Virgo-Mara.org

CAPITAL : Lettre ouverte solennelle des fidèles aux quatre évêques de la FSSPX

http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-10-A-00-Appel_aux_quatre_eveques_de_la_FSSPX.pdf


Qui et Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome conciliaire
(en fait la «ré-conciliarisation» de la FSSPX) ?

Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ?

Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968?

A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ?

Serait-ce donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on veuille désormais faire dire la messe du
VRAI rite par de FAUX prêtres ?

Serait-ce que l’on veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec un clergé aussi INVALIDE que le
FAUX CLERGE ANGLICAN ?


Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

mercredi 13 août 2008

Ce message peut être téléchargé au format PDF sur notre site http://www.virgo-maria.org/.

Rore Sanctifica : Un promoteur ignoré de la « Corporate reunion » avec les Anglicans : Ambrose Philipps de Lisle (1809-1878)

Monastère Saint Bernard fondé par Ambrose de Lisle sur ses terres

et théâtre de multiples consécrations épiscopales clandestines

Le CIRS dévoile le rôle important et ignoré d’Ambrose Philipps de Lisle, un anglican converti au catholicisme au XIX° siècle. Ce communiqué apporte la révélation d’une approbation du principe de la « Corporate reunion » arrachée à Pie IX, et d’une consécration épiscopale clandestine à Venise,

par des évêques catholiques en 1877.

Alors que nous poursuivons notre chronique de la « Corporate reunion » menée actuellement par le Vatican de Benoît XVI-Ratzinger et le TAC anglican de ‘Mgr’ Hepworth, et que se préparent les Anglo-catholiques de la Communion Anglicane, le CIRS (Comité international Rore Sanctifica) vient d’amorcer une série de communiqués publiant les résultats de ses recherches scientifiques sur le mouvement historique de la Corporate reunion et des tentatives successives avortées des Anglicans afin de faire reconnaître la validité de leurs Ordinations par l’Église catholique.

Nous vous invitons à lire très attentivement ce communiqué du CIRS du 13 août 2008 qui apporte des révélations stupéfiantes dont celle de l’accord arraché à Pie IX et, Pie IX n’ayant pu approuver une telle action de consécration, d’un usage abusif de cette lettre de Pie IX pour une consécration épiscopale clandestine en vue de transmettre les Saints Ordres catholiques valides au sein de la High Church Anglicane.

L’opération fut menée par le Patriarche catholique Romain de Venise, Mgr Domenicus Agostini, l’Archevêque catholique romain de Milan, Mgr Luigi Nazari di Calabiana (consacré le 12 avril 1847 par Mgr Mastaï-Ferretti qui était devenu Pape depuis le 16 juin 1846, moins d’un an plus tôt, sous le nom de Pie IX), ainsi que l’Abbé-Général de l’Ordo Mechitaristarum Venetiarum de l’île de Saint Lazare, à côté de Venise, l’Archevêque Ignatios Ghiurekian, un évêque Catholique Byzantin, qui procédèrent tous trois le 24 juin 1877 à Venise à une consécration catholique épiscopale secrète.

Ce travail du CIRS vient compléter le travail de VM sur Rosmini[1] : c’est tout un vaste complot de plus de cent ans qui commence à éclater au grand jour.

Il est désormais plus qu’urgent que les clercs de la Tradition catholique s’attellent à l’étude de l’Anglicanisme et de la subversion de l’Église étudiée sous cet angle.

Mgr Fellay déjà alerté en 1996 par la religieuse Maureen Day, en prendra-t-il conscience ?

Continuons le bon combat

La Rédaction de Virgo-Maria

© 2008 virgo-maria.org


Communiqué[2] du 13 août 2008 de Rore Sanctifica

http://www.rore-sanctifica.org

Communiqué

Un promoteur ignoré de la «  Corporate reunion  » avec les Anglicans : Ambrose Philipps de Lisle (1809-1878)

Alors que, fait sans précédent, l’institution de l’église conciliaire qui a succédé au Saint-Office, à savoir la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), vient, le 5 juillet 2008, sous l’autorité de Benoît XVI-Ratzinger et sous la plume du ‘cardinal’ Levada, de produire une lettre officielle au TAC (Traditional Anglican Communion) de l’anglican ‘Mgr’ Hepworth envisageant la « Corporate unity », il convient d’exposer le contexte historique de cet évènement afin d’en percevoir la signification réelle.

Cette innovation de 2008 marque la poursuite d’un plan dont les traces remontent au milieu du XIX° siècle. Une pléiade d’acteurs se succèdent durant près d’un siècle dans des projets qui ont tous pour point commun de porter sur la reconnaissance de la validité ou du caractère douteux des ordinations anglicanes, et d’œuvrer pour une « corporate reunion » de l’Anglicanisme avec l’Église catholique.

Ce projet s’inscrit dans « la théorie des branches » (‘branch theory’) développée par le pasteur Pusey.

Déjà au début du XIX° siècle, Joseph de Maistre a montré la voie[3] en affirmant que l’Anglicanisme serait le pivot d’une « réunion des Églises ». Cette citation de Maistre est reprise dans les citations que place le pasteur anglican en en-tête de son ouvrage : Essays on the Re-Union of Christendom[4] :

Comte Joseph de Maistre : au sujet de l'Église d'Angleterre et de sa Ré-union à la Sainte Église.

"Si jamais les Chrétiens devaient se ré-unir, ainsi que toutes les considérations les plus sensées démontrent qu'il en irait de leur intérêt primordial, il apparaîtrait raisonnable de penser que ce mouvement devrait prendre son essor au sein de l'Église d'Angleterre....C'est la plus précieuse, et elle peut être considérée comme l'un de ces intermédiaire chimiques, qui sont de nature à réaliser une Union entre des éléments apparemment dissociables en eux-mêmes"

Cette réunion en bloc de la fausse Église Anglicane, qualifiée d’ « intermédiaire chimique » (sic) par Joseph de Maistre, est objectivement en connexion avec Pontificalis Romani, car elle vise à réaliser l’extinction définitive des Saints Ordres sacrificiels catholiques et l’instauration d’une fausse église sans succession apostolique et organisée en Patriarcats d’églises nationales ou continentales sous une apparente unité, qui serait le désormais nommé « ministère pétrinien » revu et corrigé.

Plus précisément la fausse église patriarcale universelle, stade proche de l’église conciliaire, conserverait de façon occulte les Ordres valides au sein d’un petit cercle d’initiés qui en constituerait la structure dirigeante cachée. Les nouveaux rituels utilisés dans leur fonction publique, par ces initiés occultes validement sacrés, étant invalides car rénovés. Mais au sein de leurs cercles secrets, ces initiés continueraient à conserver des rites valides de nature à leur assurer la possession de la succession apostolique pour leurs usages sacrilèges et impies.

Le pseudo pontificat de l’abbé Joseph Ratzinger-Benoît XVI vise à réaliser le Coagula de ce projet maçonnique majeur plus que centenaire.

L’attentat mortel du 18 juin 1968 contre le rite latin de consécration épiscopale a été porté par des clercs influencés par les milieux les plus traditionnels de l’Anglicanisme ainsi que par les loges illuministes Rose+Croix, intimement liées aux sphères dirigeantes de la High Church Anglicane et à son histoire.

Afin de mieux comprendre les ressorts secrets qui dirigent ces milieux, il convient d’enquêter et de rassembler des documents sur les personnages clés et les organisations de l’ombre qui depuis le début du XIX° siècle s’agitent autour de la question des Ordres Anglicans et de leur validité.

En arrière plan du mouvement d’Oxford et du développement de l’Anglo-catholicisme autour du pasteur Pusey et de Newman, se développe un mouvement très influent en faveur de la Corporate Reunion et de la reconnaissance de la validité des ordinations Anglicanes.

Nous allons étudier et révéler les principaux éléments de cette mouvance qui présente la particularité d’être élitiste, secrète et très proche, en Grande-Bretagne et dans l’immense Empire Victorien, des cercles du pouvoir tant civil qu’ecclésiastique.

Deux revues, la revue Anglo-Romaine et la revue Irenikon, sont particulièrement importantes pour comprendre cette mouvance qui a donné naissance au début du XX° siècle à l’« œcuménisme », lequel a triomphé à Vatican II en réussissant aujourd’hui à « éclipser » presque complètement la Sainte Église de Notre Seigneur jésus Christ dans le monde.

Sous le double éclairage de l’Anglicanisme et de l’Église catholique, un fil discret relie l’Anglican britannique converti Ambrose Philipps de Lisle à l’abbé Rosmini et ses disciples, au Premier Ministre britannique Gladstone, à Pusey et Newman, au cardinal Manning, membre des milieux dirigeants de la Round table de l’Empire Victorien alors au summum de sa puissance mondiale, à l’abbé Portal, lazariste perdu, et à Lord Halifax, membre de la famille Royale britannique, ainsi qu’aux cardinaux Rampolla et Gasparri, au Bénédictin Dom Beauduin, agent selon ses biographes de l’Intelligence Service dès 1916, à Bugnini , lazariste lui aussi, comme au Père Dominicain Congar, au bénédictin Dom Botte et au Père Spiritain Lécuyer.

Ce fil d’ariane traverse une période plus que centenaire et se trouve mêlé à une organisation secrète, l’« Ordre de la Corporate Reunion », à des consécrations épiscopales catholiques secrètes au sein même de l’Église à la fin du pontificat de Pie IX, aux fondations du « mouvement œcuménique » et du « mouvement liturgique » qui lors et après le concile Vatican II ont emporté l’Église catholique dans une révolution cléricale et une ruine sans précédent.

Cette mouvance multi-générationnelle recoupe des réseaux non seulement Anglicans mais aussi Vieux-catholiques (maçonniques) et des Patriarcats Orientaux.

Elle se manifeste lors de la tentative anglicane avortée de 1895 de faire reconnaître au Pape Léon XIII la validité des Ordres Anglicans, opération qui échoua et produisit le résultat inverse : la condamnation infaillible et donc définitive des Ordres anglicans qualifié pape Léon XIII dans sa Bulle infaillible de 1896 Apostolicae Curae d’« Absolument nuls et totalement vains » (invalides), cette Bulle providentielle constituant de fait la véritable « victoire de Lépante du Sacerdoce » préservant pour un temps le Sacerdoce Sacrificiel catholique authentique et sa transmission sacramentellement valide.

Dom Lambert Beauduin (1873-1960)

Ce mouvement secret réapparaît au moment des conversations de Malines entre 1923 et 1925, sous l’égide du cardinal Mercier, pour la promotion de la « Corporate reunion » avec les Anglicans, selon le plan révélé par l’agent britannique, le Bénédictin Dom Lambert Beauduin : « L’Église Anglicane unie, non absorbée », puis lors de la fondation de l’abbaye biritualiste d’Amay-sur-Meuze, en Belgique (Dom Beauduin).

Nous commençons par ce communiqué consacré à un précurseur et un promoteur de la « Corporate reunion » des Anglicans avec l’Église catholique, il s’agit d’Ambrose Philipps de Lisle.

Jeune anglican converti vers 1825, à l’âge d’environ 16 ans au catholicisme, il n’en poursuivit pas moins une formation à Cambridge, sans être pour autant tenu à l’écart par les milieux Anglicans :

« Conversion précoce, extrême délicatesse dans les relations au service d'un tempérament d'apôtre, conceptions favorables à l'Église anglicane et à la Corporate reunion, fortune exceptionnellement brillante : autant d'éléments qui permirent au jeune gentilhomme de ne pas s'isoler de son milieu familial, bien plus, de nouer des amitiés chez les clergymen et les théologiens d'Oxford sans être tenu en suspicion » Irenikon

Malheureusement Thurau-Dangin, l’historien de l’Anglo-catholicisme[5] au XIX° siècle, n’a pas connu la correspondance[6] d’Ambrose de Lisle publiée en 1900, il il évoque principalement Oakeley, Dalgairns, Ward, le Père Ignatius Spencer et Mgr Wiseman.

Père Ignatius Spencer (1799-1864)

Il joua un rôle décisif dans la conversion en 1830 au catholicisme d’un clerc anglican, G.Spencer, devenu par la suite le Père Ignatius Spencer[7], il fonda avec lui l’Association de la Prière Universelle pour la conversion de l’Angleterre (Association of Universal Prayer for the Conversion of England). Philipps de Lisle avait établi sur ses terres de Grâce-Dieu, un monastère cistercien de contemplatifs.

Abbaye du Mount Saint Bernard, accueillie par Ambrose Philipps de Lisle

La première étape du procès de béatification du Père Ignatius Spencer par l’abbé Benoît XVI-Ratzinger a été close en mars 2007, et il est sur la voie d’être déclaré ‘vénérable’ par l’église conciliaire.

La princesse Diana, décédée en 1997 à Paris, fait partie de sa famille, il en est le grand-grand-grand oncle.

Avec le Père Ignatius Spencer, Ambrose de Lisle entreprit en 1844 une tournée européenne en Belgique, Allemagne et dans le Nord de l’Italie où il recueillera au sein de la haute société des soutiens à son Association.

Ambrose de Lisle développa un contact épistolaire avec l’anglican Bloxam, et indirectement avec Newman qui n’avait pas encore rejoint l’Église catholique. La correspondance de l’année 1841 a été publiée par Purcell.

Il était aussi très ami de Gladstone, Premier ministre britannique et de l’Empire mondial de la Reine Victoria, et correspondait avec le libéral Montalembert, grand ami de Lamennais.

Gladstone (1809-1898), quatre fois Premier Ministre de l’Empire britannique, et très proche de De Lisle

Il fut très lié avec le jeune Lord Halifax, membre de la famille royale d’Angleterre, qui allait tenter, plus de 15 ans après la mort d’Ambrose de Lisle, d’influencer le Pape Léon XIII, pour faire reconnaître la validité des Ordres Anglicans, ou tout au moins leur caractère douteux.

Ambrose de Lisle, volontiers accepté par les milieux anglicans d’Oxford, et lié à des personnalités tant politiques que religieuses de premier plan, fut donc un homme influent, un acteur incontournable dans les plans qui furent élaborés en Angleterre au XIX° siècle pour faire avancer tant la reconnaissance des ordres anglicans par Rome que les étapes d’une Corporate reunion :

« il fut un précurseur de la thèse de la «corporate reunion» (ce trait a été fortement souligné par Edwin de Lisle dans la préface à la biographie de son père). » Maurice Villain, Irenikon

Preuve s’il en est de cet entregent, Ambrose de Lisle fréquenta l’abbé Rosmini en Italie, durant l’hiver 1830-1831, alors même que ce dernier allait se mettre à la rédaction dès 1832 de son fameux programme de « rénovation » de l’Église catholique « les cinq plaies de l’Église » lequel livre fut mis à l’index par le Pape Pie IX dès sa parution en 1848 puis condamné en 40 de ses propositions par le décret Post Obitum du 14 décembre 1887 par Léon XIII, mais programme de démantèlement qui ne put en fait être mis fidèlement en application qu’un peu plus d’un siècle plus tard au Concile Vatican II.

L’abbé Rosmini (1797-1855) qui faillit devenir secrétaire d’État de Pie IX en 1848

et dont 40 propositions hérétiques furent condamnées par Léon XIII en 1887

Et c’est encore Ambrose de Lisle qui facilita l’installation des premiers prêtres rosminiens en Angleterre. Le site Virgo-Maria a déjà produit une importante étude[8] très éclairante sur Rosmini et son rôle pour tenter de circonvenir Pie IX au début de son pontificat.

Ambrose de Lisle, bien que converti au catholicisme, était lui convaincu de la validité des Ordres Anglicans, et s’enflamma pour la Corporate reunion de l’Église d’Angleterre avec l’Église catholique.

Sa première lettre du 25 janvier 1841 à son ami Anglican Bloxam en constitue le discours-programme. Et Maurice Villain le perçoit comme le lointain inspirateur des conversations de Malines en 1923 :

« Qui pourrait dire si (…) les Conversations de Malines ne s'apparentent point avec ces projets de colloques théologiques dont s'entretenait avec Bloxam, quatre-vingts ans plus tôt, le châtelain de Grâce-Dieu ? » Maurice Villain, Irenikon

Envisageant la Corporate reunion de de l’Église d’Angleterre avec l’Église catholique, il proposa la réordination sub-conditione, ce qui suppose que les ordinations anglicanes aient été reconnues comme douteuses et non comme certainement invalides par l’Église.

Le 8 septembre 1857, de Lisle fonde « The Association for promoting the Unity of Christendom » (APUC), l’association pour la promotion de l’unité de la Chrétienté qui, fait nouveau, réunira des Anglicans et des Orthodoxes. Le nombre de ses membres s’élèvera à 9.000.

“En écrivant à Lord John Manners, M. de Lisle (Life, I, 415) disait, "Nous comptions bientôt parmi nos rangs nombre d’Évêques et Archevêques catholiques, comme de dignitaires catholiques de tous rangs en commençant par des cardinaux; le Patriarche de Constantinople ainsi que d’autres grands prélats orientaux, le Primat de l’Église de Russie. . . . Je ne crois pas qu’un Évêque Anglican nous ait rejoints, mais ce fut le cas d’un grand nombre de clercs de second ordre ". Il avança le nombre de 9.000 membres. La constitution de cette association fut, cependant, regardée avec méfiance par le Dr. (plus tard Cardinal) Manning et d’autres Catholique, qui restèrent eux aussi en marge du traité de M. de Lisle Sur La Future Unité de la Chrétienté. L’affaire fut déferrée à Rome et fut finalement traitée par un rescrit papal adressé Ad omnes episcopos Angliæ, date du 16 Septembre 1864, lequel condamnait cette association et requerrait les évêques de prendre les mesures nécessaires pour empêcher les Catholiques de la rejoindre.”

Le motif fondamental de condamnation de cette association résidait dans le fait qu’elle subvertissait la Divine Constitution de la Saint Église, dans la mesure où son objectif impliquait de supposer que la véritable Église consisterait partiellement dans l’Église Catholique en communion avec Rome, "en même temps que partiellement dans le Schisme de Photiusm ainsi que dans l’hérésie Anglicane auxquels à égalité avec l’Église Romaine appartiennent l’unique Seigneur, l’unique Foi et l’unique baptême " (Rescript, in Life, I, 388). [9]

Après cet échec de 1864, Ambrose de Lisle n’a plus d’action publique très visible, néanmoins, il reste très actif, car il gardera toute sa vie un très grand attachement pour le monastère de rite Arménien Melkhite de Venise :

« Sa fille, Margret de Lisle, fut présentée le 10 mai 1877 à Pie IX. Elle lui remis une lettre de de Lisle qui demandait une bénédiction pour sa stratégie de réunion des Églises. Le 13 mai 1877, Pie IX renvoya la lettre au chapelain du monastère saint Bernard, le Père Cesario Tondini di Quarenghi (Barnabite), et par les mots « Benedicat et exaudiat vos Deus » il bénissait les prières pour la réunion de l’Église d’Angleterre, les Églises orientales et l’Église catholique. Margret de Lisle visita alors le monastère Arménien de Venise le 27 mai 1877. Il est évident que c’est de Lisle qui « ouvrit les portes » aux différents consécrateurs. Il fut reconnu par ses contemporains comme le véritable organisateur de l’Ordre de la Corporate reunion. Comme Primat de la Communion catholique évangélique (1858-1870), il avait beaucoup de contacts clandestins. » Bertil Persson, The Order of Corporate Reunion, pp 14-15.

En 1877, un soutien secret allégué du Pape Pie IX au projet de la Corporate Reunion,

suivi d’une consécration épiscopale secrète par le Patriarche catholique de Venise

Lettre de De Lisle du 9 juillet 1877 publiée par Purcell, Vol. II p 175 :

Quand le Frère Cesario Tondini, intermédiaire de De Lisle, reçut la lettre de Pie IX, il informa au moins l’ex Premier ministre William Ewart Gladstone (1809-1890), écrivant : « Le Pape s’est maintenant engagé jusqu’au cou sur les deux points pour lesquels j’ai toujours été mis dans tous mes états par de bonnes ou de mauvaises rumeurs. Le premier est le principe de la Corporate réunion. Le second est pour les Prières spéciales pour la Réunion de l’Église Grecque-Russe avec notre Église Latine. »

Les consécrateurs auxquels il est fait allusion sont le Patriarche catholique Romain de Venise, Mgr Domenicus Agostini, l’Archevêque catholique romain de Milan, Mgr Luigi Nazari di Calabiana (consacré le 12 avril 1847 par Mgr Mastaï-Ferretti qui était devenu Pape depuis le 16 juin 1846, moins d’un an plus tôt, sous le nom de Pie IX), ainsi que l’Abbé-Général de l’Ordo Mechitaristarum Venetiarum de l’île de Saint Lazare, à côté de Venise, l’Archevêque Ignatios Ghiurekian, un évêque Catholique Byzantin, qui procédèrent tous trois le 24 juin 1877 à Venise à d’une consécration catholique épiscopale secrète.

Il n’est pas vraisemblable que Pie IX ait pu approuver des consécrations épiscopales catholiques clandestines à usage de pénétrer la High Church Anglicane. Par contre il est beaucoup plus compréhensible qu’un usage abusif ait pu être fait de sa lettre qui semble conforter un projet de conversion communions schismatiques. Dans une telle logique, la lettre du 13 mai aurait été utilisée comme l’approbation pontificale de la consécration épiscopale clandestine du 24 juin.

Il est à souligner que le grand Pape Pie IX est mort le 7 février 1878, soit moins de huit mois après cette consécration épiscopale, ce qui offrait une grande latitude à ce réseau clandestin de faire un usage abusif de la correspondance de Pie IX sans qu’il ne puisse plus protester.

Nous allons revenir dans un prochain communiqué sur cette très étrange et très importante affaire des consécrations épiscopales catholiques clandestines dans l’Église catholique.

Nous reproduisons un article édité par l’abbaye de Chevetogne, héritière de l’abbaye d’Amay-sur-Meuze de l’agent britannique anglican, le Bénédictin Dom Lambert Beauduin.

Comité international Rore Sanctifica


Collection IRÉNIKON

1054-1954

L'ÉGLISE ET LES ÉGLISES

neuf siÈcles de douloureuse sÉparation entre l'Orient et l'Occident

Études et travaux sur l'UnitÉ chrÉtienne offerts À Dom LAMBERT BEAUDUIN

Éditions de chevetogne, p. 346 à 368

A Dom Lambert Beauduin Fondateur du Monastère de l’Union à l’occasion de son 80è anniversaire

Nihil OBSTAT :                                            lMPRIMI POTEST :                               IMPRIMATUR

Chevetogne, die 15a April, 1954.                  Chetevetogne, die 15a April, 1954.         NAMURCI, die 23a Maii. 1954.

Theodorus BELPAIRE, O.S.B.                     Thomas BECQUET, O.S.B.                   P. BLAIMONT, vic. gen

Nicolaus EGENDER, O.S.B.                                    Prior.

censores deputati.

UN PROMOTEUR DE LA « CORPORATE REUNION »

AMBROSE PHILLIPPS DE LISLE

par Maurice VILLAIN, S. M, Docteur en Théologie.

Dans la première période du Mouvement d'Oxford -, qui va du sermon de Keble (1833) à la conversion de Newman au catholicisme (1845) - l'année 1841 marque une étape décisive. Newman, qui vient de constater la fragilité de sa Via Media, ressent toute la force des positions doctrinales de l'Église romaine, en même temps qu'il redoute les faux-pas qui risqueraient d'entraîner vers elle les jeunes clergymen. La catholicité de l'Église d'Angleterre ne s'est point obscurcie à ses yeux. Son Église doit seulement se «réveiller» et se corriger ; si elle est vraiment schismatique (ce sur quoi Newman ne se prononce point encore), elle doit se donner toutes les chances de se réunir un jour à l'Église romaine, lorsque celle-ci aura évacué ses déficiences sociales et morales et que les catholiques de Grande-Bretagne auront cessé de trahir en se livrant à l'agitateur O'Connell. C'est une tactique fort délicate que préconise Newman, mais l'homme d'action qu'il n'a jamais été se dérobe sous l'intellectuel, et il songe à résilier sa cure de St. Mary. C'est dans ces conjonctures qu'il tente l'experimentum crucis : cette même année 1841, il publie le Tract 90 où il soutient la thèse paradoxale que les 39 Articles ne sont valables que dans une interprétation catholique. Devant l'Université et devant l'épiscopat, voici posée la question de l'essence même de l'Ecclesia anglicana. Et aussitôt la crise de se précipiter.

De cette crise Thureau-Dangin a dégagé les lignes de force ; il a tracé de belles avenues dans le maquis de documents presque inexplorés avant lui. Il a peint le découragement de Newman engagé dans cette impasse : un Newman ombrageux et susceptible, doutant de sa vocation de chef, assoiffé de solitude ; un Newman qui interdit sa porte au converti Georges Spencer - cet homme de Dieu, futur religieux passionniste, qui voudrait l'entretenir d'un projet de prière pour l'union des Églises. Mais peut-être Thureau-Dangin a-t-il trop insisté sur ce tragique isolement de leader et en général sur l'atmosphère de serre chaude où fermente le Mouvement à ses débuts. Quelques personnalités catholiques prirent contact avec Oxford en cette année cruciale et l'une d'elle y exerça une certaine influence : ce fut Ambrose Phillipps de Lisle dont il va être question ici.

* * *

Ambrose Lisle Phillipps (qui signerait, à partir de 1862, Ambrose Phillipps de Lisle) naquit à Garendon Park (Leicestershire), le 17 mars 1809. Son père était anglican ; sa mère descendait d'une famille huguenote qui avait trouvé refuge en Angleterre à la révocation de l'Édit de Nantes. Trois oncles clergymen pouvaient le marquer de leur influence : le Rev. Edward March Phillipps, evangelical et violemment anti-papaliste, qui le baptisa ; le Rev. William March Phillipps, membre zélé de la High Church, qui se chargea de son instruction religieuse, et le Right Rev. H. D. Ryder, évêque de Gloucester, puis de Lichfield, qui le confirma. Un prêtre français, l'abbé Giraud, l'un de ces émigrés modestes et saints dont l'exemple ne fut pas sans effet sur la préparation du Mouvement d'Oxford, lui enseigna notre langue. Grâce à ce prêtre, il apprit à connaître un catholicisme authentique et non pas cette caricature qui circulait dans les milieux anglicans.

A la faveur d'un voyage à Paris, qu'il entreprit à 14 ans, il s'enchanta de nos cérémonies liturgiques, car la visite des églises était son passe-temps préféré. Au retour, il persuada son vicar de Garendon de s'inspirer de la liturgie catholique à la manière de la France. Vers le même temps, une intuition religieuse le détachait de ce slogan que le pape était l'Antéchrist ; enfin, quand il eut 16 ans, un rêve l'avertit qu'il deviendrait catholique. Le prêtre à qui il se présenta, à l'insu de son père et de son tuteur, céda à ses instances et le reçut sans délai, le jugeant suffisamment instruit.

Conversion précoce, extrême délicatesse dans les relations au service d'un tempérament d'apôtre, conceptions favorables à l'Église anglicane et à la Corporate reunion, fortune exceptionnellement brillante : autant d'éléments qui permirent au jeune gentilhomme de ne pas s'isoler de son milieu familial, bien plus, de nouer des amitiés chez les clergymen et les théologiens d'Oxford sans être tenu en suspicion.

A Cambridge, où il étudia les sciences, il propageait parmi les undergraduates, dès 1825, des idées qui furent celles de Keble à Oxford, en 1833. En 1830, il accepta une rencontre, à Garendon Park, avec le Rev. G. Spencer. Son père, escomptant qu'il serait ébranlé dans sa foi par la forte personnalité du visiteur, s'y prêta volontiers. Mais ce fut le contraire qui arriva : Spencer trouva dans cette rencontre l'amorce de sa conversion au catholicisme. On ne résistait point à la flamme conquérante du jeune homme.

Ses grandes œuvres spirituelles ne furent entreprises qu'après son mariage (1833). On en compte trois principales. D'abord la fondation du monastère cistercien de Mount St. Bernard (le premier en date depuis la Réformation), près du manoir de la Grâce-Dieu (Leics) où il résidait. Plutôt que des missionnaires, plutôt que ces Frères de la Doctrine que préconisait son ami Lord Shrewsbury, il préférait doter l'Angleterre de moines contemplatifs. L'abbaye de Mount St. Bernard serait a silent preacher to England.

Sa deuxième œuvre fut l'Association de la Prière universelle dont le Père Spencer (Father Ignatius) fut le propagandiste le plus dévoué.

Enfin, il s'engagea dans une campagne pour la réunion en corps de l'Église anglicane à l'Église romaine. Une série de lettres, dont la plupart sont datées de 1841, s'y rapportent. Il ne semble pas que Thureau-Dangin les ait connues, mais le biographe de Phillipps, E. S. Purcell a édité les plus intéressantes ; de même R. D. Middleton dans son livre sur Newman and Bloxam[10].

Le principal partenaire, dans cet échange, appartenait au clergé d'Oxford. John Rouse Bloxam (trente-quatre ans) était un des plus fervents disciples de Newman. En 1889, dans sa dernière lettre au vieux cardinal, il parlera d'une admiration et d'une amitié qui durent depuis soixante ans. Curate à Littlemore, il avait dû, suspecté de sympathie pour le catholicisme, donner sa démission (il suffisait, en ce temps-là, d'assister à une messe pour encourir un blâme) ; et il s'était retiré à Magdalen College. Une rencontre fortuite avec Phillipps, l'année précédente, alors qu'il allait visiter le monastère de St. Bernard, fut l'origine de cette correspondance.

A l'arrière-plan du dialogue il y a constamment Newman. Bloxam lui montre les lettres qu'il reçoit de Phillipps et Newman oriente les réponses de Bloxam ; parfois il y joint un billet qu'il veut laisser anonyme, et parfois il se démasque ouvertement. Les autres partenaires sont bien connus des lecteurs de Thureau-Dangin : ce sont Oakeley, Dalgairns, Ward, le Père Ignatius et Mgr Wiseman.

Ce qui nous reste à dire des idées d'A. Phillipps apparaît clairement dans sa première lettre à Bloxam, qui a valeur de manifeste. On l'y reconnaît tout entier : jeune, enthousiaste, risque-tout, plus persuasif que contraignant dans l'argumentation, extrêmement courtois et incapable de blesser l'interlocuteur. Sa conversion a été comme l'éclatement d'un fruit mûr qu'il portait en lui depuis toujours ; elle avait été un accomplissement plutôt qu'une rupture. Après comme avant, il ne doute pas de la validité des ordres anglicans, et que l'Église d'Angleterre ne présente les caractères d'une Église de vrai nom, bien que séparée du tronc romain ; il la croit authentiquement catholique et même d'une qualité rare dans son réveil d'Oxford. C'est du côté des tractariens par conséquent qu'il faut chercher les possibilités d'une maturation qui doit aboutir, Dieu le voulant, à une réunion corporative. Évidemment il n'est rien moins que théologien, et son cœur le pousse à formuler sur des sujets extrêmement délicats des jugements intempestifs qui nous font frémir. Avec le recul d'un siècle et l'expérience des obstacles que nous avons aujourd'hui, de telles conceptions seront taxées de témérité. Nous tenons cependant à les livrer au lecteur dans leur intégrité : elles nous prouvent au moins avec quelle liberté un catholique et un anglican pouvaient discuter de ces choses, en Angleterre même, au milieu du siècle dernier.

* * *

Lettre de Phillipps de Lisle à Bloxam. De Garendon Park. 25 janvier 1841, fête de la Conversion de saint Paul.

Phillipps se présente à Bloxam comme un homme dont toute la vie est de «servir la cause catholique» et qui compte bien pour cette tâche sur «les savants et dévots théologiens d'Oxford». Après quelques remarques sur des articles du British Critic qui lui ont plu, il supplie qu'on renonce, de part et d'autre, aux «attaques mordantes» renouvelées de Voltaire. Il est vrai que de tels procédés ont parfois des excuses. Si nous, catholiques romains, nous vous comprenons mal, n'est-ce pas parce que votre masse, en s'affichant protestante, donne le change sur les vrais principes de votre Église ? Qu'on mette en évidence ces principes, et l'on restaurera «dans toute son ancienne force le chaînon divin qui, de toute antiquité, relie (l'Église anglicane) à l'Église catholique répandue sur toute la terre». Mais réciproquement, il faut avouer que vous, anglicans, vous ne nous comprenez guère:

«Que sommes-nous ? Je répondrai simplement et brièvement : Nous ne sommes pas et nous professons ne pas être une Église ; mais nous sommes les membres de la catholique et apostolique Église de Rome ; nous nous sommes unis à la juridiction immédiate de Rome après le triomphe des principes de Genève sous Édouard VI et Élizabeth. Vivant ici en Angleterre, nous sommes gouvernés immédiatement par notre évêque le Pape de Rome[11] et nous sommes en communion avec tous les catholiques du monde entier. Dans cette lumière personne ne devrait nous estimer davantage que les théologiens d'Oxford. Ce n'est pas une innovation pour des catholiques de rites divers que d'habiter ensemble dans le même pays. (...) Ainsi à Venise, les Arméniens catholiques suivent le rite de l'Église arménienne catholique et ont un évêque propre pour les gouverner, dont la juridiction s'étend seulement à ceux de leur communion qui séjournent là, tandis qu'il est parfaitement indépendant de celle du Patriarche de Venise - et cependant les catholiques vénitiens vivent comme des frères avec les Arméniens catholiques ; les uns et les autres reconnaissent la primauté du Siège apostolique. Moi-même, quand j'étais à Venise, j'assistais fréquemment à la messe au couvent arménien de St-Lazare et je reçus à plusieurs reprises la sainte Eucharistie des mains de l'Abbé, ayant préalablement reçu l'absolution au rite arménien. Si, dans les terribles conjonctures du despotisme que, durant trois siècles, l'État a exercé ici même sur l'Église anglaise, un grand nombre des plus anciennes et nobles familles de ce Royaume, avec leurs vassaux, pensèrent que le meilleur et le plus sûr était de se rallier à un rite étranger et de se joindre à l'Église Mère de la Chrétienté, sous la juridiction immédiate de Pierre, en cela nous avons fait seulement ce qu'autrefois d'autres avaient fait, qui ne furent point condamnés par l'Église catholique. En nous prenant sous sa juridiction immédiate, l'Église romaine a seulement fait pour nous ce qu'elle n'a pas refusé à des Églises d'un rang très inférieur de faire à l'égard d'autres (communautés). Ce fut dans ces sentiments que moi-même, il y a vingt-sept ans, je me joignis au rite romain de ce pays, bien que, depuis plusieurs années déjà, j'estimais être un catholique suivant encore le rite anglican moderne.

Maintenant, grâces à Dieu, nous commençons à nous comprendre mutuellement, et j'espère ardemment que le jour n'est pas loin où, les brouillards des préjugés et de la calomnie dissipés, l'Église en ce pays retrouvera sa liberté et son indépendance. L'Angleterre redeviendra l'«Ile des Saints» et la gloire de ses anciens rites à nouveau revivra. Certes, si les catholiques[12] d'Oxford continuent de travailler comme ils l'ont si admirablement commencé, l'Église anglicane redeviendra aussi belle que dans les jours bénis de saint Édouard le Confesseur ou lorsqu'elle résistait à la tyrannie de l'État dans la personne de son glorieux primat saint Thomas de Canterbury, et plus belle encore sera-t-elle, et d'autant plus que la domination de l'Angleterre est maintenant plus forte et sans comparaison plus étendue qu'elle ne le fut jamais dans ces temps anciens».

Après cette curieuse page, dont il est à peine besoin de souligner les confusions (celle surtout entre Église et rite liturgique), l'auteur propose une sorte de schème de réunion dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est assez indiscret, encore que Phillipps n'engage personne autre que lui-même. Nous le citerons presque en entier, avec ses audaces et ses maladresses. Il touche un peu à tous les points importants : rites, langue liturgique, célibat ecclésiastique, discipline et dogme.

«Vous (anglicans) devrez laisser de côté votre moderne «Prière commune» (Le Prayer Book), nous, notre rite romain, et les anciens rituels de Sarum et d'York reprendront leur place. (...)

Le service de Dieu selon le rite de Sarum pourrait être célébré dans la langue latine en toute église cathédrale, collégiale et conventuelle ; de la sorte seront conservés les chants qui composent cet office, tel que vous le trouvez établi dans nos vieux graduels, antiphonaires ou livres de processions ad usum insignis Ecclesiæ Sarisburiensis. Dans les églises paroissiales, une partie pourrait être célébrée en anglais si on le jugeait expédient ; ainsi par exemple tous les dimanches et fêtes, les vêpres pourraient être chantées en anglais ; les parties de la Messe que le rite de Sarum prescrit de dire à haute voix pourraient être aussi célébrées en anglais, au lieu que le Canon, prononcé à voix basse par le prêtre, continuerait d'être dit en latin. Les prêtres naturellement réciteraient le bréviaire en latin et, dans toutes les églises où il sont en nombre suffisant pour célébrer l'office canonial, ils le chanteraient en latin, en se conformant aux cérémonies et en revêtant les vêtements sacrés.

Le Saint-Siège donnerait toute facilité pour restaurer l'unité catholique en Angleterre. Ainsi les évêques et prêtres actuellement vivants pourraient garder leurs épouses, et même certains élargissements pourraient être autorisés dans l'avenir au clergé anglican, si on le désirait devant Dieu.

Le Saint-Siège pourrait sanctionner la suppression de l'invocation directe des Saints dans la liturgie publique, d'autant plus que l'enseignement unanime de l'Église a toujours été que cette invocation des saints, quoique bonum et salutare, ainsi que le déclare le Concile de Trente, n'est pas «nécessaire au salut». Ainsi l'Église pourrait-elle, pour un motif saint, en abandonner l'usage public, laissant à la dévotion privée d'un chacun de prier comme il lui plairait en secret. Mais on remarquera, à l'examen, que très rares sont les prières, antiennes, versets et répons, du missel comme du bréviaire, qui s'élèvent à l'invocation directe des saints.

L'Église anglicane, ayant professé solennellement son union à l'Église catholique, pourrait régler pour elle-même l'usage des peintures et des images. Maintenant que la doctrine de l'Église est si bien comprise, qu'il est notoire que l'Église, sur ce point, a protesté de tout temps contre la vénération latreutique des images ou reliques (et l'a condamnée) ; que l'honneur et la vénération louables que Pie IV dans son credo leur décerne, n'est rien d'autre que le «respect» que nous donnons à la Bible ou à nos amis ou à leurs portraits et souvenirs, - je ne puis pas concevoir qu'il puisse y avoir sur ce point la plus petite difficulté.

Quant aux sacrements, après que l'on aura coupé court aux usurpations que s'autorise le despotisme de l'État (elles n'ont d'autre but que de favoriser les théologiens de Genève et leur parti, pour des raisons laïques), je ne puis enregistrer aucune différence entre les vrais anglicans et nous.

Sur tous les points fondamentaux du christianisme, comme disent les théologiens - tels que la Trinité, l'Incarnation et la Rédemption de Notre-Seigneur, la justification du pécheur, l'état intermédiaire après la mort, l'utilité de la prière pour les défunts et les mérites des bonnes œuvres - , il n'y a pas non plus de différence entre le vrai anglican et les membres des Églises française, espagnole, italienne, allemande ou américaine ».

Emporté par l'enthousiasme, Phillipps entrevoit déjà la réalisation de son rêve. Il faut sans attendre, dit-il, commencer les négociations ; les circonstances sont plus favorables que jamais - plus, à coup sûr, qu'au temps de l'archevêque Wake ou de l'archevêque Laud, qui en avaient conçu le dessein. Et l'enjeu en vaut la peine : unité de l'Église en Grande-Bretagne, apaisement des luttes politiques, maîtrise des dissidents, conversion des membres calvinistes du clergé, appui d'un gouvernement conservateur et modéré... Surtout «aucune autre mesure ne peut sauver l'Angleterre d'un total anéantissement», car sa position de schismatique prive l'Église anglicane des promesses d'indéfectibilité que le Christ a assurées à l'Église catholique.

Suit un appel vibrant à la prière, où passe le souvenir des vieux pontifes d'York et de Canterbury, des saints et des anges protecteurs de la nation.

En terminant, Phillipps exprime le souhait d'aller visiter bientôt les théologiens du «Mouvement» et il espère la visite de Bloxam chez lui, au manoir de la Grâce-Dieu.

Cette longue épître, qui reflète plus de pétulance que de compétence théologique, fit sensation à Oxford, où Bloxam la communiqua à ses amis. L'accueil cependant fut inégal. Surprise et vive sympathie chez Bloxam, Oakeley, Robert Williams, qui brûlèrent du désir d'en connaître l'auteur ; non sans une ombre d'inquiétude pourtant... Que diront les leaders : Ward, Newman surtout ? «I would be quite guided by Newman», avouait Oakeley.

Chez le vicar de St. Mary, prudente réserve. Il envoie une note à Bloxam[13] pour orienter sa réponse à Phillipps. Il y souligne les exagérations et les faux-supposés de l'aimable et généreux gentilhomme. Il n'y a aucune parité, observe-t-il, entre le cas des Arméniens, à Venise, et celui des catholiques romains en Angleterre ; jamais ces derniers n'auront recours à la juridiction des évêques anglicans. Phillipps passe trop légèrement sur les grosses difficultés dogmatiques, la transsubstantiation par exemple. Escompter enfin la ruine de l'Église d'Angleterre est une supposition prématurée ; nous avons confiance que Dieu, qui l'a protégée malgré son isolement, la gardera encore. Et si elle devait disparaître, mieux vaudrait la laisser mourir que de la renflouer par un procédé auquel se refuserait sa conscience.

Phillipps de Lisle reçut ces observations vers la fin de février, par l'entremise de Bloxam, avec une lettre (anonyme) que Newman y avait jointe. Mais déjà, le 22, il avait précisé sa pensée sur quelques points importants[14]. II se montrait moins confiant dans un résultat rapide, quoique toujours aussi résolu de tenter une démarche auprès de l'autorité romaine. Il suggérait de faire établir un schème de réunion par des théologiens avertis et de le répandre parmi le clergé anglican pour en observer les réactions. Cela prendrait du temps. Quand la majorité du clergé y serait favorable, on en saisirait le Parlement ; enfin une double délégation de l'Église et de l'État porterait le plan à la connaissance du Pape[15].

Évidemment Phillipps, qui manquait totalement d'expérience en ce genre de tractations, ne pouvait apprécier à leur juste poids les difficultés qu'elles susciteraient, et l'on est tenté de sourire de sa candide témérité. Il n'empêche que tout n'est pas faux dans ses vues, et l'historien de Bloxam, R. D. Middleton, le loue de la justesse avec laquelle il parle de la doctrine anglo-catholique. Ces projets, en tout cas, touchèrent son correspondant qui lui renouvela son invitation pour la semaine de Pâques.

Mais revenons à Newman. Une lettre qu'il mandait à Bloxam dans les mêmes jours est particulièrement révélatrice de sa pensée[16].

«Rome doit changer, d'abord, dans son esprit. Je dois voir en elle plus de sainteté que je n'en vois à présent. Hélas ! je ne vois pas de marques de sainteté - ou si j'en vois quelques-unes, elles se limitent surtout aux convertis qui viennent de chez nous. «A leurs fruits vous les reconnaîtrez», telle est la règle que le Seigneur nous a donnée pour discriminer les vrais pasteurs des faux. Je pense vraiment que, malgré tous nos péchés, il y a plus de sainteté dans l'Église d'Angleterre et d'Irlande que dans les corps catholiques romains de ces mêmes pays.

Je dis cela sans acrimonie, mais avec une grande tristesse. En effet, je cherche toujours à faire valoir les choses catholiques devant autrui quand les catholiques romains sont attaqués, mais je ne puis nier cette grande lacune. Ce que Hildebrand a fait par la foi et la sainteté, ils le réalisent par l'intrigue politique. Leur grand objectif est de renverser l'Église d'Angleterre. Ils s'unissent à ceux qui sont le plus loin d'eux par le credo, pour combattre ceux qui leur sont les plus proches. Ils se donnent à un homme tel qu'O'Connell. Je n'arriverai jamais à penser que de tels chemins portent les pas du Christ. S'ils veulent convertir l'Angleterre, qu'ils s'en aillent pieds nus par nos villes usinières, qu'ils prêchent à la foule comme saint François Xavier, qu'ils se laissent battre et fouler aux pieds, et je reconnaîtrai qu'ils peuvent faire ce que nous ne pouvons : j'avouerai (alors) qu'ils sont de beaucoup meilleurs que nous. J'avouerai (quoique je ne puisse pas sur ce terrain les rejoindre). J'accepterais gaîment leurs reproches. Être catholique c'est cela : c'est assurer un triomphe. Oui, s'ils emploient les vraies armes de l'Église ils prouveront, ce faisant, qu'ils sont l'Église.

Je ne puis ressentir que de la défiance et de l'aversion envers ceux qui offrent la paix et cependant portent la guerre. Cela, je l'ai senti et exprimé jusqu'ici, mais ce qui m'intéresse chez M. Phillipps et me fait éprouver de la reconnaissance à son endroit, c'est que (précisément) il a choisi la voie contraire et, ce faisant, il s'est exposé lui-même à être blâmé par ceux auxquels il s'oppose. Il fait autant qu'un homme puisse faire. Quel grand jour ce sera, si Dieu suscite des saints - des Bernard, des Borromée - dans leur communion !

Cependant, même dans ce cas, les difficultés ne seraient pas à leur terme ; je pense pourtant que la sainteté une fois acquise, le reste suivrait finalement. Ce n'est pas le lieu d'entrer dans la controverse, et ce n'est pas nécessaire puisque la difficulté préliminaire - à savoir le triste état de Rome - doit être d'abord écartée. Mais quand il le sera, il y aura encore à expliquer officiellement bien des parties de leur vocabulaire que, jusqu'à présent, ils interprètent dans un sens qui nous paraît très loin du catholicisme (very uncatholic).

Et même alors, après tout, je ne vois rien qui me porte à penser que l'un d'entre nous pourrait sans péché quitter son Église. Nous devons faire en sorte que notre Église progresse. Si, au lieu de progresser, elle se laissait aller à l'hérésie (ce qu'à Dieu ne plaise, et qu'il est même blasphématoire de supposer) tandis que Rome se purifierait de ses fautes présentes, alors dans ce cas, je conçois qu'il y aurait un devoir pour nous de quitter notre Église et de rejoindre l'Église romaine. Je ne crois pas qu'il y aurait devoir dans une autre hypothèse que celle-là.

Mais ces conjonctures étant présentement si éloignées et, pour tout dire, impossibles de nos jours, il semblerait que nous n'eussions rien à faire, les catholiques pieux et nous-mêmes, en vue de nous réunir. Notre devoir semble être plutôt d'essayer de nous unir de cœur les uns et les autres, et de faire tout ce que nous pourrons pour améliorer nos confessions respectives. Nul ne peut nier que beaucoup a été fait chez nous pour améliorer l'état de la communion anglicane : - que les catholiques romains en fassent autant ! Je salue la démarche récente de M. Phillipps comme une preuve qu'ils veulent faire beaucoup, mais ils ont vraiment beaucoup à faire - ils ont beaucoup à faire avant d'avoir fait autant que quelques-uns parmi nous ont fait. Il me tarde de les voir commencer le travail de la charité chrétienne. Je désire constater un mouvement de la part de leur clergé. J'aspire au jour où des hommes savants et habiles se lèveront (chez eux) non pour plaider la reconnaissance de notre Église - je ne demande pas cela - mais pour parler et agir avec courtoisie envers un corps qui a fait plus pour repousser les hérésies (comme ils doivent le reconnaître) et qui est plus près d'eux qu'aucune autre communion chrétienne. Je voudrais les inviter à rompre leurs relations avec des gens qui ne partagent aucun de leurs principes ; leur demander de changer le ton de leurs publications, de cesser ces manières de faire qui déparent leurs cultes (par exemple les concerts dans les chapelles), d'être des prédicateurs de sainteté et des propagandistes de réforme morale. Le succès repose sur eux. Les Anglais ne seront jamais inclinés favorablement vers un parti de complot et d'intrigue - mais la foi et la sainteté sont irrésistibles.

Toujours vôtre ».

Cette lettre, quoiqu'elle s'en défende, est amère. L'auteur, qui a charge d'âmes, épouse la mentalité de son Église : il laisse percer cette pointe irlandophobe qui marque sa race, englobe dans un mépris hautain les catholiques d'Angleterre et ceux de l'île voisine, et sa réprobation s'étend à tout le comportement de l'Église romaine décidément privée, selon lui, de la note de sainteté. Sa bonne foi, soyons-en assurés, est intacte et il faut avouer que ses coups frappent assez juste. Cependant ne décèle-t-on pas en lui un réflexe de défense contre la tentation encore inconsciente de la Grande Église, et d'autant plus qu'il prononce pour la repousser le mot de péché ? Au demeurant cette dureté de regard se tempère çà et là par une espérance fondamentale et un appel à la charité.

Ambrose Phillipps répondit avec affabilité par le truchement de Bloxam (28 février). Il sait gré à Newman d'épargner sa propre personne, lui concède tout ce qu'il peut en matière de réforme spirituelle, mais il ne saurait tout agréer. Newman est excessif dans ses jugements : qu'il regarde mieux et il apercevra, parmi les moines, les religieuses, les prêtres et les laïcs, des catholiques exemplaires ; il y en aurait bien davantage, ajoute Phillipps en souriant, si Oxford anglicane y joignait les siens. Ce que Newman a dit, dans une lettre antérieure, de l'isolation de l'Église anglaise ne lui paraît ni exact ni conforme à la tradition. L'Église catholique en effet n'est pas composée de branches distinctes, chacune possédant ses articles de foi particuliers. Cela est contraire à l'Écriture, à la tradition, à la raison : rien de ce qui est isolé n'est catholique. Newman ne l'a pas compris non plus quand il a parlé des Arméniens catholiques en relation avec le patriarche de Venise. Par cet exemple, il a voulu seulement suggérer que si l'Église anglicane possède de vrais évêques, ceux-ci devraient reconnaître auprès d'eux la présence d'un corps catholique de rite étranger (le rite romain). (On se rend compte ici que Phillipps use d'un argument opportuniste en faveur de la minorité catholique d'Angleterre.) Il fait savoir en terminant qu'il a arrêté la circulation d'un tract pénible où le Dr. Wiseman attaquait la High Church. Pourquoi nourrir de telles querelles quand le British Critic a pris l'initiative de venger le pape de l'absurde appellation d'Antéchrist ? Mais Oxford elle-même n'est pas innocente, qui laisse circuler des pamphlets comme celui de A. P. Perceval sur le Roman Schism. Trêve de mauvais procédés !

Il eût été possible assurément d'aménager une base de conversation à partir des bienveillants messages d'Ambrose Phillipps. Tel ne fut pas le dessein de Newman. Il est plus nerveux que jamais et décidé, sinon à briser, du moins à atermoyer. Dans une lettre qu'il expédie à Bloxam, le 2 mars, il se dérobe, prétextant son manque d'autorité :

«Quiconque vient à moi avec un plan de négociation pour la réconciliation de l'Église d'Angleterre et du Saint-Siège, que lui répondé-je ? Adressez-vous à mon évêque, non à moi».

Ses amis et lui ne prennent d'initiative «que lorsque la vérité de l'Évangile est en danger». Ainsi pour les Tracts for the Times : ils sont nés de la même cause qui suscita à Antioche la motion de Flavien et de Dioscore, au temps de l'arianisme. Mais risquer une entreprise de réunion sans l'évêque d'Oxford et sans l'archevêque de Canterbury, ce serait une faute à laquelle ils se refuseront toujours. Quelques commentaires accompagnaient cette fin de non recevoir, où la politique du Concile de Trente et l'ambition romaine étaient présentées comme d'irréductibles pierres d'achoppement.

La mort dans l'âme, Bloxam transmit à Phillipps ce message incisif, ainsi que Newman l'en priait (3 mars)[17]. Il lui réitérait son invitation à venir pour Pâques, mais non sans hésitation cette fois. Qu'il vienne, oui, mais «...not in the character of a. negociator, but in that of one with whom we have much sympathy, and whom we greatly respect and admire for his exertions». Il ajoutait : «Non cher ami, je regrette de vous dire que M. Newman juge qu'il est plus prudent de ne pas vous rencontrer».

Phillipps fut attristé de cette réponse. Je n'ai jamais pensé agir en négociateur, répondait-il en substance, le 4 mars, et Newman s'est mépris sur mes intentions ; je ne voulais que prendre langue avec les vrais amis de l'unité catholique que compte l'Église d'Angleterre. L'objection du Concile de Trente est tout simplement décourageante pour les deux partis. Le concile, en effet, n'empêcha point Leibniz de penser que l'Église luthérienne de son temps pourrait se réunir à Rome, et d'entamer des conversations avec Bossuet.

Notons en passant que Phillipps manquait d'humour : il eût dû prendre cum grano salis certains des arguments de Newman qui n'étaient pas très sérieux.

Là-dessus, les lettres d'Oxford se précipitent, le ton parfois en est vif :

«Si Phillipps veut éteindre le mouvement catholique parmi nous, il ne saurait prendre une meilleure voie que d'introduire à Oxford des théologiens étrangers...».

Ce message (3 mars) transmis par Bloxam from a friend venait de Littlemore. Fiche de consolation : Bloxam y joignait une note d'Oakeley parue dans le British Critic, qui louait les efforts de Phillipps. Il commentait pourtant avec des conseils de prudence et priait le châtelain de la Grâce-Dieu de venir le voir seul, «in the most quiet way».

Le 15 mars, il mortifiait encore ses élans[18]. Le Tract 90 venait de paraître, obscurcissant le ciel d'Oxford : «There is a heavy storm brooding over us...»

Cette enquête est assez connue pour qu'on puisse se dispenser de la décrire à nouveau. Voici seulement pour mémoire la suite des événements[19] :

27 février. - Parution du tract.

10 mars. - Les chefs des collèges (Heads of Houses) se réunissent pour le juger.

15 mars. - Ils portent la sentence de condamnation sans attendre la défense de Newman qui, aussitôt son œuvre menacée, en a revendiqué la paternité. Grief majeur : «Les modes d'interprétation suggérés par ledit tract esquivant plutôt qu'expliquant le sens des 39 Articles, et conciliant la souscription de ces Articles avec l'admission des erreurs qu'ils avaient dessein de contredire : ils en annulaient l'objet et étaient incompatibles avec l'obéissance due aux statuts de l'Université». Il pèserait sur Newman un soupçon de dishonesty dont il ne se libérerait que par la publication de l'Apologia, en 1864.

16 mars. - Lettre de Newman au Dr. Jeif. Il ne se rétracte point quant à l'interprétation des Articles. Il a voulu, explique-t-il, que son Église fût à même de reprendre son vrai bien catholique («qui lui est propre, naturel et même nécessaire»). Si, au lieu de les «ouvrir», on «ferme» les Articles, «nous courons le risque de soumettre les personnes que nous aimerions le moins à perdre, à la tentation de se joindre à l'Église de Rome».

Phillipps admirait le courage de Newman (lettre à Bloxam, du 20 mars), mais lui reprocha les excès de cette défense, en particulier son opposition au Concile de Trente et à l'enseignement auctoritatif romain. Bloxam au contraire l'approuva pleinement. Quant à Ward, l'enfant terrible, dans une lettre anonyme à l'Univers[20] (13 avril), il renchérit sur le tract, dénonça les Articles comme un fardeau diabolique imposé aux épaules de l'Église d'Angleterre et prôna la «corporate reunion». Cette lettre fit scandale. L'atmosphère était devenue irrespirable, à Oxford ; la poste était surveillée ; l'évêque, qui pourtant aimait Newman, exigea de lui la cessation des tracts. Newman obéit, sans rien renier de ce qu'il avait fait, mais parla de résilier sa cure. Son rôle, lui semblait-il, était fini[21].

Dans ces conjonctures, mieux valait surseoir visites et colloques, et laisser faire le temps - «the great innovator», disait Bloxam.

La place nous manque pour citer toutes les lettres qui viennent à notre sujet. Il en est une cependant qui doit retenir notre attention. Elle est signée de Wiseman, et Phillipps, à peine l'eut-il reçue, en manda les extraits suivants à son ami (5 avril). Le prélat avouait que tout n'allait pas à souhait dans la communauté catholique en Angleterre, qu'une réforme s'imposait au-dedans d'elle-même et qu'il voudrait pouvoir compter, pour l'entreprendre, sur l'aide des tractariens[22]:

«Il y a un point qui m'a toujours frappé, important pour nous, quoiqu'il ne les frappe pas facilement. C'est que notre réforme est entre leurs mains. Nous devons être regardés avec pitié (je dis en Angleterre), et la terrible et grinçante oppression de trois cents ans doit être prise en considération. Notre éducation ecclésiastique a été forcément très imparfaite, par la nécessité oit nous étions de lancer notre clergé aussitôt que possible dans l'action, par manque de prêtres. Plus encore, cette succession de contemplatifs, d'ascètes et de dévots qui abondent dans les pays catholiques (comme à Rome), nous l'avons perdue chez nous (...).

«II nous faut un influx de sang nouveau. Ayons seulement un petit nombre d'hommes tels que ceux qui écrivent dans les Tracts, remplis de l'esprit de l'Église primitive, désireux de revivre l'image des anciens Pères, des hommes qui ont appris de saint Augustin à enseigner, de saint Chrysostome à prêcher, de saint Bernard à sentir. Qu'une poignée de tels hommes, avec la profonde dignité cléricale que je crois que ceux-là possèdent, entrent à plein dans l'esprit de la religion catholique, et nous serons parfaitement réformés, et l'Angleterre bientôt convertie. Je suis prêt à le reconnaître (...) : en toutes choses, hormis le bonheur de posséder la Vérité et d'être en communion avec la véritable Église de Dieu et de jouir des avantages et des bénédictions qui en découlent, nous sommes leurs inférieurs. Ce n'est pas à vous que je dis cela pour la première fois. Je l'ai dit depuis longtemps à ceux de mon entourage : si les théologiens d'Oxford entraient dans l'Église, nous devrions être prêts à rentrer dans l'ombre et à nous retirer à l'arrière-plan. Je dirai avec joie à chacun d'eux : me autem minui. Je leur abandonnerai volontiers place et honneur, si le bon service de Dieu l'exige. Je serai un collaborateur au service du zèle, du savoir et du talent plus éminents d'un nouveau leader. Soyez sûr qu'ils ne connaissent pas leur propre force».

Sous la plume de cet homme intègre que Rome allait choisir, dix ans plus tard, pour restaurer la hiérarchie en Grande-Bretagne, un hommage de cette vigueur aux théologiens d'Oxford est significatif : il témoigne hautement et courageusement de la qualité de leur «revival».

A la fin d'avril, Phillipps arrivait à Oxford impromptu, descendait à Angel Inn et écrivait à Bloxam pour combiner des rendez-vous. Une lettre à sa femme (30 avril) raconte avec emphase son voyage :

«You can have no idea to what an extent the catholic movement in the University has gone ; it is impossible to judge it by printed publications».

La liturgie et le plain-chant l'ont charmé ; un bréviaire nouvellement édité et rempli d'antiennes mariales, traduites du latin, a retenu son attention émerveillée ; il augure bien des colloques qui lui ont été ménagés («on ne veut pas entendre parler de conversions individuelles, explique-t-il, mais on désire que nous convertissions le plus possible de dissenters»). Il prononce, sans doute avec une pointe d'exagération : «Beaucoup ici voudraient dès maintenant avoir un accord du pape qui leur permît d'être en communion avec lui tout en restant dans l'Eglise d'Angleterre, pour travailler à sa réconciliation complète». Il rapporte qu'il a suggéré de mander à Oxford le Père Rosmini, afin de le mettre en relations avec des prêtres anglicans et «qu'il pût dire au pape leurs sentiments». Sur quoi Bloxam avait protesté, redoutant qu'à cette occasion, une offensive de prosélytisme ne fût déclenchée, toujours désastreuse. Phillipps s'en défendit, alléguant ses relations pacifiques et cordiales avec les clergymen. Le 15 mai, il revint sur cette question. délicate, affirmant que ses propres initiatives paroissiales (il avait fondé sur ses terres des communautés catholiques à côté des vieilles paroisses anglicanes) étaient exemptes de prosélytisme : les deux clergés vivaient toujours en bonne intelligence. Au demeurant, nul ne songeait à mettre en doute la sincérité d'un homme qui ne manquait pas une occasion d'exprimer sa reconnaissance à l'Église de son baptême, qui l'avait nourrie de son lait :

«...God knows I would with His grace die for Her service : God knows that many times I offer Him my life for Her. From Her I learnt the first rudiments of Christian Faith, from Her I Learnt that I had a divine Saviour, whom I could never love enough. Front Her too I learnt those first principles of Catholick Truth, which brought to me that ineffable consolation of Catholick communion, of which I fee! sure that she will soon be made a full partaker» (19 mai).

En échange hélas ! le pauvre Phillipps ne recevait guère d'encouragements. Newman se plaignait de son prurit de précipiter les événements ; Bloxam s'attiédissait ; le menu clergé, qui se sentait et se voulait protestant, traitait d'utopique - voire de fou ce rêveur qui s'obstinait à le dire catholique. Seuls des hommes tourmentés par la tentation romaine - un Ward, un Wackerbarth, un Bernard Smith - le félicitaient. Mais Bloxain grondait : «La défection de Smith et de Wackerbarth... serait pour la grande cause à laquelle nous travaillons un irréparable malheur» ; ce serait un retour forcené du protestantisme ; «renoncement, patience, endurance, persécution peut-être, voilà notre lot pour quelque temps, peut-être pour notre vie entière, mais nous serons tous plus que récompensés si seulement nous avons préparé la route de la réunion».

En juillet, Wiseman vint à Oxford et rencontra Newman ; sollicité de le recevoir à Magdalen, Bloxam s'était excusé, prétextant la préparation du festival du collège.

En août, Bloxam visita Phillipps à la Grâce-Dieu. Au début d'octobre, il accueillit à Magdalen deux prêtres du continent : le chanoine Lorain, supérieur du Grand Séminaire de Langres, et l'abbé Bouquéau, de Malines, tous deux intéressés par le problème de la réunion in corpore, tous deux s'exprimant, comme beaucoup de catholiques à cette époque, dans le style de la «branch theory». Ils furent aussi reçus par Newman.

Mais un événement précipita la fin de ces contacts, en même temps qu'il provoqua une rupture entre Phillipps et son ami ce fut la conversion soudaine du Rev. R. W. Sibthorp. Cet ecclésiastique, fellow de Magdalen, très lié avec Bloxam chez qui il avait passé quelques jours de ses vacances, à Ryde, vint à Oxford au début d'octobre. Il déjeuna à Magdalen, dit aux convives qu'il s'en allait à Oscott consulter Wiseman à propos du passage au catholicisme de l'un de ses paroissiens. Newman, qui était présent, se souvint que ces mots «je vais à Oscott» furent salués d'un éclat de rire, comme si le visiteur eût dit «Je vais à Rome». Newman en fut assombri : «Je fis tout ce que je pus, sans rudesse, pour lui montrer mon déplaisir», rapporta-t-il plus tard. De fait, lorsque, quelques jours après, Sibthorp repassa par Oxford, il était «très agité» et l'on eut l'impression qu'«il n'était déjà plus membre de l'Église d'Angleterre». La nouvelle bouleversa l'Université. Depuis la sécession de G. Spencer (1830), on n'avait vu aucun ecclésiastique se donner à l'Église romaine. Bloxam en reçut une blessure personnelle. Le 31 octobre, il écrivit sa dernière lettre à Phillipps :

«... Ma tête bat de l'agitation causée par ces événements récents, et je dois pour un temps chercher calme et tranquillité». Il ne se permettra pas de juger Sibthorp, qui agit, à n'en pas douter, selon sa conscience ; mais il écarte résolument de lui-même pareille éventualité : «Je n'ai jamais senti la moindre conviction que c'est un devoir de quitter l'Église d'Angleterre, et ma répugnance à cette idée est si grande que je me refuse, là-dessus, à toute discussion». Que Phillipps veuille bien ajourner sa visite «à cause de Sibthorp et pour d'autres raisons» ; que pourtant, s'il veut voir Ward, qui le réclame, il fasse à sa convenance.

Seul Ward - le paradoxal Ward - était dans la jubilation et l'avouait franchement, mais on commençait à le mettre en quarantaine. Beaucoup plus tard, Bloxam eut l'occasion d'expliquer à nouveau son silence et sa rupture :

«Le fait était que la sécession de Sibthorp et l'évidente avidité de Wiseman et de Phillipps à accueillir des déserteurs de notre camp tandis que des négociations allaient être entreprises, détruisait du coup la notion de réunion - elle s'évanouissait comme un rêve. Désormais je n'eus plus aucune part à la correspondance de M. Phillipps, qui fut cependant continuée par Ward, Dalgairns, d'autres peut-être...».

* * *

Converti de bonne heure, avant qu'il eût joué le moindre rôle dans l'Église anglicane, Ambrose Phillipps de Lisle était regardé par ses anciens coreligionnaires à l'égal d'un catholique de naissance ; nous voulons dire qu'on lui épargnait cette méfiance qui pèse souvent sur la réputation des transfuges. On admirait l'œuvre spirituelle du monastère St. Bernard, qu'il avait fondé, et on lui pardonnait l'ardent prosélytisme qu'il exerçait sur ses domaines. Ainsi gardait-il d'innombrables relations chez les anglicans et les non-conformistes ; une amitié profonde et jamais démentie l'unissait à Gladstone, il était lié avec le jeune Lord Halifax ; l'ami et collaborateur de ce dernier, Spencer Jones, que je connus dans sa belle vieillesse, me disait qu'il tenait Phillipps pour une sorte de saint. Qui pourrait dire si, dans les enchaînements secrets de la Providence, la Church Unity Octave, dont Spencer Jones fut l'un des promoteurs, n'est pas une fliale de cette Association of Universal Prayr à l'organisation de laquelle Phillipps, aidé du Père Ignatius, s'était tant dépensé, et si les Conversations de Malines ne s'apparentent point avec ces projets de colloques théologiques dont s'entretenait avec Bloxam, quatre-vingts ans plus tôt, le châtelain de Grâce-Dieu ?

Ce que nous retiendrons des lettres citées dans la présente étude, c'est qu'il fut un précurseur de la thèse de la «corporate reunion» (ce trait a été fortement souligné par Edwin de Lisle dans la préface à la biographie de son père). Sans doute il souhaitait un retour de l'Église anglicane à la communion romaine et il n'en faisait pas mystère, mais il croyait sincèrement que ce retour pouvait être obtenu, Dieu aidant, par une voie intérieure de purification et de maturité, à quoi devaient collaborer, par un effort constant de compréhension et d'aide spirituelle, l'Église catholique elle-même. Contre vents et marées il défendit cette thèse, répétant à son ami Lord Shrewsbury que prétendre «convertir l'Angleterre» était un rêve oiseux (idle dream).

Mais il avait le défaut de ses qualités. Son optimisme s'aveuglait sur les obstacles, son enthousiasme brûlait les étapes. Plus de vie intérieure et de silence lui eussent appris que les grandes œuvres de Dieu exigent non seulement de la prière (il comptait sur ses moines), mais du temps. Or l'Église anglicane n'était point disposée à l'étape qu'il lui suggérait de franchir, pas même les théologiens d'Oxford auxquels il ne ménageait pas son admiration : ils avaient la dent dure à l'endroit du «romanisme». Quant aux catholiques d'Angleterre, ils vivaient encore trop repliés sur la mémoire des siècles de persécution, pour orchestrer le moins du monde ses générosités. Un climat de détente et de charité était à créer. Newman, si proche de l'Église romaine, mais qui entendait poursuivre seul la résolution de son problème personnel, se cabra, et Newman, en 1841, c'était Oxford. De l'autre côté, le Tablet, par le seul ton de ses articles, anéantissait les actes de Phillipps.

Mais ces échecs dans l'immédiat, chrétiennement acceptés, travaillaient certainement au bénéfice d'un succès à longue échéance, et l'on aperçoit aujourd'hui à quel point ils étaient providentiels. Nul ne peut prévoir encore quand ni comment l'Angleterre reviendra à l'unité catholique, mais on comprend mieux aujourd'hui qu'il faut compter avec l'Église anglicane elle-même, qui possède des éléments bien vivants et consacrés à la cause de l'Unité chrétienne. Une corporate reunion, au moins partielle, n'apparaît pas aussi invraisemblable maintenant qu'autrefois, dans le cas où le «désétablissement», pour lequel beaucoup font campagne, libérerait la High Church. Peut-être même vaudrait-il mieux augurer un progrès plus lent de l'ensemble de l'anglicanisme dans le cadre du Conseil œcuménique. Quoi qu'il en soit du diagnostic présent, ces chances d'aboutissement appartiennent aux prolongements du Mouvement d'Oxford et elles sont d'autant plus solides que celui-ci s'est développé plus lentement et plus organiquement. Les prémisses posées par Pusey (si combattu de son temps) ont porté leurs fruits : non seulement le vigoureux essor des études scripturaires et patristiques qu'il a suscité et avec lequel nos théologiens doivent compter, mais aussi et surtout la floraison des communautés religieuses, actives et contemplatives, dont il fut l'instigateur ; ainsi l'anglicanisme est-il doté aujourd'hui de savants et de saints. Pour autant que nous en puissions juger, la vocation d'un Pusey restant dans son Église n'était pas moins utile à l'unité future que celle d'un Newman, qui la quittait. Le premier donnait de la stabilité à la High Church et l'enrichissait ; l'exemple du second, suivi par des scholars de mérite, augmentait intensément le potentiel de culture de l'Église catholique en Grande-Bretagne, encore si faible à l'époque de Phillipps de Lisle. De la sorte, les possibilités d'un dialogue, absolument illusoires il y a cent ans, sont certaines de nos jours, et d'ailleurs les premiers essais ont donné quelques résultats satisfaisants. L'atmosphère spirituelle elle-même commence à se purifier et le meeting qui eut lieu au Central Hall de Westminster, le 25 janvier 1952, sous la présidence de l'évêque (anglican) d'Oxford, où un presbytérien, un anglican et un catholique prirent la parole (le dernier avec la «chaude recommandation» du cardinal Griffin), est d'un heureux présage. Nous aimons à penser que, dans la lumière éternelle, Ambrose Phillipps de Lisle en aura remercié le Seigneur.

Paris, Pentecôte 1952.

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[1] http://www.virgo-maria.org/articles/2008/VM-2008-04-16-A-00-Rosmini.pdf

[2] http://www.rore-sanctifica.org/bibilotheque_rore_sanctifica/01-publications_de_rore_sanctifica/rore_sanctifica-communiques/communique_(2008-08-13)-Ambrose_de_Lisle-v1/Communique-2008-08-13_Ambrose_de_Lisle-v1.pdf

[3] http://www.rore-sanctifica.org/etudes/2006/RORE-2006-10-22-FR_Communique-2006-10-22_La_Destitution_de_l_abbe_Portal.pdf

[4] Cet ouvrage « Essays on re-union of Christendom » (1867)  a été numérisé et est disponible sur internet : http://ia310111.us.archive.org/0/items/a578562200leeuoft/a578562200leeuoft.pdf  Le site www.rore-sanctifica.org le mettra également en ligne.

[5] La Renaissance catholique en Angleterre en 1899

[6] E.S. PURCELL, Life and Letters of Ambrose Phillipps de Lisle (edited and finished by Edwin de Lisle), Londres et New-York, Macmillan, 1900

[7] http://en.wikipedia.org/wiki/Ignatius_Spencer

[8] http://www.virgo-maria.org/articles/2008/VM-2008-04-16-A-00-Rosmini.pdf

[9] http://en.wikipedia.org/wiki/Ambrose_Lisle_March_Phillipps_De_Lisle

[10] E.S. PURCELL, Life and Letters of Ambrose Phillipps de Lisle (edited and finished by Edwin de Lisle), Londres et New-York, Macmillan, 1900. Thureau-Dangin publia le premier tome de La Renaissance catholique en Angleterre en 1899, avant de connaître l'ouvrage de Purcell, et ne modifia pas son texte dans les éditions suivantes. J'emprunte à Purcell les détails biographiques qui suivent et quelques-unes des lettres de Phillipps. J'emprunte les autres à R. D. Middleton Newman and Bloxam, an Oxford Friendship, Oxford, Oxford University Press, 1947, pp. 101-162.

Le Dr. Bloxam, explique Middleton (o. c., p. 101, note 1), se proposait de publier un recueil complet des lettres de Phillipps de Lisle sur la Réunion. L'ouvrage est resté à l'état de manuscrit (Ms. Reunion : Ambrose Lisle Phillipps) et je n'ai pu malheureusement le consulter. Je suis reconnaissant au Rev. Henry R. T. Brandreth des précieux documents qu'il a bien voulu me confier pour l'élaboration de cette étude

[11] La hiérarchie ne fut, en effet, rétablie en Angleterre qu'en 1851, avec Wiseman.

[12] Souligné dans le texte. Chaque fois que Philipps dit «catholiques d'Oxford» ou «théologiens d'Oxford» il faut entendre les «tractariens».

[13] Cette note est du 6 février. Elle ne fut expédiée que le 23. Newman y joignait une lettre (anonyme) dont il priait Bloxam d'envoyer une copie à Phillipps.

[14] A la suite d'un article du Tablet, incompréhensif et même méprisant à l'endroit de ceux qu'il appelait les «Puseyites» et «la nouvelle secte» ; et de plusieurs lettres de catholiques, celles-ci encourageantes à la campagne de Phillipps.

[15] Purcell n'a pas édité cette lettre ; Middleton n'en donne qu'une citation, insuffisante à notre gré. Dans ce projet de schème, on laisserait l'Église anglicane choisir ses «termes» ; sur les concessions à faire, on consulterait des théologiens catholiques éprouvés (Wiseman sans doute) ; dans la profession de foi à soumettre au clergé anglican, on éviterait le mot «transsubstantiation», inemployé par les Grecs catholiques ; Phillipps enfin proposait de résoudre la question des ordres par la réordination sous condition (formule qu'avait employée, croyait-il, le cardinal Odescalchi, archevêque de Ravenne, dans la réordination du Rev. Harry Trelawny, devenu jésuite).

[16] Cette lettre n'est ni signée ni datée, mais elle est certainement de la fin de février. Le 25, Bloxam en communiquait les principaux passages à Phillipps : «L'objet de votre lettre, lui mandait-il, a occupé, comme vous pouvez le supposer, beaucoup d'esprits. Peut-être le sentiment général des catholiques d'ici (les tractariens d'Oxford) est-il assez bien représenté par les quelques observations que m'adresse un ami (Newman), qui a vu et admiré l'esprit de vos deux lettres». Il ajoute qu'il n'est pas d'accord, lui-même, sur tous les points de ces observations. Purcell (t. I, p. 205) donne ce document in extenso.

[17] «You may send the above in autograph to Mr. Phillipps...», disait Newman dans un billet séparé.

[18] Phillipps avait écrit un article enthousiaste à l'Univers. En l'envoyant à Bloxam, il faisait valoir que la France était très favorable à ses projets.

[19] THUREAU-DANGIN, o. c., tome I, p. 206 sq. (Je cite d'après l'édition de 1899).

[20] Cette lettre, sous la signature d'«un étudiant de l'Université», était l'œuvre de Ward et de Dalgairns.

[21] Newman a raconté son état d'âme dans l'Apologia : «Comme membre de l'Église anglicane, je fus, à partir de la fin de 1841, sur un lit d'agonie... Un état d'agonie n'a presque pas d'histoire ; c'est un long déclin, avec des périodes de reprises et de rechutes ; la fin est prévue et n'est plus qu'une «affaire de temps» (Apologia, ch. IV. Trad. Nédoncelle, p. 185).

[22] Les mots nous, notre désignent les catholiques ; les, leurs désignent les tractariens. Ils sont soulignés par Wiseman lui-même.