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CAPITAL : Lettre ouverte solennelle des fidèles aux quatre évêques de la FSSPX

http://www.virgo-maria.org/articles/2006/VM-2006-10-10-A-00-Appel_aux_quatre_eveques_de_la_FSSPX.pdf

Qui et Pourquoi, depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, a détourné la finalité surnaturelle de l’OPERATION-SURVIE des sacres de 1988, pour assigner à la FSSPX ce FAUX objectif prioritaire de la «ré-conciliation» avec la Rome conciliaire
(en fait la «ré-conciliarisation» de la FSSPX) ?

Qui a, depuis 2000, PROMU, et Pourquoi, le FAUX préalable de l’autorisation de la messe de Saint Pie V ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question du rétablissement du VRAI Sacerdoce de VRAIS prêtres, ordonnés par des Evêques VALIDEMENT sacrés selon le rite VALIDE des Saints Ordres ?

Qui a INVENTE, et POURQUOI, le faux préalable de la levée des «excommunications» ?

Pourquoi n’a-t-on pas posé la VRAIE question de l’abrogation de Pontificalis Romani INVALIDE de 1968 et du rétablissement du vrai rite de la consécration épiscopale VALIDE d’avant 1968?

A quoi servirait-il, en effet, de faire dire le VRAI rite de la messe par de FAUX prêtres ?

Serait-ce donc qu’après avoir obligé de VRAIS prêtres à dire une FAUSSE messe, l’on veuille désormais faire dire la messe du
VRAI rite par de FAUX prêtres ?

Serait-ce que l’on veuille «concilier» les VRAIS prêtres qui disent encore la VRAIE messe avec un clergé aussi INVALIDE que le
FAUX CLERGE ANGLICAN ?


Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti.

(Tractus Missæ Salve Sancta Parens)

vendredi 19 mars 2010

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LES NOUVELLES PERSPECTIVES DE LA TRADITION

Basilio Meramo

Par l’abbé Méramo (FSSPX), expulsé ignominieusement par Mgr Fellay au printemps 2009, pour avoir voulu défendre l’héritage et l’esprit de combat de Mgr Lefebvre que le Supérieur actuel de la FSSPX est en train de trahir, par la préparation de son ralliement à la Rome moderniste et apostate.

L’évêque suisse trahit-il en l’échange de « puces en pourpre » ? L’évêque à la Rose, Mgr Williamson a levé le voile sur les ambitions cardinalices (conciliaires) de Mgr Fellay en reprenant et en lui appliquant un proverbe anglais : « qui se couche avec les chiens (romains), se relève avec des puces (en pourpre) »

«…  car la cuisine visant à réintégrer peu à peu la Fraternité Saint-Pie X dans la Rome antichrist et apostate se fait entièrement à feu doux… (…) L’étape du dialogue entamé après la levée des excommunications n'est rien d’autre que le dialogue entre la candide Ève et le serpent diabolique » Abbé Méramo

Dix-neuf ans après la disparition de Monseigneur Lefebvre, le virage pris par les supérieurs de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X est évident pour quiconque reste ferme dans ses convictions, garde les yeux bien ouverts et analyse les faits ; ce virage a commencé d’apparaître publiquement lors du Jubilé de l’an 2000, qui fut le premier pas visible de la combinaison (concubinage) entre la Fraternité et la Rome apostate, après deux ans de préparatifs (occultes). On a même reconnu l’existence de ces derniers en laissant entendre qu’il avait fallu deux ans pour préparer ledit Jubilé. Et ce qui se produit aujourd’hui n’est autre que l’aboutissement de ce travail, comme le révèle Mgr Fellay en déclarant : « C’est aussi pour cela que nous voulons poursuivre le chemin commencé en 2000 avec vous. »  (Lettre du 15 décembre 2005 au cardinal Castrillón)

Le même Mgr Fellay déclare qu’à partir de l’an 2000, on a choisi en accord avec les trois autres évêques – Mgr Williamson, Mgr Tissier et Mgr de Galarreta – une ligne directrice qui devait aboutir au Motu Proprio et à la levée des excommunications : « En janvier 2001, nous avons établi, en accord avec les évêques et les membres du conseil général, une ligne de conduite… » (Lettre de Mgr Fellay aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, 31 janvier 2009)

            Il est évident qu’on est là en présence d’un plan rigoureux destiné à se réaliser (dans les faits) lentement et en douceur, mais aussi avec une ferme résolution. Le changement de perspective et de langage est notoire : il suffit, pour s’en persuader, de comparer ce que disait Mgr Lefebvre et ce que Mgr Fellay dit aujourd’hui. Voici quelques textes permettant de le faire :

            Sur le concile Vatican II et la nouvelle Église post-conciliaire, Mgr Lefebvre disait : « Ce concile représente tant aux yeux des autorités romaines qu’aux nôtres une nouvelle Église, qu’on appelle d’ailleurs l’« église Conciliaire ». Nous croyons pouvoir affirmer, en nous en tenant à la critique interne et externe du concile Vatican II, c’est-à-dire en analysant les textes et en étudiant les tenants et aboutissants de ce concile, qu’en tournant le dos à la Tradition et en rompant avec l’Église du passé, il s’agit d’un concile schismatique, car on juge l’arbre à ses fruits. » (La Nouvelle Église, p. 124, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 97).

            « Tous ceux qui coopèrent à l’application de ce bouleversement acceptent et adhèrent à cette nouvelle « église post-conciliaire » […]  entrent dans le schisme. » (La Nouvelle Église, p. 125, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 98).

            « Comment pourrions-nous, par obéissance servile et aveugle, faire le jeu de ces schismatiques qui nous demandent de collaborer à leur entreprise de destruction de l’Église ? »  (La Nouvelle Église, p. 125, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 98).

            « Cette apostasie transforme ces membres en adultères et en schismatiques opposés à toute Tradition, en rupture avec le passé de l’Église et, par conséquent, avec l’Église d’aujourd’hui, dans la mesure où elle reste fidèle à l’Église de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Tout ce qui reste fidèle à la véritable Église est l’objet de persécutions sauvages et continuelles. » (Itinéraire Spirituel, p. 78). Ce passage a été supprimé dans l’édition argentine à l’initiative de l’abbé Guillermo Deviller, alors professeur au séminaire de La Reja, à Buenos Aires.

            Au sujet du Pape, Mgr Lefebvre affirmait : « Pour que le Pape représente l’Église et en soit l’image, il doit lui rester uni non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps, car l’Église est essentiellement une Tradition vivante. »  » (La Nouvelle Église, p. 123, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 96).

            « Dans la mesure où le Pape s’éloignerait de cette Tradition, il deviendrait schismatique, il romprait avec l’Église. » (La Nouvelle Église, p. 124, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 96).

            « La vérité ne nous appartient pas, elle n’appartient pas plus au Pape qu’à moi. Il est le serviteur de la Vérité, comme je dois être le serviteur de la Vérité. Et s’il devait arriver que le Pape ne soit plus le serviteur de la Vérité, il ne serait plus Pape. » (La Nouvelle Église, p. 150, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 119).

            « Dans la mesure où il ne nous transmet pas la Foi de ses prédécesseurs, il n’est plus le successeur de Pierre. Il devient alors une personne qui se séparer de sa charge, qui renie sa charge, qui ne remplit pas sa charge. » (La Nouvelle Église, p. 177, deuxième tome d’« Un Évêque Parle », p. 143).

            Mgr Lefebvre en est même venu à dire, dans son sermon de Pâques du 30 mars 1986 : «  Mais il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape. Je ne veux pas encore le dire d’une manière solennelle et formelle, mais il semble bien, à première vue, qu’il soit impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement. Notre Seigneur lui a promis d’être avec lui, de le garder dans la Foi et sans qu’il puisse errer dans la Foi, mais peut-il en même temps être hérétique publiquement et quasiment apostasier ? Voilà un problème qui ne me concerne pas seulement moi, mais qui vous concerne tous. »  (Fideliter n° 51, mai-juin 1986)

            Sur les excommunications, Mgr Lefebvre affirmait, en parlant de lui-même et de Mgr de Castro Mayer : « Ceux qui estiment devoir minimiser ces richesses et même les nier, ne peuvent que condamner ces deux évêques, confirmant ainsi leur schisme et leur séparation d’avec Notre-Seigneur et Son Règne, à cause de leur laïcisme et de leur œcuménisme apostat. » (Itinéraire Spirituel, p. 14)

            Alors qu’aujourd’hui, Mgr Fellay déclare : « nous y voyons avec un grand espoir un renouveau. » (Lettre aux amis et bienfaiteurs, 23 octobre 2008). Ou bien encore : « Nous sommes très intéressés à obtenir une situation habitable dans l’Église. » (Ibid.), comme si la Fraternité avait jamais été extérieure à l’Église, comme s’il s’agissait pour elle d’obtenir une coexistence pacifique avec le modernisme. Mgr Fellay semble même souffrir d’une sorte de complexe d’infériorité : selon lui, en effet, les traditionnalistes sont perçus comme des spécimens zoologiques, puisqu’il déclare : « Il suffit de dire “Écône ”ou “Monseigneur Lefebvre” pour être immédiatement disqualifié ou diabolisé. » (Nouvelles de Chrétienté, n° 11, mai-juin 2008). « Nous ne voulons donc absolument pas être considérés comme des spécimens zoologiques. » (Nouvelles de Chrétienté, n° 75, juin 2002)

            Mgr Fellay et les trois autres évêques considèrent aujourd’hui l’excommunication de Mgr Lefebvre et de Mgr de Castro Mayer ainsi que d’eux-mêmes comme un stigmate, comme une tache, comme une infamie : « C’est ainsi qu’ensemble, les quatre évêques consacrés il y a vingt ans, nous avons salué l’acte à la fois paternel et courageux de Benoît XVI… » (Lettre de Mgr Fellay aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, 31 janvier 2009)

            « Grâce à ce geste, les catholiques du monde entier attachés à la Tradition ne seront plus injustement stigmatisés et condamnés pour avoir maintenu la foi de leurs pères. La Tradition catholique n’est plus excommuniée. » (Lettre de Mgr Fellay aux fidèles, 24 janvier 2009)

            On observera, en outre, qu’il parle de la Tradition comme d’une chose qui relève uniquement du sentiment ou de la sensibilité (ainsi que le cardinal Castrillón en a lui-même parlé en maintes occasions), et non comme d’une chose qui concerne la Foi et la Doctrine.

            « Pour que soit ôtée l’étiquette infamante qu’on nous avait collée sur le dos, il fallait un acte fort et courageux de la part du Pape… » (Lettre de Mgr Fellay aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, 31 janvier 2009)

            « … elles [les excommunications] étaient pour le moins un obstacle à notre apostolat. C’est pourquoi nous ne voulions pas perdre l’occasion de laver cette injustice, véritable insulte à notre combat comme à notre honneur. » (Lettre de Mgr Fellay aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, 31 janvier 2009)

            Alors que pour Mgr Lefebvre, les excommunications, loin d’être un stigmate infamant, un déshonneur et un obstacle à l’apostolat, étaient au contraire un certificat d’orthodoxie, de non-collaboration avec l’erreur des modernistes et de non-contamination par cette dernière.

            « Tout ces esprits qui sont des modernistes sont excommuniés par saint Pie V. Ces gens imbus des principes modernistes, ce sont eux qui nous excommunient, eux-mêmes qui sont excommuniés par le pape saint Pie V. Et pourquoi nous excommunient-ils ? Parce que nous voulons rester catholiques, parce que nous ne voulons pas les suivre dans cet esprit de démolition de l’Église. « Étant donné que vous ne voulez pas être avec nous pour contribuer à la démolition de l’Église, nous vous excommunions ». Très bien : merci. Nous préférons être excommuniés. Nous ne voulons pas participer à cette œuvre désastreuse qui se réalise depuis vingt ans au sein de l’Église. » (Sermon prononcé par Mgr Lefebvre le 10 juillet 1988, au cours de la messe solennelle chantée par l’abbé Bernard Lorber dans l’école L’Étoile du Matin, Fideliter n° 65, septembre-octobre 1988)

            Nous n’avons jamais voulu appartenir à ce système qui s’appelle lui-même église Conciliaire […] nous n’avons rien à voir avec le panthéon des religions d’Assise, notre excommunication même par un décret de votre Éminence n’en serait que la preuve irréfutable.  Nous ne demandons pas mieux que d’être déclarés « excommuniés » de l’esprit adultère qui souffle dans l’Église depuis vingt-cinq ans : d’être exclus de la communion impie avec les infidèles. » (Fideliter n° 64, p. 11 et 12)

            Comment Mgr Fellay ose-t-il prendre aujourd’hui le contre-pied d’une affirmation aussi frappante ? Nous sommes en présence de deux langages différents, de deux modes de pensée distincts et opposés ; cela est devenu perceptible par tous depuis le Jubilé de l’an 2000, où s’est amorcé un virage lent, mais net ayant culminé avec la formulation des deux conditions préalables à l’entrée dans un dialogue boîteux, dont le but est de diluer subrepticement toute résistance ferme et héroïque à l’Abomination installée avec la Rome apostate.

            Il a été passé un accord (secret), ce que Mgr Fellay reconnaît en affirmant : « Quant à l'excommunication, elle serait levée au moment de l'accord. » (Lettres de Mgr Fellay aux amis et bienfaiteurs, 23 octobre 2008). Plusieurs années auparavant, il écrivait la même chose : « Le cardinal Castrillón nous a communiqué […] Quant à la levée de l'excommunication, elle nous est promise lors de l'accord. » (Lettres de Mgr Fellay aux amis et bienfaiteurs n° 62 du 7 juin 2002). Si l’excommunication a été levée, c’est en raison de l’existence de cet accord, et il est de fait que les excommunications en question furent levées et rapportées par le décret de Rome du 21 janvier 2009. Ainsi se trouvait remplie la seconde condition. Ce sont là des faits, et contre les faits, il n’est point d’arguments. Or, Mgr Fellay se félicite et se réjouit aujourd’hui en écrivant : « Nous exprimons notre gratitude filiale au Saint Père pour cet acte […] Outre notre reconnaissance envers le Saint Père, et envers tous ceux qui l’ont aidé à poser cet acte courageux, nous sommes heureux… » (Communiqué du Supérieur de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X du 24 janvier 2009)

            Les conditions préalables avaient été suggérées par Rome elle-même, comme Monseigneur Fellay l’a du reste laissé entrevoir dans sa réponse au journaliste qui l’interviewait : « Espériez-vous, Monseigneur, cette levée des excommunications ? » – « Je l’espérais depuis 2005, après la première lettre demandant la levée des excommunications, que j’avais envoyée suivant le conseil de Rome elle-même. Or, il va de soi que Rome n’avait pas demandé cette lettre pour se refuser ensuite à lever les excommunications. » (Interview accordée par Mgr Fellay au magazine Monde et Vie n° 806, P. 17, du 31 janvier 2009). Après de longues discussions, le cardinal Castrillón lui déclara : « Je constate que tout ce que vous exposez ne vous met pas en dehors de l’Église et que vous êtes donc dans l’Église », et il poursuivit en ces termes : « Je vous demande d’écrire au Pape pour lui demander de lever les excommunications. » (Sermon prononcé par Mgr Fellay à Flavigny le 2 février 2006). Tout cela ressort également d’un autre texte : « Nous n’avons reçu aucune nouvelle depuis le 15 novembre, date à laquelle on nous a demandé d’écrire une lettre pour demander la levée de ces excommunications. » (Sermon prononcé par Mgr Fellay à Saint-Nicolas-du-Chardonnet le 14 mai 2006)

            Il apparaît donc à l’évidence que l’on a agi de la sorte sous l’inspiration des conseils de Rome, et de la Rome apostate, ainsi que Mgr Lefebvre – ne l’oublions pas – la qualifia après s’y être entretenu avec celui qui était alors le cardinal Ratzinger et qui est aujourd’hui Benoît XVI : « Ce qui vous intéresse tous, c’est de connaître mes impressions après l’entrevue avec le cardinal Ratzinger du 14 juillet dernier. Malheureusement, je dois dire que Rome a perdu la foi, Rome est dans l'apostasie. Ce ne sont pas des paroles en l'air que je vous dis. C'est la vérité : Rome est dans l'apostasie. » (Conférence donnée au cours de la retraite sacerdotale d’Écône, le 4 septembre 1987). Cela nous rappelle ce que Notre-Dame avait déclaré à La Salette : « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist ».

            Mgr Lefebvre a déclaré aussi qu’on était en présence de bandits ou de coquins : « En arrivant à Rome, on ne trouve plus d’hommes, on ne voit plus de courage. Ce qui se passe, c’est qu’on a affaire là-bas à des bandits. Pour peser sur eux, il faut s’opposer avec détermination ; alors ils vous respectent. » (Interview avec Mgr Lefebvre publiée par la revue Le Choc du Mois n° 10 de septembre 1988)

            Mgr Lefebvre a même qualifié d’antichrists ceux qui occupent Rome : « La chaire de Pierre et les postes d’autorité de Rome étant occupés par des antichrists, la destruction du Règne de Notre Seigneur se poursuit rapidement à l’intérieur même de son Corps mystique ici-bas… » Lettre aux futurs évêques du 28 août 1987, avant les consécrations de 1988)

            D’un côté, Mgr Fellay reconnaît le caractère apocalyptique de l’heure présente, mais de l’autre, il en montre une méconnaissance olympienne de par ses actes, dans la mesure où il prétend renverser une crise qui en est à sa phase ultime. Cela trahit, de sa part, une ignorance de toute la Révolution antichrétienne qui a invalidé l’Église elle-même ; en fait, il réfute ainsi l’aspect apocalyptique de la crise actuelle. Voici le texte : « Car nous vivons des temps très spéciaux. Si vous voulez, nous pouvons risquer ce mot : nous vivons des temps apocalyptiques, non pas pour nous complaire dans le fantastique, mais tout simplement parce que ce que nous vivons correspond à ce qui est décrit dans ce livre de l’Écriture Sainte qu’est l’Apocalypse. » (Sermon prononcé par Mgr Fellay à Saint-Malo le 15 août 2008). Toutefois, il  ne se hasarde pas à pas affirmer aujourd’hui ce que Mgr Lefebvre clamait dans le désert : « Rome est dans l’apostasie », puisqu’il affirme au contraire : « Nous n’osons pas dire aujourd’hui : “Rome a perdu la foi” » (Ibid.). Alors que Mgr Lefebvre, comme s’il n’en avait pas encore assez dit, martelait pour sa part : « Rome est dans les ténèbres. Rome ne veut plus actuellement entendre la voix de la vérité […] L’apostasie annoncée par les Écritures arrive. La venue de l’Antéchrist approche. C’est d’une évidence flagrante. » (Homélie prononcée à Écône le 29 juin 1987, Fideliter n° 58, juillet-août 1987)

            Avec une suprême ingénuité (c’est le moins qu’on puisse dire), Mgr Fellay s’exclame devant le Motu Proprio : « Et cela est pour nous la cause d'une très grande joie, car nous y voyons avec un grand espoir un renouveau pour tout le Corps mystique. » (Lettre aux amis et bienfaiteurs du 23 octobre 2008). Car selon lui, aurait été ainsi « levé l’opprobre qui pesait, au-delà même des personnes, sur toute la Tradition » (lettre du 31 janvier 2009 aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X), et cela aurait été obtenu « sans aucune contrepartie » (Ibid.). Or, qu’on le veuille ou non, la contrepartie va implicitement de soi. Elle consiste à reconnaître, avec le Motu Proprio, que la nouvelle messe bâtarde est légitime, qu’elle est donc l’expression légitime du Culte romain et – comme si cela ne suffisait pas – qu’elle représente la norme, la règle, la conduite ordinaire, tandis que la Messe de toujours reste reléguée au plan extraordinaire (exceptionnel, sporadique, inhabituel, occasionnel). Ainsi se trouve légitimée (baptisée) toute la réforme liturgique moderniste en son point névralgique, comme Mgr Fellay le laisse entendre lorsqu’il déclare : « nous avons demandé bien sûr le retrait du décret d'excommunication, son annulation ; mais même dire "annuler" veut déjà dire que l'on reconnaîtrait quelque chose. » (Sermon prononcé à Flavigny le 2 février 2006).

            Au sujet des pseudo-conversations par étapes, qui désarment d’avance toute résistance ferme et efficace, il faut tenir compte de ce que Benoît XVI affirme clairement, afin de ne laisser subsister aucun doute à cet égard : « Il devient clair ainsi que les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du Concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des Papes. » ; plus avant, il déclare encore : « On ne peut geler l’autorité magistérielle de l’Église à l’année 1962 – ceci doit être bien clair pour la Fraternité. » (Lettre du 10 mars 2009 de Sa Sainteté Benoît XVI aux Évêques de l’Église Catholique au sujet de la levée de l’excommunication des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre). Ce à quoi Mgr Fellay répond dans les mêmes termes ou presque : « Après le récent “déchaînement d’un flot de protestations”, nous remercions vivement le Saint Père d’avoir replacé le débat à la hauteur où il doit se tenir, celle de la foi […] Loin de vouloir arrêter la Tradition en 1962, nous souhaitons considérer le Concile Vatican II et l’enseignement post-conciliaire à la lumière de cette Tradition que saint Vincent de Lérins a définie… » (Communiqué du Supérieur général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X du 12 mars 2009). Mais il ne lui sert manifestement à rien de s’abriter derrière saint Vincent de Lérins s’il admet, depuis un certain temps déjà, que « nous gardons 95% » de Vatican II (Interview de Mgr Fellay publiée par la Fraternité dans « DICI » n° 8 du 18 mai 2001, puis – au grand jour – dans le journal suisse valaisan La Liberté). C’est pourquoi, à la question d’un journaliste qui lui demandait « Et si le Pape vous appelle ? », il a pu répondre sans aucun inconvénient : « Si le pape m'appelle, je vais, ou plutôt, je cours ». (Trenta Giorni n° 9, 2000)

             Rien ne doit donc nous surprendre de ce que nous voyons, car la cuisine visant à réintégrer peu à peu la Fraternité Saint-Pie X dans la Rome antichrist et apostate se fait entièrement à feu doux. C’est pourquoi le cardinal Castrillón a pu affirmer imperturbablement : « Benoît XVI n’a pas suivi et ne suivra en aucun cas un chemin différent de celui indiqué par le Concile. »  Mais après ce coup de grâce, il ajoute : « Avec ce Motu Proprio, la porte est largement ouverte pour un retour de la Fraternité Saint-Pie X à la communion complète. Si, après un tel acte, ledit retour n’avait pas lieu, je ne comprendrais vraiment pas. » (Précisions du cardinal Castrillón au sujet du Summorum Pontificum, publiées par Radio Cristiandad le 9 juillet 2007).

            Ainsi que Mgr Lefebvre nous en avertissait au sujet de celui qui n’était alors que le cardinal Ratzinger : « Nous n’avons pas la même manière de concevoir la réconciliation : le cardinal Ratzinger la voit dans le sens de nous réduire, de nous amener à Vatican II. Nous, nous la voyons comme un retour de Rome à la Tradition. […]  Ce n’est pas rien, ce qui nous oppose. Il ne suffit pas qu’on nous dise : “Vous pouvez dire l’ancienne messe, mais il faut accepter cela [Le Concile]”. Non, ce n’est pas cela [la Messe] qui nous oppose, ce qui nous oppose, c’est la doctrine. C’est clair. »  (Fideliter n° 66, septembre-octobre 1988, p. 12 à 14)

            Avec quel toupet on nous parle aujourd’hui de dialogue, alors que Mgr Lefebvre a dit très clairement : « Étant donné qu’ils n’ont pas accepté de réformer le Concile au vu des doctrines des Papes qui les avaient précédés, il n’y a pas de dialogue possible. » (Fideliter n° 66, p. 12 à 14, septembre-octobre 1988). L’étape du dialogue entamé après la levée des excommunications n'est rien d’autre que le dialogue entre la candide Ève et le serpent diabolique.

Abbé Méramo

Bogota, 25 février 2010

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