme Catholique dissimulait souvent une approche mélangée , un peu d’encens par ci, un peu de contrôle des naissances par là, une Bénédiction par ci, un divorce et un « remariage » par là, une Messe Solennelle par ci, mais célébrée par une prêtresse par là. Mais une piété et une théologie nourrie par le Mouvement d’Oxford est ses adhérents et “justifiée” par la revendication d’une origine remontant à  Lancelot Andrewes, William Laud, Jeremy Taylor, Thomas Ken, et les Non-Jureurs, prit réellement une forme et un contenu Catholiques concrets dans la vie de la foi, et fut finalement reconnue comme telle, et en même temps complétée et accomplie par sa reconnaissance par l’Eglise Catholique et sa place trouvée en son sein. Passer invenit sibi domum, et turtur nidum, ubi ponat pullos suos: Altaria tua, Domine virtutum, Rex meus et Deus meus - (Ps. 84:3).

Ainsi les paroisses de Rite Anglican sont positionnées aujourd’hui dans l’Eglise Catholique d’Amérique de telle manière qu’elles ont beaucoup à offrir dans et hors l’Eglise Catholique et dans et hors la Tradition Anglicane. Aux Catholiques elles offrent la réalité d’une liturgie de langue Anglaise respectueuse et sacrée dans la tradition Occidentale, une réalité qui est  à la fois obligatoirement Catholique en elle-même et qui offre l’espoir et fournit un moyen de réforme et de renouvellement au milieu d’une étendue de gâchis liturgique.

Considérez les mots sévères qu’écrivit le Cardinal Newman en 1850 au cours de ses Embarras Anglicans à propos de l’Eglise d’Angleterre, concernant ce qu’il appelait l’illusion romantique de sa nature Catholique de la part d’Anglo-Catholiques: “ Comme dans les contes de fées, le château magique disparaît lorsque le charme est rompu, et on ne voit rien que la lande sauvage, le rocher dénudé, et le pâturage abandonné, ainsi en est-il de nous à propos de l’Eglise d’Angleterre, lorsque nous considérons avec stupéfaction nos croyances si chimériques, que nous trouvons si banales ou sans valeur".

Ceci peut se démontrer tout à fait à propos en ces jours si nous remplaçons “Eglise d’Angleterre” par “liturgie Catholique Américaine rénovée".  Le Rite Anglican peut jouer son rôle en encourageant une “réforme de la réforme".  En rapport avec ceci, également, ces ecclésiastiques et particulièrement les évêques qui encouragent le développement des communautés de Rite Anglican, et ceux qui s’y opposent, révélant ainsi où ils se situent, dans ce que Mgr George Kelly à qualifié de "bataille pour l’âme de l’Eglise Catholique" en Amérique. Pour les étrangers frappés par le contraste apparent au sein du Catholicisme dont les revendications ont fait l’objet de leurs recherches et ce qu’ils peuvent avoir expérimenté en assistant à des Messes lugubres ou lors de conversations avec des ecclésiastiques complaisants, les paroisses de Rite Anglican offrent le témoignage qu’il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Et si un schisme menace le Catholicisme Américain, les paroisses de Rite Anglican pourraient jouer un rôle inestimable en témoignant d’une orthodoxie Catholique explicite et attractive.

Aux Anglicans, des paroisses de Rite Anglican robustes offrent une appropriation du meilleur du patrimoine Catholique de l’Anglicanisme, libéré de ce qui n’est pas Catholique, ainsi que de ces disputes interminables car sans solution à propos de ce qui constitue l’ “Orthodoxie Anglicane”. En majorité dans l’ « Anglicanisme officiel », l’orthodoxie Anglicane, si tant est qu’elle existe, a été, ou est en train de se transformer en une sorte de tour de passe passe dialectique qui justifie de suivre de plus en plus les moeurs et pratiques de religiosité libérale et du culte de la réalisation personnelle, alors que dans l’ “Anglicanisme permanent” la question de savoir ce qu’est l’orthodoxie Anglicane constitue la cause première et éternelle de la division entre les différentes juridictions. C’est seulement dans le Catholicisme de Rite Anglican – et, pour être juste, dans une version de l’ “Orthodoxie de Rite Occidental”, si elle vient et prospère, ce qui semble peu probable – que tout ce bon, vrai et Catholique Anglicanisme peut être préservé dans un contexte qui transcende ces disputes..

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[1] http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-11-20-A-00-FSSPX_et_Anglicans.pdf et http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-11-27-A-00-Mgr_Fellay_dupe_Anglicans_Tighe.pdf

[2] « La Communion anglican et l’œcuménisme d’après les documents officiels » Le Cerf, 1967, Préface par Mgr Willebrands

[3] «We are a small church. Our whole Anglican Communion is a small part of the total Christian community. But the calling and mission of a church cannot be measured by numbers only. With mingled pride and humility we can recognize that in our membership are found a disproportionate share of men and women who occupy positions of great responsability and influence in our sorely troubled world.

«Seculery enshrined in our inheritance is our vision of the Great Church, whose mission is to all sorts and conditions of men. That is preserved for us in our historic creeds rooted in Scripture and in our common prayer. Our deepest allegiance is not to the Episcopal Church nor to the Anglican Communion, but to the one Catholic and Apostolic Church» (The Christian Century, Chicago, 1961, p. 1306, col. 1).

[4] « Les Anglicans » Editions Brépols, 1996

[5] Message du 11 novembre 2006 : http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-11-10-A-00-Role_de_Hyacinthe_Loyson.pdf